Deux ans après le lancement du programme d’importation de véhicules neufs en Algérie, l’enthousiasme initial des citoyens s’est transformé en frustration.
Ainsi, plusieurs acheteurs, ayant versé des acomptes parfois conséquents, attendent encore la livraison de leurs véhicules – ou, à défaut, le remboursement promis.
Un remboursement sur le papier…
En effet, face à cette situation, le député Hocine Habchi a récemment interpellé le ministère de l’Industrie sur les dérives constatées dans la gestion de ce dossier sensible.
La réponse officielle ne s’est pas fait attendre : le ministre Sifi Ghrieb, récemment nommé Premier ministre par intérim, a tenu à rappeler les obligations légales qui encadrent l’activité des concessionnaires automobiles.
Selon le décret exécutif n°22-383 du 17 novembre 2022, le cadre réglementaire est sans ambiguïté : les concessionnaires sont tenus de livrer un véhicule dans un délai maximum de 45 jours à partir de la commande, sauf accord écrit prolongeant ce délai. En cas de paiement intégral, ce délai est réduit à 7 jours. À défaut, l’acheteur doit non seulement être remboursé, mais également indemnisé, comme le stipule l’article 19 du cahier des charges.
Le ministre a réaffirmé ces dispositions, insistant sur le droit des clients à être remboursés et indemnisés à hauteur de 10 % des montants versés en cas de manquement. Une plateforme électronique a par ailleurs été mise en place pour recueillir les plaintes et permettre un suivi des infractions constatées.
Des concessionnaires au dessus des lois ?
Si le rappel de la législation est salutaire, la réalité du terrain demeure inchangée pour de nombreux clients. Les retards de livraison persistent, les remboursements tardent, et les indemnisations semblent encore théoriques pour beaucoup.
Certains concessionnaires, bien qu’en infraction, continuent d’échapper à des sanctions effectives, laissant planer un doute sur l’efficacité des mécanismes de contrôle évoqués. Ainsi, cette réponse ministérielle, bien que précise et engageante sur le plan juridique, soulève une question de fond : pourquoi ces garanties, pourtant inscrites noir sur blanc dans les textes, peinent-elles à être mises en œuvre ?
Un espoir renouvelé?
La nomination de Sifi Ghrieb au poste de Premier ministre par intérim ouvre néanmoins une nouvelle perspective. Connaisseur des enjeux industriels et désormais à la tête du gouvernement, son engagement sur ce dossier pourrait, s’il est suivi d’actes concrets, impulser une véritable régulation du marché automobile.
Mais au-delà des déclarations de principe, c’est une application rigoureuse de la loi, un renforcement des contrôles et une réponse rapide aux abus qui permettront de restaurer la confiance des citoyens. En attendant, les acheteurs restent suspendus entre promesses institutionnelles et lenteurs administratives.