L’art est une expression universelle. À travers lui et ses multiples facettes et déclinaisons, l’être humain à pu depuis la nuit des temps, donner vie à ses émotions les plus fortes et profondes.
Les artistes palestiniens ne sont pas en reste. Depuis près de 60 ans, ils ont « affûté » leurs mots, plumes, notes et pinceaux, interpellant le monde dans son dénie et son refus de voir la souffrance du peuple palestinien.
En cette période des plus sombre de l’histoire, où la planète assiste impuissante à une extermination de masse du peuple palestinien par l’armée sioniste, les artistes sont en première ligne.
Ils sont les détenteurs et les dépositaires du « soft power », une arme non pas de destruction, mais de prise de conscience massive.
Taqi Spateen, est l’un des combattants palestiniens. Il se bat avec sa palette, des pinceaux et ses couleurs. Il combat la haine, la barbarie et l’ignominie dont est victime le peuple palestinien. Cet artiste de rue, vit à Houssane, un petit village à l’ouest de Bethléem, lieu présumé de la naissance de Jésus-Christ.
Comme ce dernier, face aux juifs du Temple du Sanhédrin, notre artiste engagé et ce n’est qu’un doux euphémisme refuse de mettre un genou à terre, courber l’échine et encore moins tendre l’autre joue.
Dans cet entretien, accordé à Just-infodz, Taqi Spateen fait part de sa rage, sa colère vis-à-vis de la plupart des dirigeants arabes et surtout de son quotidien d’artiste Palestinien.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SALIHA AIT- SAID
Just-infodz: Comment se manifeste votre art à la lumière de la barbarie en cours à Ghaza?
Écrire notre histoire est aussi celle de la résistance, parce que vous savez l’occupant sioniste veut effacer la mémoire palestinienne et la maintenir en vie est une partie importante de la question de mon peuple. La mémoire est le socle fondateur de la question palestinienne«
- Taqi Spateen: Évidemment, nos travaux artistiques sont une partie à part entière de la résistance palestinienne , cela ne fait aucun doute. Comme tous les artistes qui ont accompagné les résistances à travers l’histoire de la lutte des peuples pour l’indépendance , mais à la lumière du génocide subit par notre peuple à Ghaza , il est difficile pour les artistes que nous sommes de nous concentrer ou de nous consacrer à la production artistique. Vous voyez la violence de ce génocide , certes ce n’est pas la première fois que l’occupant sioniste se livre à un tel acte barbare et féroce , mais il me semble que cette fois- ci elle sans précèdent. L’occupant utilise toutes formes d’armes proscrites par le droit internationale, viol sans vergogne l’ensemble du droit humanitaire internationale. Vous savez , on se force par nos travaux à faire vivre la culture l’identité palestinienne , et en ce moment même , surtout à Ghaza aucun lieu n’est sur pour que les artistes puissent travailler! Même en Cisjordanie occupée où je me trouve, il est impossible pour nous de travailler ou de produire, nos esprits sont complètement préoccupés par le sort de nos sœurs , de nos frères , de nos enfants dans la bande de Ghaza. Cela dit, je ne dis pas que nous baissons les armes. Bien au contraire, je pense que justement notre rôle aujourd’hui c’est la mémoire , nous avons un devoir morale d’écrire tout ce qui se passe , d’écrire notre histoire. Écrire notre histoire est aussi celle de la résistance, parce que vous savez l’occupant sioniste veut effacer la mémoire palestinienne et la maintenir en vie est une partie importante de la question de mon peuple. La mémoire est le socle fondateur de la question palaisienne. On écrira notre histoire avec toutes les langues du monde pour que les peuples du monde entier nous comprenne.
Vous avez dit plus haut, que résistance c’est aussi transmettre à l’opinion publique l’identité palestinienne, que voulez-vous dire par là ?
Cependant, dans des moments de calme, sans pour autant parler de « paix » effectivement nous essayons de montrer que la Palestine existe, que la Palestine résiste que le Palestinien a, aussi une identité propre à lui ».
- Vous savez, depuis que j’ai ouvert les yeux à ce monde je n’ai fait que voir la violence de l’occupation. Depuis ma tendre enfance, je vois des soldats de l’occupant tirer sur les palestiniens, je vois les avions de l’occupant mener des raids au dessus de nos têtes. Je pense même avoir bien plus inhalé le gaz lacrymogène que d’oxygène dans ma vie. Nous vivons dans un environnement pollué par la colonisation! Cette violence n’est pas propre au 7 octobre elle dure depuis plusieurs décennies. Donc vous imaginez l’impact de cette réalité sur notre patrimoine, notre culture et identité. Ce que nos yeux voient c’est l’horreur depuis des décennies. Il n’existe aucun aspect positif dans la colonisation. Cependant, dans des moments de calme, sans pour autant parler de « paix » effectivement nous essayons de montrer que la Palestine existe, que la Palestine résiste que le Palestinien a, aussi une identité propre à lui. En quelque sorte, on essaye de protéger ce qui reste de nos cultures et notre patrimoine. En revanche je pense que nous sommes aussi engagés dans un mécanisme ou un processus de construction d’identité nationale.
