Certains walis de la République, usent et abusent du « langage de la rue », croyant à tort s’attirer la sympathie des citoyens. Cependant, il arrive que parfois ils dérapent et leurs propos prennent une tournure laquelle prête à équivoque.
Le wali de Mila, M.Mustapha Guerriche, qui est réputé pour sa spontanéité et sa «gouaille» notamment avec les médias, vient de franchir, sans doute par inadvertance, l’étroite ligne séparant la boutade du propos offensant.
« Ils ont la forêt pour s’entraîner… »
La scène qui suit, laquelle s’est déroulée le jeudi 23 janvier 2025, lors d’un Conseil de wilaya consacré visiblement au secteur de la Jeunesse et sports dans la wilaya de Mila, traduit on ne peut mieux les limites du langage que doivent observer les walis de la République, sous peine de déclencher une véritable polémique.
En effet et répondant à une doléance exprimée par l’élu un de l’Assemblée populaire de wilaya (APW) locale, au sujet de la mise en place d’une piste d’athlétisme au profit du village d’El Graguem Gouga, afin que les athlètes en herbes de ce village, qui sont potentiellement les futurs champions de demain puissent s’exercer, le wali de Mila a eu des propos malheureux en guise de réponse. « Ils (les athlètes, NDLR), ont la forêt pour s’exercer. Ils peuvent monter jusqu’au village de Hamala et redescendre. Ils peuvent même devenir des champions du monde !», a-t-il argué. Poursuivant sur sa lancée, le wali de Mila blâmera le mouvement associatif dudit village, de ne pas avoir réclamé une piste d’athlétisme au moment opportun. « Ils ont raté l’occasion quand on a réalisé le stade. À ce moment-là, ils auraient dû prévoir la piste », a-t-il répondu sèchement.
Le dépit d’un champion olympique…
Devant ces propos, à la limite de l’impolitesse, le champion olympique Skander Djamil Athmani, a réagit en exprimant son dépit face à ces déclarations. « J’aurais aimé une meilleure réponse à cette doléance tout à fait légitime où du moins que les autorités concernées essayent de faire de leur mieux pour satisfaire cette simple requête », a-t-il écrit sur son compte Facebook. Il est vrai que la réponse du wali de Mila est aux antipodes des orientations du chef de l’État, M. Abdelmadjid Tebboune, qui ne cesse de marteler que l’Etat « entièrement disposé » à apporter aide et assistance à la jeunesse, notamment en ce qui concerne le sport. Le wali de Mila ne sait-il pas que les meilleurs athlètes du pays et qui ont honoré l’Algérie à travers les plus grandes compétitions internationales, sont pour la plupart issus des patelins les plus isolés du pays. La promotion du sport en général et de l’athlétisme en particulier, commence à la source, à savoir : l’Algérie profonde.