Par RAMDANE BOURAHLA
La plupart des sites féeriques que recèle le pays, sont dégradés, dénaturés et enlaidis par certains comportements indignes.
Au niveau du site naturel de Tikjda (hauteur de la wilaya de Bouira), et en dépit des multiples campagnes de nettoyage amorcées par les pouvoirs publics, il n’est pas rare, voire très fréquent de constater des déchets qui s’amoncellent sur le bord de la route.
Un véritable désastre écologique se produit au vu et su de tous. Tikjda se meurt lentement, mais sûrement.
Des montagnes de… déchets
En effet, dès qu’on dépasse de quelques kilomètres seulement la commune de Haïzer, à une dizaine de kilomètres au nord-est de Bouira, on se retrouve nez à nez, non pas avec la majestueuse montagne de Tikjda, mais avec une « montagne » d’un tout autre genre.
Des amas de canettes de bières et autres boissons alcoolisées, qui s’entassent tout le long de la RN33, reliant Bouira à Tikjda.
Un paysage des plus désastreux s’offre aux visiteurs. Si Tikjda était un être humain, son taux d’alcoolémie atteindrait des proportions stratosphériques, tant elle serait imbibée, à la limite de l’overdose d’alcool en tout genre.
Les bouteilles d’alcool en plastique et en verre et les canettes de bière se comptent par centaines, par milliers, voire de centaines de milliers !
Quand on sait qu’un simple mouchoir en papier, met 12 mois pour se dégrader dans la nature, un petit papier à bonbons met plus de 5 ans et une bouteille en plastique, près de 1000 ans et pire encore une bouteille en verre, similaire aux milliers qui s’entassent au niveau de Tikjda, près de… 4500 ans à se biodégrader, on serait tenté de croire qu’au rythme où vont les choses, Tikjda disparaîtrait sous les ordures d’ici une centaine d’années !
Et ceci, ce n’est pour ainsi dire que la partie émergée de l’iceberg. Sur les flancs de cette montagne, une véritable décharge s’est constituée au fil des années.
Quand la culture citoyenne fait défaut
Si par malheur l’envie nous prend de regarder en contre-bas, on est de suite pris le vertige. Non pas celui de l’altitude, mais celui de l’immense dépotoir qui couvre l’horizon.
La faute à qui ? Eh bien, les coupables, il ne faudrait pas aller les chercher très loin. C’est nous. Tous autant que nous sommes ! En vérité et en ce qui concerne Tikjda, ce sont les ennemis de la nature et leur penchant vers la dégradation de leur environnement qui pose problème.
En effet, tout le long des 33 kilomètres qui séparent Bouira de Tikjda, on retrouve des jeunes et moins jeunes d’ailleurs, une canette de bière à la main, » noyant » leur mal-être dans l’alcool.
S’enivrer, n’est un pas dramatique en soi, loin s’en faut ! Ce qui est désastreux par contre, réside dans le fait que ces jeunes laissent derrière eux des tonnes de déchets. Sous d’autres cieux, où la consommation d’alcool fait partie des mœurs, la culture de ramasser ses déchets est clairement enracinée.
Le PND sensibilise faute de mieux…
Pour tenter d’endiguer ce phénome, l’administration du Parc National du Djurdjura, joue la carte de la sensibilisation en lançant un appel aux agences de voyages qui organisent des randonnées dans l’aire protégée du Parc, à se conformer à la réglementation en vigueur.
L’appel concerne aussi les guides touristiques jouissant officiellement de cette qualité ou tout simplement les guides autoproclamées. « L’autorité de gestion de cette aire protégée a arrêté des mesures d’organisation de toutes les activités de randonnées programmées ou prévues au sein du territoire du Parc National », lit-on dans le document.
Il s’agit entre autres de la nécessité obligataire d’informer l’autorité du PND avant toute programmation d’une randonnée et la souscription au principe de conservation passant par le respect des sites à visiter et des itinéraires à suivre.
En outre, le PND insiste sur présence obligatoire des éléments du Parc National lors de chaque visite ou randonné. Enfin, l’autorité du PND a réitéré l’interdiction de tout accès à la zone centrale du Parc. «
L’autorité de gestion du Parc National souhaite que ces consignes soient acceptées de bon gré et que les visiteurs y adhèrent consciencieusement afin de préserver ce territoire qui est un bien commun dans le cadre d’un tourisme écologique respectueux des valeurs naturelles et culturelles du Djurdjura », indique-t-on.
Néanmoins, compter sur la bonne volonté des propriétaires des agences de voyages ou des randonneurs n’est pas suffisant.
La mise en application des consignes sus-citées, nécessite la mobilisation d’un nombre important d’éléments à travers le vaste territoire du PND. Or, l’administration du Parc fait face à un manque criard en effectif. Par ailleurs, le mois passé, un rallye auquel ont pris part plusieurs participants, a été organisé dans l’enceinte du Parc.
R.B