Par Amar OuramdaneL’Algérie regorge de petits génies dans tous les domaines. Ils sont partout dans les villages, les villes et dans les contrées les plus reculées de l’arrière-pays.
Néanmoins, ces talents sont souvent marginalisés, mis à l’écart et réduit à l’anonymat, et ce, en dépit de leurs potentiels qui ne cherchent qu’à à être mis en valeur, reconnu et surtout encourager.
Parmi tous ces inventeurs, nous sommes allés à la rencontre de Youcef Hamdidi, un quinquagénaire plein de créativité depuis son jeune âge bien qu’il n’ait pas fait des études poussées. À l’âge de 14 ans, c’est-à-dire en 1986 , il eut une idée géniale en concevant des jeux éducatifs et instructifs à l’intention des élèves du primaire.
Un autodidacte à l’esprit bouillonnant
«Ecoutez , je n’ai pas fait des études supérieures. C’est dans les champs où je gardais mes moutons que les idées me venaient à l’esprit. C’est sur un cahier d’écolier que je m’entraînais en esquissant de petites formes donnant naissance à des objets utiles dans la vie quotidienne « , raconte avec amertume notre « inventeur » qui ne s’attendait pas à voir toutes ses petites créatures dormir dans un tiroir faute de promoteurs.
Youcef Hamdidi arborant l’une de ses nombreux attestations de participation à des concours
«Avec mes petites économies, j’ai pu au début des années 2000 éditer mon premier jeu de cartes dénommé » les trois amis » composé de 44 cartes illustrées de photos d’animaux qui permettront aux joueurs d’apprendre les noms des animaux en quatre langues, tamazight , arabe, française et anglaises aussi leurs alphabets. C’est ludique et en même temps instructif », explique-t-il cette première expérience. Malgré tous ses appels, mais personne ne l’avait aidé.
Notre interlocuteur exhibera ensuite un porte-document dans lequel il a classé toutes ses petites «trouvailles» illustrées et expliquées en donnant les détails de leur utilisation.
À mes débuts, j’ai cru que mes créations trouveraient des oreilles attentives. Au fil des ans, ce fut pour moi une déception».
Youcef Hamdidi
Quand le génie ne suffit pas…
A titre d’exemple, il est à citer entre autres une machine à prix manuelle servant à l’affichage de prix de produits divers à utiliser dans les magasins, dans des épiceries et dans les cafétérias, un guide d’utilisation de planche à billes, un jeu de 26 billes de couleurs différentes ( rouge et verte), chaque ville est marquée d’une lettre de l’alphabet et d’un chiffre, jeu de pistolet sert à apprendre l’alphabet en jouant avec un pistolet ( gadget), un couteau multi-usages réglable au millimètre près, une roulette en forme de la glissière utilisée pour l’apprentissage de la langue, un balai chaud qui permet de faire disparaître une matière collée sur le sol.
Un cahier d’apprentissage pour enfants conçu par M.Hamdidi
«À mes débuts, j’ai cru que mes créations trouveraient des oreilles attentives. Au fil des ans, ce fut pour moi une déception. Même mon invitation pour participer au Festival international de l’invention et de l’innovation en France en 2005 a été un échec faute de moyens et de Visa. Je me suis battu durant des années contre vents et marées sans réussir à déghettoiser mes petites inventions », soupire-t-il. Il signale quand même que certaines sont brevetées et enregistrées chez l’Onda.
L’APW s’était pourtant engagée…
S’il est vrai que Youcef n’a pas eu des offres pour concrétiser ses projets, il est reconnu et primé dans de nombreuses expositions auxquelles il a pris part telle celle organisée par l’association «les petits débrouillards», à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi- Ouzou en 2016. Son nom, confie-t-il, figure aussi dans le fascicule de l’Institut National de la Propriété Industrielle à la page 47.
Ce n’est pas facile de se frayer un chemin dans ce domaine mais je ne désespère pas pour autant surtout que le Président de la République M. Abdelmadjid Teboune accorde une intention particulière pour le domaine de la créativité»
Youcef Hamdidi
Par ailleurs, notre « inventeur » est un excellent imitateur de voix et il a aussi dans son escarcelle pas moins de 150 poèmes en Tamazight traduits en langue française qu’il compte éditer si et seulement si un éditeur lui faciliterait les choses . « D’autres petites inventions sont prêtes et sommeillent dans mon hangar. J’attends toujours des contacts. Ce n’est pas facile de se frayer un chemin dans ce domaine mais je ne désespère pas pour autant surtout que le Président de la République M. Abdelmadjid Teboune accorde une intention particulière pour le domaine de la créativité « , conclut-il en attendant le soutien promis par l’APW de Tizi- Ouzou.
Même s’il est à bout de souffle sachant qu’il avance en âge, cet inventeur natif de M’Kira dans la daira de Tizi-Gheniff, wilaya de Tizi- Ouzou, estime que ces quarante années passées à griller sa matière grise ne seront pas vaines.
A.O

