La représentation de l’Union européenne en Algérie a jeté un pavé dans la mare en publiant, le 01er aout dernier, un communiqué sur sa page Facebook qui suscite interrogations et spéculations.
Ainsi, le message adressé aux demandeurs de visa Schengen, rappelle une règle désormais présentée comme impérative : le dépôt de la demande de visa doit se faire auprès du consulat du pays représentant la destination principale ou exclusive du voyage.
Une fin de la souplesse administrative ?
En effet, cette précision, bien que connue des initiés, prend un tout autre relief à la lumière de la terminologie utilisée : «Vous devez déposer votre demande de visa Schengen auprès du consulat de l’État membre qui est la destination unique ou principale de votre voyage – ou de vos voyages pour les demandes de visa à entrée multiple».
Le ton n’est plus au conseil, mais à l’obligation, ce qui marque une rupture avec une pratique jusque-là tolérée, voire généralisée : celle de solliciter un visa auprès d’un consulat réputé plus « souple », tout en prévoyant de voyager ensuite vers un autre pays de l’espace Schengen.
La nouvelle directive semble mettre fin à cette latitude. Désormais, tout voyageur détenteur d’un visa délivré par un pays A, mais débarquant dans un pays B sans passer par le territoire du pays émetteur, pourrait être considéré en infraction. Aucune explication complémentaire n’a été fournie par la délégation de l’UE à Alger, mais tout laisse croire que cette mise au point s’inscrit dans un processus plus large : celui de la refonte des systèmes de contrôle aux frontières extérieures de l’Union européenne.
Un dispositif technologique de surveillance avancée
Il est à souligner que cette mesure s’intègre dans deux nouveaux dispositifs européens : le système d’entrée/sortie (EES) et le système européen d’information et d’autorisation de voyage (ETIAS). Ces plateformes automatisées ont pour objectif de surveiller avec précision les mouvements des ressortissants de pays tiers entrant dans l’espace Schengen.
Ces systèmes permettront notamment de remplacer les tampons manuels sur les passeports par un enregistrement électronique, incluant toutes les données relatives au voyageur ( nom/prénom/Numéro du passeport/Date, heure et lieu d’entrée/sortie/ Empreintes digitales/ Photo d’identité/ Décision éventuelle de refus d’entrée.
Objectifs affichés : lutte contre la migration illégale et le crime transfrontalier
Ces nouvelles exigences s’inscrivent dans le cadre des efforts accrus de l’Union européenne pour mieux maîtriser ses frontières et freiner les flux de migration irrégulière. Elles visent aussi à renforcer la coopération entre les 27 États membres en matière de sécurité, notamment pour lutter contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme. D’ailleurs, l’UE promet que ces systèmes seront déployés dans le respect strict des droits fondamentaux et des normes européennes sur la protection des données personnelles.
Une communication jugée floue
Mais en l’absence d’un calendrier clair et d’une communication plus pédagogique, la publication de la Délégation de l’UE à Alger a surtout semé le doute parmi les candidats algériens au visa. Beaucoup y voient une nouvelle barrière administrative dans un contexte déjà tendu autour de la délivrance des visas Schengen.