Depuis plusieurs mois, les automobilistes algériens dénoncent la flambée des prix et la rareté de certains modèles de pneus, devenus pratiquement introuvables sur le marché.
Ainsi et face à cette crise, les services du commerce ont intensifié les contrôles pour traquer les spéculateurs et rétablir une transparence dans l’approvisionnement. Mais une révélation récente vient d’ajouter une nouvelle dimension au problème.
Un constat préoccupant : des engagements ignorés
En effet, selon un communiqué de l’APOCE, appuyé par des données du ministère du Commerce, plus de 1200 entreprises agréées n’ont pas respecté leurs engagements d’importation.
Le rapport de l’APOCE met en lumière une réalité alarmante. Sur les quelque 1800 entreprises autorisées à importer des pneumatiques et pièces de rechange au premier semestre 2025, seule une minorité a pleinement respecté ses engagements contractuels :
- Près de 500 entreprises n’ont rien importé du tout, malgré l’obtention de quotas, affichant un taux de « zéro importation ».
- Environ 700 entreprises ont procédé à des importations partielles, sans atteindre les quantités convenues.
- Seules 600 entreprises, soit un tiers, ont effectivement mis sur le marché l’intégralité des volumes qui leur avaient été alloués.
Ce manquement généralisé explique en partie les tensions sur le marché, malgré l’enveloppe budgétaire importante mobilisée.
900 millions de dollars pour un résultat partiel
Pour le premier semestre de l’année 2025, l’État avait débloqué 900 millions de dollars pour l’importation de pneus et de pièces détachées. Ce budget, censé répondre aux besoins du marché et stabiliser les prix, a été mal exploité en raison du non-respect des engagements par une majorité d’importateurs.
En réponse, les autorités ont décidé de renouveler ce même budget de 900 millions de dollars pour le second semestre 2025, espérant cette fois-ci un meilleur suivi et une exécution stricte des contrats.
Vers une liste noire pour les contrevenants
Pour l’APOCE, le ministère du Commerce ne compte pas rester passif face à ces manquements. Les entreprises qui n’ont pas respecté leurs obligations d’importation seront inscrites sur une « liste noire. Cette mesure vise à assainir le secteur et à garantir que seuls les opérateurs sérieux et fiables puissent accéder aux ressources publiques et aux licences d’importation.
Un tournant dans la régulation du marché
Ces révélations confirment ce que dénoncent les consommateurs depuis des mois : au-delà de la spéculation en aval, le dysfonctionnement se joue aussi en amont, au niveau même des opérateurs agréés. La mobilisation des services du commerce pour remonter toute la chaîne d’approvisionnement — des ports aux détaillants — s’inscrit dans cette volonté de reprendre le contrôle d’un marché stratégique.
Alors que la production nationale, avec Iris Tyres en tête, peine à couvrir la demande, la régulation de l’importation devient essentielle. Le second semestre sera donc décisif : ou bien le dispositif de régulation trouve sa stabilité, ou bien la crise des pneus continuera d’alimenter la colère des automobilistes — et à grever la mobilité nationale.