À l’heure du déploiement de la 5G et l’introduction prochaine de la e-SIM en Algérie, un (très) vieux dossier reste irrémédiablement enfoui dans les archives du ministère des Postes et Télécommunications : la portabilité des numéros.
Ainsi, ce « chantier » technologique, lequel a été entamé en Algérie en… 2017, n’a toujours pas vu le jour. Pourtant, cette technologie laquelle permet de changer d’opérateur mobile, tout en gardant son numéro, est loin d’être nouvelle, puisqu’elle date… 15 ans déjà. Autant dire une antiquité.
Un « bientôt » qui s’éternise !
En effet, cette technologie devait être lancée « bientôt » en Algérie. Un « bientôt » annoncé en décembre 2024, par l’actuel président de l’Autorité de régulation de la poste et des communications électroniques (ARPCE), M. Mohamed El Hadi Hannachi. Ce dernier, qui intervenait sur les ondes de la radio nationale, avait affirmé le 4 décembre 2024 que « toutes les étapes ont été franchies et les opérateurs se sont constitués en groupements et la plateforme a été mise en place afin d’appliquer cette opération », avait-il soutenu.
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M. Hannachi, poussera la précision, jusqu’à dire qu’à l’époque, il ne restait que « quelques détails » à finaliser et que le lancement effectif de la portabilité des numéros interviendrait dans « quelques mois ». Onze mois se sont écoulés depuis ces déclarations et la portabilité des numéros en Algérie est inexistante.
Le « gendarme » des télécommunications en Algérie (ARPCE) et son ancêtre l’Autorité de régulation des postes et des télécommunications (ARPT), avait, en 2016 déjà, « pressé » les trois opérateurs mobiles activant en Algérie, afin qu’ils se mettent « à niveau » sur le plan du cahier des charges imposé à l’époque. Or, les trois opérateurs, ont pour ainsi dire fait «la sourde oreille » et le laxisme avéré du « gendarme » des télécommunications en Algérie, n’avait nullement aidé pour débloquer la situation.
Les opérateurs mobiles « imposent » leur diktat
Autre point qu’il faudrait souligner, les trois opérateurs mobiles activant en Algérie (Mobilis, Djezzy et Ooredoo), ne sont pas vraiment « chaud » pour la mise en place de cette technologie.
Ainsi, il faudrait savoir que la portabilité des numéros est encadrée par un décret exécutif publié en juin 2021 dans le Journal officiel. Toutefois et selon nos informations, les opérateurs mobiles en Algérie, avaient tout fait pour « ralentir » le processus de lancement de cette technologie.
Pourquoi ? Eh bien, dans le « petit monde » des opérateurs mobile, il y’a une certaine « entente » tacite entre les opérateurs. Cette pratique, n’est pas du tout propre à l’Algérie, mais à la plupart des opérateurs de la téléphonie mobile à travers le monde, lesquels font croire à une certaine concurrence, alors que les “dés sont pipés” en amont.
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En Algérie et de l’aveu même du président de l’ARPCE, “il faudra 18 mois pour un opérateur pour qu’il puisse récupérer un client perdu”. C’est dire que le manque à gagner sera important pour les opérateurs qui devront redoubler d’ingéniosité et d’offres, pour d’une part, tenter de “ chiper” des clients et de l’autre, tenter de ne pas en perdre.
C’est dire que l’introduction de la portabilité des numéros, va donner un sérieux “coup de boost” à un marché en perte de compétitivité et de concurrence entre les opérateurs, et ce, depuis plusieurs années déjà.
Zerrouki peut-il débloquer le projet ?
Face à cette réticence, voire résistance des opérateurs mobiles, le ministre des Postes et Télécommunications, M. Sidali Zerrouki, pourrait éventuellement « faire plier » les trois opérateurs mobiles. Ces derniers, qui ont été à plusieurs reprises « épinglés » par M. Zerrouki et son prédécesseur, M. Karim Bibi Triki, à cause de leur qualité de service assez discutable, ne pourraient résister bien longtemps.
À ce propos, M. Sidali Zerrouki, a récemment « invité » les opérateurs mobiles mettre en place une « coordination étroite » entre eux et l’Autorité de régulation des postes et télécommunications, et ce, de garantir la disponibilité de l’infrastructure nécessaire et l’harmonisation des normes techniques. C’est justement cette « harmonie » qui fait actuellement défaut.
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Et pour cause, en cas d’introduction de la portabilité des numéros en Algérie, les appels vers les numéros portables seront gérés à partir d’une base de données centrale regroupant tous les numéros concernés. Les opérateurs doivent garantir à leurs clients la possibilité de conserver leur numéro tout en offrant les mêmes services aux numéros portables et non portables.
Cette technologie, si toutefois elle serait mise en place, est appelée à transformer le marché de la téléphonie mobile en Algérie, offrant aux utilisateurs plus de liberté et favorisant une concurrence accrue entre les opérateurs.
