L’hépatite virale est une inflammation du foie causée par divers virus. Il en existe plusieurs types principaux : A, B, C, D et E. Chacun a des caractéristiques et des modes de transmission différents.
Les symptômes de l’hépatite virale peuvent inclure fatigue, jaunisse (jaunissement de la peau et des yeux), douleurs abdominales, nausées, vomissements et perte d’appétit.
Cependant, certains types d’hépatite peuvent être asymptomatiques, surtout au début. Le diagnostic est généralement confirmé par des tests sanguins, et le traitement varie en fonction du type et de la gravité de l’infection.
Une « culture sanitaire » défaillante
Sur le plan épidémiologique, l’Algérie est classée comme une zone de moyenne endémicité pour les hépatites virales B et C. La prévalence du virus B y est estimée à 2,15 %, tandis que celle du virus C est de 1 %. Cependant, malgré ces chiffres, un manque de culture sanitaire préventive et l’absence de dépistage précoce continuent de poser problème.
Chaque année, une augmentation des cas est observée, soulignant l’urgence d’une meilleure sensibilisation et d’une prévention accrue pour maîtriser cette situation. À Oran, chaque mois, 8 nouveaux cas d’hépatite virale B et 3 nouveaux cas d’hépatite virale C sont enregistrés au service des maladies gastro-intestinales et des maladies du foie de l’établissement hospitalier universitaire (EHU) 1er novembre 1954. Ces chiffres ont été révélés par la professeure Chafika Manouni à l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite virale, célébrée chaque année le 28 juillet.
Bien que des traitements adaptés soient disponibles pour ces maladies, leur propagation est exacerbée par un manque de culture sanitaire préventive et l’absence de dépistage précoce, a souligné la professeure Manouni.
Quand l’ignorance prend le pas sur la médecine…
Cette dernière, a également mis en garde contre la médecine alternative et la phytothérapie. « Ces pratiques non conventionnelles retardent le diagnostic et peuvent aggraver la maladie et détériorer la santé des patients, avec des conséquences graves, car l’hépatite virale peut évoluer vers une cirrhose ou un cancer du foie, et peut même entraîner la mort d’un patient en raison du retard dans l’administration du traitement approprié », a-t-elle averti.
En outre, cette spécialiste a exprimé des préoccupations concernant l’usage croissant de traitements traditionnels non médicaux, comme les objets tranchants et des substances telles que l’ail, qui conduisent souvent les patients à abandonner leurs traitements médicaux et aggravent leur condition. Elle a cité le cas tragique d’un jeune homme de vingt ans, arrivé dans un état très avancé d’hépatite virale A et décédé après quelques semaines.
«Tchratte », le « rite » de tous les dangers!
En effet, la scarification, appelée « Tchratte », est une méthode traditionnelle de traitement de l’hépatite virale en vogue à Oran comme dans plusieurs wilayas du pays.
Plusieurs personnes atteintes de la maladie croient en cette pratique, qui consiste à effectuer une incision superficielle de la peau humaine par des guérisseurs à l’aide d’une lame à rasoir sur le front ou l’abdomen, à l’aide d’un rasoir, d’une aiguille ou d’un canif. Certains utilisent des branches de laurier chauffées et lubrifiées à l’huile d’olive qu’ils posent sur l’abdomen du malade.
Encouragés par l’engouement des citoyens pour cette méthode, des guérisseurs s’évertuent à aménager des lieux pour les séances de scarification au sein même de leurs maisons. En général, la scarification est pratiquée par des vieillards. Des femmes s’en font également une source de revenus et un commerce. La séance, qui prend quelques minutes, est payée entre 500 et 1000 DA.
Pour ce qui est des modes de transmission de ces maladies, le Pr. Manouni a cité l’usage de drogues injectables, notamment chez les jeunes avec des seringues partagées, ce qui augmente les risques de contamination. Les hépatites B et C se transmettent aussi par injection ou contact avec des fluides corporels infectés (salive, sécrétions buccales, relations sexuelles).
Dépistage: Un réflexe à assimiler
En Algérie, les vaccins efficaces à 95 % et les médicaments génériques pour le traitement de l’hépatite C, fabriqués localement et agréés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), constituent une véritable arme dans le cadre du programme national de lutte contre cette pathologie.
Dans ce cadre, la professeure Manouni a précisé que son service utilise un traitement 100 % algérien pour l’hépatite C, visant à réduire les taux de mortalité et à contenir cette infection qui prend des proportions inquiétantes dans la wilaya. Prof. Manouni a lancé un appel aux citoyens pour effectuer des dépistages précoces et être vigilants si un membre de la famille est infecté.
Un « livre blanc » et une plateforme numérique dédiés
En parallèle, le ministère de la Santé a récemment mis en place une plateforme numérique pour recenser les cas d’hépatite virale et suivre les traitements à l’échelle nationale, a-t-elle ajouté. Le service de l’EHU sera équipé de ce programme numérique dans les jours à venir, dans le cadre des efforts nationaux pour éradiquer l’hépatite virale.
Cette initiative fait partie d’une stratégie nationale visant à améliorer le diagnostic et la gestion des hépatites B et C, avec une intégration à un réseau national de lutte contre l’hépatite au cours de l’année.
Par ailleurs, la professeure Manouni a mentionné la participation à un guide intitulé « Livre blanc », élaboré par le ministère de la Santé, destiné à fournir des directives aux médecins généralistes et spécialistes pour mieux traiter les hépatites virales.
Ce guide permettra d’optimiser l’efficacité et la fiabilité des informations cliniques et épidémiologiques et de définir le rôle des intervenants concernés des différentes structures de santé du pays dans la prise en charge de cette pathologie et l’amélioration du traitement dispensé aux malades.
L’Algérie en « modèle » de lutte contre l’hépatite
Pour conclure, un programme de sensibilisation a été lancé par l EHU à l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite virale, mettant en avant l’urgence d’accélérer les programmes de dépistage et d’améliorer l’accès aux services de traitement et de prévention, afin d’atteindre l’objectif ambitieux de l’Organisation mondiale de la santé : éliminer l’hépatite comme problème de santé publique d’ici 2030.
Le programme national de lutte contre l’hépatite est considéré comme « un modèle » à l’échelle africaine, reposant sur deux mesures fondamentales en termes de prévention : la vaccination contre l’hépatite B, introduite depuis 2001 dans le calendrier national de vaccination, et la transfusion sanguine soumise aux règles de bonnes pratiques. Au niveau diagnostic et traitement, 45 centres de soins ont été créés à l’échelle nationale pour assurer l’évaluation de l’aspect épidémiologique et l’adoption de l’approche thérapeutique adéquate.
M. H