Pensez- vous que l’artiste palestinien est de fait un résistant ?
Nos œuvres racontent la véritable histoire, celle d’un peuple qui se bat pour sa terre. On rapporte les faits et on montre le vrai visage du sionisme qui veut à tout prix se présenter comme une victime alors qu’ils se sont accaparés des terres, un patrimoine et l’histoire de toute une Nation ».
- Vous savez, j’ai l’intime conviction que ne peut pas dissocier l’artiste de son environnement direct, et l’artiste palestiniens ne font pas exception a cette règle peut importer qu’ils soient en Cisjordanie occupée, à Ghaza et même ailleurs dans le monde. Vous le savez, et comme je le dis plus haut nous vivons sous agression permanente de faite, dissocier l’artiste palestinien de son engament politique et résistant est une chimère. Je ne suis pas munie d’un fusille certes, mais je pense que mes pinceaux sont une arme des plus redoutables. Et c’est une arme de résistance massive évidement. L’occupant sioniste avec ses armes et ces chars et munitions veut nous faire peur, mais je peux vous certifier que nous n’avons pas peur! L’occupant se sent puissant de toutes ses armes et nous on sent également fort avec les nôtres. Nos œuvres racontent la véritable histoire, celle d’un peuple qui se bat pour sa terre. On rapporte les faits et on montre le vrai visage du sionisme qui veut à tout prix se présenter comme une victime alors qu’ils se sont accaparés des terres, un patrimoine et l’histoire de toute une Nation.
En occident la liberté d’expression quand il s’agit la question palaisienne est quasi inexistante, et aujourd’hui elle-même criminalisé. Braver cette interdiction de parole fait partie de la lutte des artistes palestiniens ?
- Il y a en occident comme une sorte de complaisance avec l’entité sioniste comme vous savez la création même d’Israël s’est faite par la complaisance de ces puissances la Grande Bretagne, la France et es états unis par la suite. Évidemment le deux poids deux mesures dans le traitement de l’information est relation directe avec cette directive historique ou encore les enjeux actuels. Empêcher les palestiniens de parler c’est les asphyxier physiquement et mentalement. Avant même le 7 octobre il fallait empêcher toute compassion avec notre cause pour la faire oublier des peuples. Et c’est dans ce contexte de vouloir à tout prit faire oublier la cause palestinienne que l’artiste intervient .
Comment expliquez vous la course à la normalisation des certains dirigeants arabes en particuliers le manque d’actions concrète face au génocide qui se joue à huit clos a Ghaza ?
Comment peuvent ils se monter avec des assassins, comment osent-ils se tenir avec les ceux qui ont tué leurs aïeux ? Je vous assure que je ne peux même pas m’exprimer sur cette question, essayer de comprendre cette trahison me donne l’impression de vouloir expliquer l’inexplicable!«
- Le sujet de la normalisation est incompréhensible pour moi, je ne peux que l’expliquer par la trahison ! c’est la trahison de l’humain a l’humanité. Comment peuvent ils se monter avec des assassins, comment osent-ils se tenir avec les ceux qui ont tué leurs aïeux ? Je vous assure que je ne peux même pas m’exprimer sur cette question, essayer de comprendre cette trahison me donne l’impression de vouloir expliquer l’inexplicable! La normalisation alors que les palestiniens subissent un génocide est honteuse pour le monde arabe c’est une catastrophe pour l’avenir du monde arabe et je ne me sens pas appartenir au même idéal que ces pays-là. Fort heureusement les peuples de ces pays sont conscients et continuent à lutter contre la normalisation.
Vous avez fait du mur « de l’apartheid » une salle d’exposition à ciel ouvert, pourquoi ?
- Pour revenir sur ces œuvres, à vrai dire, je voulais que cela soit un message de ma part d’un côté, mais aussi de tout le peuple palestinien. Certains s’amusent à comparer ce mur à celui qui séparait du temps de la guerre froide Berlin en deux parties. Je refuse cette comparaison, car à Berlin il n’y avait pas d’occupant. Et je pense qu’il est temps de se rendre à l’évidence et d’arrêter de regarder que du côté de l’occupant sioniste. Sur ce mur, j’ai voulu surtout monter à tous les étrangers qui s’y rendent que cela n’est rien d’autre que du racisme et d’ailleurs j’ai voulu rendre hommage à toutes les victimes du racisme en Palestine et même aux états unis qui se targue d’être la terre de la paix. On peut y voir d’ailleurs le portrait de George Floyd.
S.A.S