Dans un contexte sanitaire marqué par la résurgence de la diphtérie en Algérie, notamment dans la wilaya de Skikda, où elle fait déjà fait des victimes, le Front des forces socialistes (FFS), organise ce samedi 18 octobre 2025, une Conférence nationale sur la santé publique en Algérie.
Ainsi, cette initiative organisée au niveau du siège national du FFS à El Mouradia à Alger, a vu la participation de plusieurs spécialistes, dont Abdelhamid Abderkane, ancien ministre de la Santé et ex-président du Conseil exécutif de l’OMS, ainsi le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP).
Un « modèle de société » à parfaire
En effet et pour le Premier secrétaire du FFS, M. Youcef Aouchiche, la santé publique en Algérie n’est pas une question marginale ou sectorielle : elle est le reflet d’un « modèle de société », et l’expression la plus sensible et la plus directe du rapport entre l’État et le citoyen. « Cette journée placée sous le thème -pour une santé publique digne et équitable : repenser le système national de santé-, traduit notre volonté profonde de contribuer de manière constructive au changement, en initiant des débats de fond sur les enjeux majeurs de notre société et en formulant des propositions concrètes », soulignera d’emblée M. Aouchiche.
Pour ce dernier, la formation politique qu’il dirige s’oppose à l’aspect binaire de la question de la santé publique en Algérie, à savoir : une posture intellectuelle et politique qui repousse aussi bien les discours alarmistes du désespoir que les narratifs complaisants du statu quo et de l’autosatisfaction.« Nous sommes convaincus que seul un dialogue lucide et exigeant peut éclairer les chemins de la réforme et du changement », notera l’intervenant.
Un secteur valétudinaire !
Ensuite, M. Aouchiche dressera un tableau mitigé de la santé publique en Algérie, en soutenant qu’en dépit des réformes entreprises depuis l’indépendance, ce secteur reste valétudinaire et chancelant. « Il souffre de graves incohérences en matière de gouvernance, de management et d’évaluation de la performance », a-t-il mis en exergue.
Selon l’orateur, que les dépenses de santé aient connu une hausse significative à travers les années, elles n’ont pas permis d’enrayer la dégradation continue des services, des infrastructures et de la qualité des soins. « Nos hôpitaux et nos infrastructures sanitaires sont en souffrance (…) le diagnostic est implacable : le vécu quotidien de nos concitoyens, les souffrances silencieuses dans les couloirs des hôpitaux, l’impuissance des personnels médicaux, la marchandisation galopante des soins… Les inégalités territoriales en termes de couverture sanitaire ne font qu’aggraver cette situation où les familles peinent à faire face à des coûts médicaux exorbitants, alors même que la Constitution garantit la gratuité de l’accès aux soins », dressera M. Aouchiche.
Une « profonde réforme » suggérée
Dans le même sillage, le Premier secrétaire du FFS mettra en surbrillance le fait que la santé publique ne peut être redynamisée que par un « projet politique global », qui serait selon lui, enraciné dans une vision stratégique à long terme, inspirée par des valeurs de justice sociale, de solidarité et de rationalité démocratique.
Pour ce faire, le Front des forces socialistes, suggère et propose aux autorités compétentes de mettre en place une « réforme profonde », laquelle devra être axée sur quatre principes fondamentaux
- La primauté du service public sur le marché, avec une politique claire de réhabilitation, de financement et de gouvernance des hôpitaux publics.
- La transparence dans la gestion du secteur, avec des indicateurs publics de performance, des audits indépendants, et une responsabilisation réelle des gestionnaires.
- La valorisation des ressources humaines : par la formation continue, des carrières motivantes, des conditions de travail décentes, et une revalorisation salariale urgente.
- La territorialisation de la santé : adapter les politiques aux besoins spécifiques de chaque région, en associant les collectivités locales et les citoyens aux décisions.