La vague de chaleur qui touche actuellement l’hémisphère Nord du globe, affecte également les océans et les mers, notamment la Méditerranée, où la température de l’eau atteint parfois 30 degrés.
Ce phénomène de canicule marine entraîne des conséquences dramatiques sur la faune et la flore sous-marines particulièrement vulnérables et qui abritent plus d’un tiers de la vie marine à savoir les herbiers marins, les récifs coralliens et les forêts de laminaires.
Le «blob» a fait des ravages !
En effet, depuis le mois dernier, l’Atlantique Nord enregistre des températures de surface anormalement élevées, notamment autour de l’Irlande et du Royaume-Uni, où certains endroits affichent des valeurs jusqu’à 5 °C au-dessus de la moyenne observée entre 1971 et 2000.
D’ailleurs la vague de chaleur océanique appelée « blob » a duré plus de trois ans au large de l’Alaska, avec des températures anormalement élevées atteignant jusqu’à 1000 mètres de profondeur. Bien que les températures de surface soient revenues à la normale, le réchauffement des eaux en profondeur a persisté jusqu’en 2017.
Robert Schlegel, ingénieur de recherche à la Sorbonne, souligne que chaque cas de figure est unique, mais une tendance claire se dégage : le réchauffement climatique rend les vagues de chaleur océaniques plus fréquentes, plus longues et plus intenses.
Une « surchauffe » qui tend à être chronique
De son côté, la Méditerranée traverse actuellement une période critique en raison d’une vague de chaleur marine sans précédent, avec des températures de l’eau atteignant jusqu’à 30 degrés.
Ce phénomène, qualifié de canicule marine, survient lorsque la température de surface de la mer dépasse la moyenne pendant plus de cinq jours consécutifs. Cet été, les températures en Méditerranée ont atteint des niveaux alarmants, enregistrant des records pour la deuxième année consécutive, notamment avec 30 degrés relevés entre Nice et Cagnes-sur-Mer en France.
Selon David Diaz, chercheur à l’Institut Espagnol d’Océanographie, les conséquences de cette chaleur extrême sont dévastatrices pour l’écosystème marin.
Une «tropicalisation» s’installe…
Les gorgones rouges, des coraux emblématiques de la région vivant entre 10 et 30 mètres de profondeur, ont vu leur population chuter de 80 à 90 % dans certaines zones, victimes de ce véritable « incendie sous-marin ».
Ces espèces sessiles, incapables de se déplacer, sont particulièrement vulnérables, et leur disparition entraîne un déséquilibre majeur dans l’écosystème. La Méditerranée subit également une « tropicalisation », un phénomène où des espèces lessepsiennes tropicales, venant notamment de la mer Rouge à travers le canal de Suez envahissent ses eaux.
Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la Mer en France, souligne que cette invasion de nouvelles espèces, comme le poisson-lapin, menace la biodiversité locale créant des dysfonctionnements des chaînes alimentaires. Ce prédateur détruit des plantes aquatiques essentielles, comme la posidonie et les saupes qui jouent un rôle crucial dans l’équilibre de l’écosystème marin.
Un «carnage» sous-marine en cours !
Selon Jean-Pierre Gattuso, biologiste marin et océanographe, la température de la Méditerranée est actuellement de 2,5 à 4 degrés supérieure aux normales saisonnières, un signe alarmant du réchauffement climatique. Cette canicule marine, en plus de ses effets destructeurs sur la faune et la flore, influence également les conditions météorologiques sur terre, augmentant les risques de tempêtes et de phénomènes météorologiques extrêmes.
Face à cette situation les scientifiques sont unanimes que ces épisodes de chaleur extrême, de plus en plus fréquents et intenses, constituent une menace majeure pour la Méditerranée, qui est aujourd’hui en première ligne des impacts du changement climatique.
C.K