Importation de blé français : L’Algérie sonne le glas !

Longtemps premier fournisseur de blé de l’Algérie, la France voit ses exportations céréalières vers le pays chuter de manière drastique.

Entre diversification des sources d’approvisionnement, tensions diplomatiques et baisse de la production due aux aléas climatiques, l’Algérie redéfinit sa stratégie pour assurer sa sécurité alimentaire.

Ainsi, pendant des décennies, la France, premier producteur de blé tendre en Europe, a joué un rôle central dans l’approvisionnement de l’Algérie en céréales. Jusqu’à récemment, elle exportait jusqu’à 5 millions de tonnes de blé par an vers son partenaire historique, représentant près de la moitié de ses exportations hors Union européenne.

L’Algérie « tourne le dos » au blé français

Cependant, ces volumes ont connu une baisse significative ces dernières années, sous l’effet de plusieurs facteurs conjugués. En effet, la volonté de l’Algérie de diversifier ses sources d’approvisionnement et les fluctuations du marché céréalier mondial ont joué un rôle déterminant.

Afin de renforcer sa sécurité alimentaire et réduire sa dépendance à un fournisseur unique, Alger a mis en place une stratégie visant à élargir son réseau de partenaires.

Cette politique s’explique également par la baisse de la production céréalière française, affectée ces dernières années par des conditions climatiques extrêmes, notamment des sécheresses et des intempéries exceptionnelles, ayant pesé sur les rendements agricoles.

Un appel d’offres qui fait polémique

Dans ce contexte, l’Algérie a récemment renforcé ses échanges avec d’autres producteurs mondiaux pour sécuriser son approvisionnement en blé et stabiliser son marché intérieur. Cette orientation a été illustrée par l’appel d’offres lancé en octobre dernier pour l’achat de 50 000 tonnes de blé, dont la France a été exclue, ce qui a suscité de vives réactions à Paris.

Certains y ont vu une volonté de « boycott » de la part d’Alger, d’autant que cette mise à l’écart intervient après des tensions diplomatiques liées au dossier du Sahara occidental.

Toutefois, selon un communiqué de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), cette sélection reposait sur des « critères techniques » et sur les besoins spécifiques du marché national. L’organisme a précisé que la France restait un fournisseur référencé et que la consultation restreinte ne signifiait pas une exclusion définitive.

L’Algérie mise sur l’autosuffisance

Les déclarations du président Abdelmadjid Tebboune sur la quête d’autosuffisance agricole confirment par ailleurs la volonté de l’Algérie de réduire sa dépendance aux importations, une tendance que la France observe avec préoccupation.

Cette évolution marque un tournant dans les relations commerciales entre les deux pays, traditionnellement liées par une coopération forte dans le domaine céréalier.

La fin d’une époque !

L’Algérie à l’évidence n’est plus la « chasse gardée » de la France en matière d’exportation de céréales, notamment le blé tendre, et ce, grâce à la diversification de ses sources d’approvisionnement, mais aussi, du fait que le blé français, plus cher que celui d’autres fournisseurs, notamment la Russie.

En effet, l’Algérie achetait entre 2 et 6 millions de tonnes de blé français par an dans les années 2010. Toutefois, elle a progressivement réduit ses importations, atteignant 1,8 million de tonnes durant les campagnes 2021/2022 et 2022/2023, puis 1,6 million de tonnes pour la campagne 2023/2024.

De plus et selon président de l’Union russe des exportateurs de céréales, Eduard Zernin, qui s’est exprimé auprès de l’agence Reuters, l’Algérie envisage d’importer jusqu’à 3 millions de tonnes de blé tendre russe d’ici juin 2025.

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