Responsable d’une centaine de morts en 1999, ce virus rare et méconnu transmis par les chauves-souris inquiète les scientifiques.
S’il sévit actuellement en Inde, il pourrait aussi provoquer une pandémie selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Jusqu’à 75 % létal, sans aucun vaccin disponible, provoquant des séquelles neurologiques durables, le virus Nipah émerge dans l’actualité, suscitant l’inquiétude après l’enregistrement de deux décès et de quatre cas positifs la semaine dernière en Inde, dans la région du Kerala, les autorités locales s’efforcent de contenir l’épidémie.
Les rassemblements publics sont limités et certaines écoles ont été fermées.
Les chauves-souris… encore elles !
Le virus Nipah tient son nom d’un village de la région du Negeri Sembilan en Malaisie, d’où était originaire la première épidémie en 1999 et ayant causé près de 300 cas et plus de 100 morts.
Cette première région d’émergence du virus était à l’époque, celle des industries d’élevage de porcs devenu lors de l’épidémie vecteur de contamination vers l’homme (les éleveurs).
Cependant le facteur déterminant de cette première épidémie se situait aux bordures, les zones agricoles et urbaines ou attiraient des chauves-souris frugivores en quête de nourriture suite a la destruction leur habitat naturel, par déforestation. Et donc se retrouver au contact des populations humaines
C’est le même cas au Cambodge, où l’espèce Pteropus lylei, s’est adaptée à la perte de biodiversité forestière et vit désormais dans des zones agricoles.
Ce rapprochement géographique ainsi qu’un certain nombre de pratiques humaines, favorisent les potentielles transmissions vers les humains : les Zoonooses
Après le Pangolin… Le jus de palmier
Depuis la première émergence du virus Nipah en Malaisie, c’est au Bangladesh que l’on constate le plus d’émergences du virus.
Un des principaux facteurs explicatifs de ces foyers réguliers est la manière dont la sève de palmier est produite puis consommée.
En effet ce jus est récolté en trouant le tronc des palmiers et en plaçant dessous de grands pots d’où les chauves-souris peuvent venir boire la sève la nuit.
Le matin venu, une personne peut ainsi se retrouver à boire du jus frais sans savoir que celui-ci a été contaminé par des chauves-souris.
Gardez vos distances !
Au Kerala, les routes de transmission sont encore difficiles à tracer, lorsqu’une seule personne est à l’origine du passage du virus chez l’homme, il demeure très compliqué de savoir le mode de contraction.
Pour l’instant, les foyers indiens et bangladais sont sous contrôle, du fait de chaînes de transmission interhumaines limitées et rapidement interrompues avec l’établissement de quarantaines et le traçage des cas contacts.
Une tâche plutôt facile lorsqu’il s’agit du virus Nipah, car sa transmission reste encore laborieuse d’homme à homme.
Alors que le Covid peut se transmettre de manière asymptomatique et via des contacts peu rapprochés, le Nipah est connue pour nécessiter des contacts rapprochés et engendre des symptômes graves, placer par l’OMS pour le plus mortel.
Cependant, plus il y a de transmission vers les humains, plus l’adaptation du virus a l’humain augmente.
Mais si un variant du virus Nipah évolue et devient plus transmissible aux humains, sera-t-il toujours aussi létal ?
Est-ce qu’un passage par un hôte intermédiaire comme ça avait été le cas en Malaisie avec le porc serait nécessaire ? Ce sont des questions sans reponses pour l’instant
Comment mieux contenir le virus Nipah ?
Face à la dangerosité potentielle du virus Nipah, la meilleure chose à faire est de faire fuir les colonies de chauves-souris frugivores qui s’implantent à proximité de populations humaines.
Mais cette logique d’extermination systématique surgiraient d’autres problèmes.
Outre les inquiétudes éthiques que provoquerait un tel projet, cela mettrait également en péril les activités humaines et les écosystèmes qui bénéficient grandement de la présence des ces chauves-souris, pour la pollinisation d’un certain nombre de plantes ou le transport de graines.
Il en est de même pour les chauves-souris insectivores qui participent au contrôle des populations d’insectes ravageurs de cultures.
Pour une meilleure prévention contre l’émergence du virus, il faudrait définir un suivi continu de données environnementales et épidémiologiques, développer des équipes pluridisciplinaires et travailler avec les populations locales à travers des approches participatives pour co-construire des solutions adaptées au contexte socio-économique local. Il s’agit les objectifs du projet Bcoming.
Une autre solution simple et peu coûteuse serait de fixer des « jupes » de protection en bambous autour des pots de collecte, empêchant ainsi la contamination par les chauves-souris.
Sa concrétisation et adoption à grande échelle nécessite l’intérêt des collecteurs. Un travail important de dialogue sciences–société reste à effectuer pour mettre en œuvre des solutions de prévention efficaces qui permettront de diminuer durablement les risques d’émergence de maladies zoonotiques.