Alors que la planète fait face à une urgence environnementale, l’Algérie peine encore à valoriser efficacement ses déchets. Moins de 10 % des ordures produites chaque année sont recyclées.
C’est le constat dressé par Fatima-Zohra Barsa, directrice générale de l’Agence nationale des déchets (AND), lors d’une intervention à la radio nationale ce mercredi.
Un recyclage déséquilibré
Un chiffre alarmant, surtout lorsqu’on sait que près de 30 % des déchets générés dans le pays sont des matériaux secs, non dangereux, parfaitement recyclables. Ferraille, plastique, verre… Ces ressources, loin d’être des rebuts, sont en réalité une manne encore sous-exploitée.
« Les matériaux ferreux sont les plus recyclés grâce aux centres de tri et d’enfouissement », a précisé Mme Barsa. Le plastique suit, bénéficiant d’un intérêt croissant porté par de nombreux acteurs privés présents sur le terrain depuis des années. En revanche, le verre reste le grand oublié du secteur. « À peine trois investisseurs se sont engagés dans la filière de recyclage du verre », a-t-elle regretté, appelant ainsi les jeunes diplômés et porteurs de projets à se tourner vers cette activité porteuse et à fort potentiel.
Une stratégie nationale en mutation
Le constat est clair : l’Algérie accuse un sérieux retard dans la gestion de ses déchets, notamment ménagers, dont 60 % sont d’origine organique. Or, ces derniers ne sont aujourd’hui quasiment pas valorisés. Un paradoxe, alors même que ces biodéchets pourraient servir à produire du compost ou de l’énergie.
Face à cette réalité, le ministère de l’Environnement et de la Qualité de vie a initié une nouvelle stratégie visant à combler ce retard. Plusieurs unités de compostage ont déjà vu le jour dans les wilayas de Mascara, Mostaganem et Sidi Bel Abbès. D’autres sont en cours de réalisation à Médéa et El Oued, témoignant d’un frémissement vers une prise en charge plus durable des déchets organiques.
Un enjeu écologique et économique
Au-delà des considérations environnementales, la question de la valorisation des déchets est aussi un enjeu économique majeur. En développant ces filières, l’Algérie pourrait non seulement réduire la pression sur ses sites d’enfouissement, mais aussi créer des milliers d’emplois verts et dynamiser l’économie circulaire.
Pour cela, un changement de paradigme s’impose. La sensibilisation du grand public, la mobilisation des jeunes entrepreneurs et un cadre réglementaire incitatif sont les clés d’une transition réussie vers une gestion moderne et durable des déchets.