Par Djamel. K
Quatorze longues années que les supporters du Mouloudia d’Alger (MCA) attendaient ce titre de champion d’Algérie. Et le moins que l’on puisse dire est que la joie était à la hauteur de l’attente.
Les fiefs du MCA, notamment les quartiers de Beb El-Oued et la Casbah, ont littéralement explosé de joie au coup de sifflet final de la rencontre entre le MCA et le « frère ennemi » de l’USMA.
Toute la nuit de vendredi, jusqu’à au petit matin de ce samedi 18 mai, les supporters se sont donnés à cœur joie. Reportage au cœur de la fièvre Mouloudéenne.
Un titre au goût particulier
« Ce qui m’a le plus fait plaisir, c’est surtout d’avoir assuré notre titre de Champion d’Algérie sur le dos de notre aimable voisin, l’USMA d’Alger. Vous ne pouvez pas imaginer le goût particulier de cette victoire. C’est un deux en un, arracher le titre et battre notre frère ennemi, c’est le pur bonheur », nous déclare Azziouez, un sexagénaire véritable chauvin du Mouloudia, croisé aux abords du jardin Abderrahmane Taleb, face à l’esplanade El Kettani.
Puis avec un joli sourire, il ajoute « le Peuple du Mouloudia d’Alger est au comble du bonheur et ce bonheur sera encore plus grand quand nous obtiendrons le doublé, Coupe / Championnat. » Il faisait bien sûr allusion à l’explosive finale de la coupe d’Algérie qui va opposer le Mouloudia d’Alger au Chabab de Belouizdad et dont tout le monde attend impatiemment la date de son déroulement.
La « déferlante » rouge et vert s’abat sur les rues d’Alger
Il fallait voir ces immenses cortèges qui convergent de toutes parts vers la mythique placette des Trois Horloges, véritable cœur battant du quartier populeux et populaire de Bab El Oued, fief historique du Mouloudia d’Alger.
Des colonnes de supporters, harnachés de tout ce qui représentent les couleurs du Mouloudia, maillots , bobs, casquettes, écharpes et drapeaux dont certains étaient aux effigies des Martyrs Ali la Pointe et Abderrahmane Taleb et des défunts artistes Châabis El Hadj M’hamed El Anka et Amar Ezzahi , parmi lesquels certains d’entre eux étaient « armés » de feux d’artifices et de fumigènes , arrivés à pied du stade du 5 juillet , dévalant toute la longue route de Chevalley en entonnant les célèbres chansons à la gloire du Doyen des clubs Algériens avant de faire halte au pied de la célèbre placette des Trois Horloges.
Des centaines de familles, accompagnés de leurs enfants habillés aux couleurs vert et rouge et agitant des drapeaux du Mouloudia étaient déjà à leur attente. Ils arrivaient en masse du Faisan d’Or, de la rue Montaigne, de la rue Mizon, de la rue Léon Roche, de la rue Livingstone, de la rue Rochambeau, de partout ils déboulaient.
Des balcons alentour fusent des youyous stridents ajoutés à l’effervescence de cette soirée particulière pour le Peuple du Mouloudia d’Alger.
Tout le long du boulevard Abderrahmane Mira qui longe la belle plage de Padovani et Rocher Carré jusqu’à l’esplanade d’El Kettani vers Frantz Fanon, des centaines de voitures défilaient en cortèges avec klaxons à fond la caisse et drapeaux aux couleurs du Mouloudia agités aux quatre portières.
Rendez-vous pour le doublé…
Mais la grande surprise qui a provoqué un immense tonnerre d’applaudissements, a eu lieu vers minuit, lorsque quatre joueurs du Mouloudia d’Alger, qui ont participé au match du jour, ont fait irruption sur un balcon d’un immeuble qui donne sur la placette des Trois Horloges. Côte à côte sur le balcon, vêtus du maillot du Mouloudia, Belamri, Benkhemassa, Mouali et le capitaine d’équipe Abdellaoui ont longuement salué les milliers de supporters en reprenant avec eux les cansons phares de l’équipe.
Quelle belle osmose populaire dont seul le peuple du Mouloudia en a le secret. Ce n’est qu’au petit matin, qu’enfin fatigués par cette joie intense qui a explosé du fond de centaines de milliers de poitrines, que petit à petit Bab El Oued a retrouvé son calme. Mais selon mon ami Farid, enfant de la Casbah véritable « Oulid Leblad », ancien navigateur, qui ne se sépare jamais de son Bleu Shanghai, « ce n’est qu’un au revoir, si Dieu le veut, incha Allah et si Dieu nous prête vie, dans pas longtemps on se retrouvera ici pour fêter le doublé avec la coupe d’Algérie qui, je le sens, nous tend les mains.», espère-il.
D.K