C’est un réseau international de trafic de voitures d’une ampleur inédite que la police Française vient de mettre au jour.
Ainsi, depuis 2021, un réseau bien organisé faisait transiter près d’un millier de véhicules volés par le Grand Port Maritime de Marseille, avec la complicité présumée de hauts responsables Français. Le tout pour un préjudice estimé à 30 millions d’euros.
Des véhicules loués à l’étranger puis « maquillés »
En effet, l’affaire a été révélée ce mardi 27 mai 2025 par le parquet de Marseille, qui évoque une organisation criminelle opérant depuis au moins quatre ans. À raison d’une vingtaine de voitures exportées chaque mois, ce sont environ 1000 véhicules qui auraient été expédiés vers l’Algérie, principal pays de destination de ce trafic.
L’enquête, lancée en 2024 et confiée à la brigade des atteintes aux biens de la Division de la Criminalité Territoriale (DCT) des Bouches-du-Rhône, a permis de démonter un circuit bien huilé.
Les malfaiteurs ciblaient en priorité des voitures de location dérobées à l’étranger. Une fois ces véhicules introduits sur le territoire français, l’organisation bénéficiait d’un délai stratégique : les voitures n’étaient pas encore signalées comme volées dans les bases de données françaises. Ce laps de temps était mis à profit pour maquiller les véhicules, leur attribuer de fausses immatriculations temporaires, avant leur exportation discrète par voie maritime.
Une complicité interne au port de Marseille
Le volet le plus sensible de ce dossier réside dans la complicité présumée de personnels haut placés au sein du Grand Port Maritime de Marseille.
Selon le parquet, ces individus facilitaient les opérations du réseau en autorisant l’entrée des véhicules dans l’enceinte portuaire et en mettant à disposition un hangar dans la zone réservée, hors de portée des regards. Le tout, moyennant rémunération. Ce local servait de base pour le maquillage des véhicules avant leur expédition.
Interceptions, filatures, perquisitions
L’enquête a bénéficié d’un dispositif d’investigation renforcé, incluant surveillances, écoutes téléphoniques et captations vidéo. Une information judiciaire a été ouverte le 30 janvier 2025, avec l’appui du Groupe Interministériel de Recherche (GIR). Ces moyens ont permis de confondre les différents membres du réseau.
C’est ainsi que le 22 mai 2025, les enquêteurs ont lancé une vaste opération de police. Lors des perquisitions, ils ont mis la main sur plus de 60.000 euros en liquide, plusieurs montres de luxe, douze véhicules, ainsi que du matériel de maquillage automobile.
Dix mis en examen, cinq écroués
Dix suspects ont été interpellés. Tous ont été mis en examen pour recel de vol en bande organisée, blanchiment, faux et usage de faux. Cinq d’entre eux ont été placés en détention provisoire, les autres sont sous contrôle judiciaire.
L’enquête se poursuit afin d’identifier d’éventuelles ramifications supplémentaires et de déterminer l’étendue exacte du réseau.
Des pratiques illégales exportées de France vers l’Algérie
Ce scandale met en lumière une réalité plus dérangeante : la France exporte désormais ses délinquants et ses pratiques illégales.
Le trafic mis au jour montre comment des malfaiteurs opèrent en toute impunité grâce à la collusion de hauts responsables français, et comment l’Algérie devient malgré elle la destination finale de voitures volées, maquillées et blanchies sur le territoire français. Une illustration brutale d’un système où la corruption locale sert des intérêts criminels transnationaux, au détriment de l’État de droit des deux côtés de la Méditerranée.