Trois ans après la fermeture stratégique par Alger du gazoduc Maghreb Europe (GME), Rabat poursuit ses supplications et ses « interventions » afin de persuader l’Algérie de rouvrir ses vannes.
Ainsi, depuis que l’Algérie ait décidé de passer exclusivement par le gazoduc Medgaz afin d’assurer ses livraisons de gaz vers l’Europe, le Maroc n’a eu de cesse de tenter de jouer de ses relations dans le but de faire « fléchir » Alger. En vain.
Il faut dire que l’Algérie met un point d’honneur à assurer ses livraisons vers l’Europe et garder intacte son statut de « fournisseur fiable » du Vieux continent, mais sans pour autant « courber l’échine » ou céder aux desiderata du Makhzen marocain.
Un dossier « clos définitivement » pour Alger
En effet, entre Alger et Rabat, le gaz reste aussi gelé que les relations diplomatiques. Au cours des derniers mois, l’Algérie a refusé un projet visant à rétablir l’exportation de gaz naturel vers l’Espagne à travers le gazoduc Maghreb-Europe, qui traverse le territoire marocain.
L’acheminement du gaz par ce pipeline a cessé le 31 octobre 2021, à l’expiration du contrat liant Alger et Rabat. L’Algérie avait alors refusé de renouveler l’accord, dans un contexte de rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en raison du différend autour du Sahara occidental. Selon des sources citées par la plateforme spécialisée “Attaqa” (basée à Washington), plusieurs “tentatives de prise de contact” ont eu lieu, mais Alger considère le dossier comme “clos définitivement”, tant que la question du Sahara reste non résolue.
Des propositions venues d’Espagne et d’autres partenaires
Des sources proches du dossier indiquent qu’ “l’Espagne et plusieurs partenaires internationaux ont suggéré à l’Algérie de rouvrir le gazoduc Maghreb-Europe, afin de diversifier les routes d’acheminement du gaz algérien vers l’Europe et, indirectement, amorcer une normalisation progressive avec le Maroc.”
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En contrepartie, le Maroc aurait pu bénéficier d’une part du gaz transporté, ce qui lui permettrait de couvrir une partie de ses besoins à un prix inférieur de 4 à 5 dollars par million d’unités thermiques britanniques par rapport au gaz qu’il importe actuellement via l’Espagne.
Le gazoduc Maghreb-Europe : un lien énergétique rompu
Long de 1 620 kilomètres, le gazoduc Maghreb-Europe possédait une capacité de 12 milliards de mètres cubes par an. Il a cessé de fonctionner dans le sens Algérie–Maroc après la non-reconduction d’un contrat de 25 ans. Jusqu’en 2021, le Maroc recevait environ un milliard de mètres cubes de gaz par an, en plus d’une rémunération pour le transit du gaz vers l’Espagne.
Après la rupture du contrat, Rabat a inversé le flux du gazoduc, l’utilisant désormais dans le sens Espagne–Maroc. Le royaume importe du gaz naturel liquéfié (GNL) de plusieurs sources, principalement de Russie, qu’il regazéifie en Espagne avant de le réinjecter dans le pipeline.
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Des importations de gaz marocaines en hausse en 2025Les importations marocaines de gaz ont connu une hausse notable en 2025 par rapport à l’année précédente, selon les dernières données publiées par Attaqa.Entre janvier et août 2025, le Maroc a importé 6,73 térawattheures (TWh) de gaz, contre 6,29 TWh sur la même période en 2024.En août 2025, les importations sont restées stables à 992 gigawattheures (GWh), soit leur plus haut niveau depuis le début de l’année. Voici le détail mensuel des importations marocaines de gaz en 2025 :
- Janvier : 672 GWh
- Février : 700 GWh
- Mars : 956 GWh
- Avril : 738 GWh
- Mai : 823 GWh
- Juin : 858 GWh
- Juillet : 992 GWh
- Août : 992 GWh
 


