Algérie-Espagne : Une « normalisation inachevée » estime le PP

Après deux années de tensions diplomatiques liées à la question du Sahara occidental, les relations entre l’Algérie et l’Espagne semblent amorcer un net réchauffement. 

Ainsi, le retour de l’ambassadeur algérien à Madrid, la reprise des échanges politiques de haut niveau, et la récente visite du ministre de l’Intérieur algérien à Madrid en témoignent.

Cependant et même si cette normalisation est saluée par les deux gouvernements, elle ne convainc pas totalement l’opposition espagnole.

Une relance diplomatique encore timide

En effet, c’est d’abord sur le plan économique que le PP exprime ses inquiétudes. Dans une proposition soumise à la commission des Affaires étrangères du Congrès, et relayé par l’agence EFE, le parti conservateur estime que les échanges bilatéraux n’ont toujours pas retrouvé leur pleine vigueur. 

La crise diplomatique déclenchée entre l’Algérie et l’Espagne en 2022 a eu des répercussions directes : suspension du traité d’amitié, gel des relations commerciales, et chute des exportations espagnoles vers l’Algérie. Et même si l’embargo a été levé en novembre dernier, les effets de la rupture continuent de se faire sentir dans plusieurs secteurs, où les échanges n’ont pas encore retrouvé leur dynamique d’avant-crise.

Asymétrie des visites diplomatiques 

Autre point soulevé : l’asymétrie des visites diplomatiques. Le PP déplore qu’aucun responsable espagnol de haut niveau ne se soit encore rendu à Alger depuis 2021, malgré les gestes d’ouverture algériens et les déclarations bienveillantes des autorités Algériennes, notamment le Président de la République qui a qualifié l’Espagne de « pays ami ».

Un déséquilibre que le parti interprète comme un manque de volonté politique de la part de l’exécutif espagnol pour rétablir pleinement la confiance, ce qui est susceptible selon le parti de freiner une normalisation complète.

Sahara Occidental, le point de fracture non refermé 

Par ailleurs, et au cœur des critiques figure enfin la question du Sahara occidental. Le Parti populaire exhorte le gouvernement à réviser sa position, qualifiée de rupture avec la tradition diplomatique espagnole.

Il appelle à revenir à une posture de « neutralité historique » et à soutenir activement les efforts de la Mission des Nations Unies (MINURSO) en faveur d’un référendum d’autodétermination. Pour le PP, ce réajustement est indispensable pour restaurer une relation équilibrée et durable avec l’Algérie.

Le dégel acté 

Pour rappel, c’est en mars 2022 que les relations entre Alger et Madrid ont connu un tournant dramatique.

Le soutien exprimé par le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental a été perçu par l’Algérie comme une rupture de la position traditionnelle de neutralité de l’Espagne sur ce conflit vieux de plusieurs décennies.

En réponse, Alger a suspendu le traité d’amitié entre les deux pays, rappelé son ambassadeur à Madrid et imposé un gel quasi total des relations commerciales.

Toutefois, deux ans plus tard, les gestes d’apaisement se sont multipliés – retour de l’ambassadeur algérien à Madrid, félicitations officielles entre chefs d’État et rencontres diplomatiques, notamment la visite en février dernier du ministre de l’Intérieur algérien en Espagne et la rencontre entre les ministres des Affaires étrangères Ahmed Attaf et José Manuel Albares en marge du G20 à Johannesburg qui a marqué la première réunion de ce niveau depuis 2022. 

La relance du dialogue entre Alger et Madrid ouvre la voie à une nouvelle phase de coopération, mais elle ne pourra se faire sans une clarification de la position espagnole sur le Sahara occidental, dossier central pour la diplomatie algérienne.

Si le climat semble à l’apaisement, la consolidation d’un partenariat équilibré passera par des gestes concrets de part et d’autre, tant sur le plan politique qu’économique.  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *