Dans un contexte géopolitique énergétique mondialement tendu, Sonatrach poursuit sa stratégie d’expansion internationale et renforce ses positions en Afrique du Nord.
Les perspectives de collaboration entre l’entreprise algérienne et son homologue libyenne franchissent une nouvelle étape diplomatique et économique. Ainsi, le 9 décembre dernier, une rencontre stratégique s’est tenue à Tripoli entre la Compagnie nationale des hydrocarbures et la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC).
Rencontre stratégique à Tripoli
Selon un communiqué de la NOC, les discussions ont porté sur l’exploration des ressources pétrolières et gazières dans le bassin de Ghadamès, avec une attention particulière accordée aux blocs 95 et 96.
Cette réunion technique, qui s’est déroulée au siège de la NOC à Tripoli, a permis aux deux parties de faire le point sur les activités d’exploration menées au cours de l’année 2024. Elles ont également présenté les travaux planifiés pour l’année 2025. Parmi les sujets majeurs abordés, la préparation à la reprise des opérations de forage sur le puits exploratoire A1-96/2, à l’arrêt depuis 2014, a été mise en avant. Les intervenants ont affiché leur optimisme quant à la possibilité d’un redémarrage imminent de ces activités.
Les échanges ont également inclus une analyse approfondie des données sismiques collectées, ainsi qu’une évaluation des perspectives identifiées dans les blocs concernés. Ces travaux visent à convertir les découvertes potentiellement intéressantes en cibles prêtes à être forées, renforçant ainsi les objectifs stratégiques communs des deux partenaires dans cette zone clé.
Retour progressif…
Pour rappel, Sonatrach a marqué son retour en Libye en novembre 2023, après plusieurs années d’interruption dues à l’instabilité sécuritaire et politique dans le pays. La Compagnie nationale des hydrocarbures avait suspendu ses activités en Libye à deux reprises, en 2011 et 2012, avant de se retirer durablement fin 2014. Bien que l’idée d’une reprise ait été évoquée en 2020, ce projet a nécessité un long processus avant de se concrétiser.
Le 10 février 2022, un protocole d’accord a été signé à Tripoli entre Sonatrach et la National Oil Corporation (NOC), ouvrant la voie à une relance des activités de la compagnie algérienne en Libye. Cet accord, paraphé par l’ancien PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, et le président du conseil d’administration de la NOC, Mustafa Sanalla, en présence de hauts cadres des deux entreprises, prévoyait une intensification des investissements d’exploration. À cette occasion, Sonatrach avait annoncé un volume d’investissement futur de 200 millions de dollars, contre 150 millions de dollars déjà engagés.
Dans une interview accordée à l’agence russe Sputnik, l’ancien ministre libyen du Pétrole et du Gaz, Mohamed Aoun, avait souligné l’importance stratégique du retour de Sonatrach. Il avait mis en avant les champs d’exploration situés dans l’ouest libyen, où la compagnie algérienne avait déjà réalisé des forages, et rappelé l’objectif de la Libye d’atteindre une production de 1,5 million de barils par jour entre 2022 et 2023.
Un fort potentiel à exploiter
Le partenariat s’est renforcé le 29 juillet 2024 avec la signature d’un protocole d’entente (MoU) entre l’Entreprise nationale des travaux pétroliers (ENTP), filiale de Sonatrach, et la National Oil Wells Drilling & Workover Company (NWD), filiale de la NOC. Ce protocole prévoyait la fourniture par l’ENTP de matériels de forage et de maintenance, ainsi que des services de formation. Enrichissant les axes de collaboration existants, cet accord introduisait de nouveaux domaines de coopération tels que l’exploration et le développement des ressources, les projets d’énergies renouvelables, ainsi que le transfert de savoir-faire et d’expertise.
En septembre 2024, le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, a tenu des discussions avec une délégation libyenne de haut niveau conduite par le ministre du Pétrole et du Gaz, Khalifa Abdel-Sadek, lors de la Conférence mondiale sur l’énergie Gastech à Houston. Ces échanges ont porté sur l’application des accords en cours entre Sonatrach et la NOC, ainsi que sur le développement des gisements pétroliers et gaziers découverts conjointement en Libye.