Dans cet entretien accordé à Just-infodz.com, Tahar Ould-Amar, ancien journaliste et écrivain en langue amazighe, ayant remporté en 2008 le Prix Apulée pour son roman « Bururu » et auteur de « Tafunast I Itezzgen pétrole », littéralement la vache à pétrole et récemment « Murḍus », évoque avec beaucoup d’enthousiasme, mais aussi une lucidité certaine, la 3e édition du Salon du livre d’expression amazighe de Ouacif (SLOA) qui aura lieu du 22 au 25 juin prochain à Ouacif (40 kms au sud de la ville de Tizi Ouzou). Cet enfant terrible de la presse, dont l’humanité n’a d’égale que son engagement inaltérable pour la culture en général et la culture Amazigh en particulier, est l’un des organisateurs les plus actifs du SLOA, dont il en parle avec émotion et fierté, comme s’il s’agissait d’un enfant qu’on porte à bout de bras pour lui faire traverser les écueils de la vie.
Just-infodz.com : Les réseaux sociaux relayent l’information de la tenue de la 3ème édition du Salon du livre amazigh de Ouacif. Vous faites partie du comité d’organisation de SLAO. Parlez-nous-en.
- Tahar Ould-Amar : Oui, en effet, la troisième édition du SLAO est prévue pour le 22 juin et prendra fin le 25 du même mois, au niveau de la maison de jeunes de Ouacif, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. L’essentiel des préparatifs est effectué. A l’heure qu’il est, le comité chargé de l’organisation (dont votre serviteur) y met la dernière main : peaufiner le programme relatif aux conférences, tables rondes et ateliers et celui en rapport avec les activités périphériques prévues, dans un village, à une dizaine de kilomètres de l’espace des expositions livresques.
Le SLAO sera présent dans deux endroits différents ?
- En fait, pour cette 3ème édition le SLAO, l‘hébergement et une bonne partie des activités auront lieu à Ait Aggad, un très beau village adossé au versant nord du Mont Ferratus. En plus d’être beau et d’offrir un cadre des plus agréables à la tenue d’un tel événement, le village est des mieux organisés dans la région. Le comité du village que SLAO avait sollicité n’avait pas hésité une seconde à lui répondre favorablement et à l’assurer de sa prédisposition à s’impliquer. Monsieur Bessalem, le Président sortant du comité du village a tout naturellement intégré le comité du SLAO.
Et pourquoi pas l’ensemble des activités du SLAO dans le village ?
- Nous y avons sérieusement pensé. Seulement, nous avons été pris par le temps. Cependant, la prochaine édition sera totalement accueillie par Ait Aggad. Nous avons même songé (cela va être sérieusement discuté) à faire du SLAO un évènement itinérant. Ainsi, en plus de rapprocher le livre des villages relativement enclavés, le SLAO aurait implicitement réussi d’apporter sa petite pierre à la valorisation de l’environnement et du tourisme, deux aspects très favorables à l’éclosion dans l’ensemble du pays en général, en Kabylie tout particulièrement. Franchement, en visitant Ait Aggad j’ai tout de suite eu l’impression que le livre serait dans son élément naturel. Le village et les environs dégagent un petit quelque chose d’indéfinissable qui te donne cette autre impression d’ouvrir un livre. « SLAO va être à la page » dirais-je à Khaled Lemnouer qui estime que sans livre nous ne serons jamais à la page.
Cela étant dit, le manque de finances est compensé par l’amour du livre qui caractérise l’ensemble des membres du SLAO, la prédisposition des villageois et une volonté inébranlable »
Tahar Ould-Amar, ancien journaliste et écrivain en langue amazighe
Tout cela à un coût. Où est-ce que vous avez trouvé l’argent, sachant que beaucoup d’auteurs et d’éditeurs sont attendus à Ouacif et Ait Aggad ?
- Des institutions, dont l’APW de Tizi-Ouzou, nous aident, mais leurs apports, sont loin de faire face à l’engouement que connait SLAO. Nous sollicitons, dans le cadre du sponsoring, des opérateurs économiques. Ils ne sont pas très nombreux ceux qui nous répondent favorablement. Il faut dire que la culture du sponsoring n’est pas pour demain la veille. Dommage que l’on s’enthousiasme, et souvent avec excès et sur fond de selfies, au « iftar al-djamaâi » et autre « qufet ramadan », mais jamais à accompagner la culture, sans laquelle pourtant rien ne va. Cela étant dit, le manque de finances est compensé par l’amour du livre qui caractérise l’ensemble des membres du SLAO, la prédisposition des villageois et une volonté inébranlable. Nous y arriverons comme cela été le cas des éditions précédentes.
Vous êtes aussi auteur. Un livre en perspective, après « Bururu », « Tafunast itezzgen pétrole » et « Murdus?
- J’avais pensé « offrir » un roman à la 3ème édition du SLAO. Le roman en question est en chantier, depuis près de deux années. Il ne sera pas au rendez-vous du SLAO. Je le laisse mijoter le temps qu’il faut. La précipitation ne paye pas. Cela étant dit, Murḍus et son auteur seront présents à Ouacif.
Entretien réalisé par R.B