Il y’a 64 ans jour pour jour, la France commettait l’un de ses plus horribles crimes sur son sol à l’encontre des Algériens.
Le 17 octobre 1961, la police du sinistre préfet Maurice Papon, s’acharnait contre les manifestants algériens, allant jusqu’à pousser l’atrocité jusqu’à jeter certains d’entre eux dans la Seine. Bilan : près de 230 morts algériens et 500 blessés. Un véritable massacre.
Ainsi, des députés LFI (La France insoumise) ont soumis à l’Assemblée nationale française une proposition de résolution officielle visant à faire reconnaître le massacre du 17 octobre 1961 à Paris comme un crime d’État. Cette initiative symbolique vise à rendre justice aux milliers d’Algériens morts ou disparus lors de la répression sanglante menée par la police française contre des manifestants pacifiques.
Nuit d’horreur à Paris
En effet, cette tragédie s’est déroulée sept ans après la « Toussaint Rouge » (le 01 novembre 1954) et trois ans après l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir, et ce alors que la guerre s’était déjà bien installée en métropole, l’indépendance de l’Algérie apparaissant déjà inéluctable.
« Je déambulais cette nuit-là sur le boulevard Saint Michel, dans le 5ème arrondissement de Paris, et j’ai assisté impuissant à la pire horreur de ma vie. La terrible bastonnade et l’assassinat d’Algériens qu’on balançait dans la Seine, les uns après les autres. C’était épouvantable et cette vision d’horreur me hantera toujours. Elle me hantera jusqu’à ma mort » rapportait un témoin.
C’était le 17 octobre 1961, cette sanglante journée lors de laquelle Maurice Papon, le préfet de police de Paris, qui avait alors reçu carte blanche des plus hautes autorités, dont celle De Gaulle him self, lance avec plus de 7.000 policiers une sanglante répression contre des Algériens qui manifestent pacifiquement contre un couvre-feu qu’ils jugeaient raciste et illégal.
Le sang des Algériens coula alors à flots à Paris, la Seine changeait aussitôt de couleur, virant au rouge vif. Il y a eu, selon les coupures de presse de l’époque, 11.730 arrestations, et peut-être beaucoup plus de 200 morts, noyés ou exécutés, parmi les Algériens. Comment en est-on arrivé à ce crime abject ? Ou plutôt comment que la patrie de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a piétinée et foulée au pied ses propres convictions ?
Papon, le sanguinaire en uniforme
Pour rappel, le 17 octobre 1961 et alors que la guerre d’Algérie touchait à sa fin, le FLN appelle à une manifestation pacifique dans les rues de Paris pour dénoncer le couvre-feu raciste imposé quelques jours plus tôt aux Algériens et par extension à tous les Maghrébins , par Maurice Papon, le préfet de police de Paris qui faisait , entre autres, obligation aux travailleurs algériens d’être sans cesse isolé, et interdis de sortir de 20 h 30 à 5 h 30 obligeant, par ailleurs, les cafés tenus par des musulmans de baisser rideaux à 19 heures. Cette manifestation rassemble environ 30.000 personnes.
Ce jour-là et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie, alors que des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrême des forces de police.
Vérité et justice réclamées
64 ans après ce drame, la vérité et la justice n’ont toujours pas été rendues aux Algériens qui étaient appelés par la Fédération de France du FLN à manifester pacifiquement, avec femmes et enfants, sur les Champs Elysées (à Paris) contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, jadis, préfet de police de Paris. Ils défendaient, pourtant, leurs droits à l’égalité, leurs droits à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Ce crime d’Etat à grande échelle, commis lors de cette nuit tragique du 17 octobre 1961, au cœur de l’État français et qui n’a toujours pas été reconnu officiellement alors même que les partisans et les nostalgiques de l’Algérie française prônent la promotion de l’œuvre positive française durant la colonisation dans les programmes scolaires, avait, à l’époque, fait bouger des consciences, notamment au sein de la gauche française.
Le 8 février 1962, dans l’est parisien, une manifestation des partis de gauche contre la guerre d’Algérie et les attentats de l’O.A.S. se termine par la charge de la police et la mort tragique de 7 manifestants au métro Charonne. L’engrenage des attentats, répression et manifestations qui suivirent, n’empêchent toutefois pas les négociations de se poursuivre à Évian.
Elles aboutissent au cessez-le-feu du 19 mars 1962 et à l’indépendance de l’Algérie, effective le 3 juillet de la même année. Sa proclamation officielle intervenant toutefois le 5 juillet 1962. Soixante-quatre (64) ans après l’indépendance de l’Algérie, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans la Guerre d’Algérie et le cortège de drames qu’elle a engendrée, dont la plaie toujours ouverte et béante du crime d’état du 17 octobre 1961 à Paris.