Selon plusieurs médias britanniques, l’édulcorant artificiel aspartame devrait être officiellement classé dans les jours qui viennent comme «potentiellement cancérigène» par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
En effet, la chaîne britannique BBC a annoncé samedi 1er juillet que l’annonce devrait être faite par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), organisme de recherche de l’OMS, le 14 juillet prochain. Lancée en 2009, l’étude a suivi jusqu’en 2021 un panel de plus de 100 000 personnes (dont 78 % de femmes), d’une moyenne d’âge de 42 ans. Charlotte Debras et Mathilde Touvier, deux chercheuses en épidémiologie nutritionnelle à l’Inserm, ont co-signé en mars 2022 une étude inédite comparant les risques encourus par les gros consommateurs d’édulcorant. «Ceux qui se trouvent au-delà de la moyenne de consommation, 17,44 mg /journée pour les hommes et 19 mg /jour pour les femmes, ont un risque accru de cancer de 13 % comparé aux non consommateurs», résumait alors dans Libération Mathilde Touvier mais il existe de nombreuses différences de santé et de mode de vie entre les deux groupes. L’aspartame est l’un des édulcorants les plus répandus au monde figurant sur la liste des ingrédients de milliers d’aliments notamment les chewing-gum et boissons labellisés «diététiques» ou «sans sucre/light», sensè reproduire le goût du sucre sans les calories alors qu’il est 200 fois plus sucré. Le CIRC l’organe de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a examiné quelque 1 300 études sur l’aspartame et le cancer et a établie une classification. L’annonce de cette classification imminente, confirmant une information partielle de l’agence de presse Reuters publiée vendredi, s’est déjà attiré les foudres de nombreux groupe de l’industrie agroalimentaire et de leurs équipes de recherche. Les boissons les plus connues contenant de l’aspartame sont le Coca Light, le Coca Zéro, le Pepsi Max et le 7 Up Free. Les ventes de ces produits pourraient chuter fortement à l’annonce officielle, même si des précédents démontrent que la baisse peut être simplement temporaire, les ventes remontant une fois l’effet d’annonce passé.
Que signifie réellement cette classification ?
- Groupe 1 – Cancérogène pour l’homme ;
- Groupe 2A – Probablement cancérogène pour l’homme ;
- Groupe 2B – Peut-être cancérogène pour l’homme ;
- Groupe 3 – Non classifiable.
Le premier groupe comprend la viande rouge transformée à l’amiante, des rapports l’ont même assimilée au tabagisme et le CIRC a toutes les preuves convaincantes sur le fait qu’elles causent le cancer
En revanche, donner à 100 personnes 50 g de bacon en plus de ce qu’elles mangent déjà chaque jour pour le reste de leur vie conduirait à un cas de cancer de l’intestin.
Le groupe couvre également une série de produits tels que le diesel, le talc, le nickel, l’aloe vera pouvant causer le cancer en s’appuyant sur des bases pas très solides.
Le travail de nuit et la consommation de viande rouge font partie de la catégorie « probable », ce qui signifie qu’il existe des preuves limitées que ces substances ou situations peuvent provoquer un cancer chez l’homme et soit des preuves plus convaincantes qu’elles provoquent un cancer chez l’animal, soit des preuves solides qu’elles présentent des caractéristiques similaires à celles d’autres substances cancérogènes pour l’homme.
Les « champs électromagnétiques de radiofréquence » associés à l’utilisation des téléphones portables sont « peut-être cancérigènes ». Comme pour l’aspartame, cela signifie qu’il existe soit des preuves limitées qu’ils peuvent causer le cancer chez l’homme, soit des preuves suffisantes chez l’animal, soit des preuves solides de leurs caractéristiques.
Le dernier groupe – « non classable » – signifie qu’il n’y a pas suffisamment de preuves.
Les classifications du CIRC ont semé la confusion dans le passé et ont été critiquées pour avoir créé des inquiétudes inutiles malgrè que Leurs décisions peuvent avoir un impact considérable. En 2015, le comité a conclu que le glyphosate était « probablement cancérogène. En 2021, la société allemande Bayer a perdu son troisième appel contre des verdicts de tribunaux américains qui avaient accordé des dommages et intérêts à des clients qui attribuaient leur cancer à l’utilisation de ses désherbants à base de glyphosate.
Il n’existe pas de chiffres precis pour l’aspartame. Toutefois, le comité mixte d’experts sur les additifs alimentaires de l’OMS et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (JECFA) doit rendre un rapport en juillet.
Sa position depuis 1981 affirmant que l’aspartame peut être consommé en toute sécurité dans les limites quotidiennes admise (40mg/kg) Par exemple, un adulte pesant 60 kg devrait boire entre 12 et 36 canettes de soda diététique – selon la quantité d’aspartame contenue dans la boisson – chaque jour pour courir un risque. Ce point de vue a été partagé par les autorités nationales de réglementation, notamment aux États-Unis et en Europe. Une nouvelle étude menée sur une décennie et publiée dans le British Medical Journal suggère que les édulcorants artificiels tels que l’aspartame et le sucralose pourraient nous exposer à un risque accru de maladies cardiovasculaires, d’obésité et au diabète de type 2 Cette étude s’ajoute à de nombreuses autres dont les conclusions sont également défavorables. Leslie Beck, diététicienne et chroniqueuse, analyse les risques des substituts du sucre.
Les réactions
Kate Loatman, directrice exécutive du Conseil international des associations de boissons, a déclaré que les autorités de santé publique devraient être « profondément préoccupées » par cette « fuite d’opinion » et a également averti qu’elle « pourrait inutilement inciter les consommateurs à consommer plus de sucre au lieu de choisir des options sûres sans sucre ou à faible teneur en sucre ». Rick Mumford, conseiller scientifique en chef adjoint de l’Agence britannique des normes alimentaires (FSA), a déclaré que l’organisme « étudiera les rapports de près », mais que l’avis de l’agence est que « la sécurité de cet édulcorant a été évaluée par plusieurs comités scientifiques ». « Il est considéré comme sûr aux niveaux d’utilisation autorisés actuels », ajoute-t-il.
Au début des années 2000, une étude menée par l’Institut Ramazzini en Italie a établi un lien entre l’édulcorant et le cancer lors d’expériences sur des souris et des rats, mais les résultats ont été critiqués et d’autres études sur des animaux n’ont révélé aucun risque. Frances Hunt-Wood, de l’Association internationale des édulcorants, a déclaré : « L’aspartame est l’un des ingrédients les plus étudiés de l’histoire, avec plus de 90 agences de sécurité alimentaire dans le monde qui le déclarent sans danger. » Certaines personnes ne peuvent pas consommer d’aspartame en toute sécurité. Il s’agit des personnes atteintes d’une maladie héréditaire appelée phénylcétonurie (PCU) incapables de métaboliser un composant de l’aspartame. « Le CIRC n’est pas un organisme de sécurité alimentaire, et son examen de l’aspartame n’est pas scientifiquement complet et repose largement sur des recherches largement discréditées », a également déclaré Frances Hunt-Wood. Cet organisme, qui compte parmi ses membres Mars Wrigley, une unité de Coca-Cola et Cargill, s’est déclaré « très préoccupé par l’étude du CIRC, qui risque d’induire les consommateurs en erreur ».
C.K