Bruxelles vient d’entériner un projet d’envergure qui illustre à merveille le renouveau de la coopération entre Alger et Rome.
Ainsi, le 1er août 2025, la Commission européenne a publié un décret officialisant l’inscription du projet énergétique Medlink, reliant l’Algérie à l’Italie via un câble sous-marin, parmi les projets transfrontaliers jugés prioritaires et éligibles au financement dans le cadre du mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE).
Une autoroute verte de l’énergie
En effet, ce projet emblématique s’inscrit dans la dynamique de rapprochement stratégique entre Alger et Rome, dans un climat apaisé et prometteur, digne d’une véritable dolce vita diplomatique et énergétique. Il incarne une vision commune de la transition énergétique, du développement durable et de la souveraineté énergétique régionale.
Le projet Medlink ambitionne de transporter vers l’Europe une électricité d’origine 100 % renouvelable, produite en grande majorité en Algérie. Il prévoit le développement d’une capacité de production de 10 gigawatts d’énergies renouvelables, principalement sur le territoire algérien — avec une contribution moindre de la Tunisie — pour une production totale estimée à 30 térawattheures par an.
Sur ce total, 4 gigawatts seront exportés vers l’Italie via un câble électrique sous-marin, tandis qu’une partie de l’énergie servira à répondre à la demande domestique.Ce corridor vert vers le Nord s’inscrit dans un mouvement plus large de diversification des sources d’approvisionnement pour l’Europe, confrontée à une géopolitique énergétique incertaine depuis plusieurs années.
Un projet stratégique pour l’Europe
Avec Medlink, l’Algérie renforce son rôle de fournisseur fiable et durable d’énergie pour le continent européen, au même titre que les projets de champs d’éoliennes offshore dans la mer Baltique ou encore le réseau de chauffage vert entre l’Allemagne et la Pologne, également inclus dans la nouvelle liste de la Commission européenne.
Cette reconnaissance européenne confère au projet un statut particulier, lui ouvrant droit à des subventions pour les études techniques comme pour la phase de réalisation. Dans les prochaines semaines, Bruxelles lancera un appel à propositions de financement, ce qui pourrait permettre le lancement opérationnel du projet à court terme.
Alger-Rome : une alliance verte
Ce câble électrique entre les deux rives de la Méditerranée est bien plus qu’un projet énergétique : il est le symbole d’un partenariat stratégique en pleine expansion entre l’Algérie et l’Italie. Ce rapprochement, réaffirmé lors du 5e sommet bilatéral de haut niveau récemment tenu à Rome, témoigne d’une convergence de visions sur les grands défis énergétiques et environnementaux.
L’Italie, souvent qualifiée de « porte d’entrée sud de l’Europe », consolide ainsi son rôle de hub énergétique du continent, tout en misant sur la stabilité et les ressources de son partenaire du sud. De son côté, l’Algérie confirme sa transition d’un statut de simple exportateur de gaz vers celui d’un acteur clé de la transition énergétique européenne.
Une ambition méditerranéenne
Le projet Medlink marque ainsi une étape décisive dans la montée en puissance des énergies vertes en Afrique du Nord. Il s’inscrit également dans les ambitions renouvelées d’Alger de diversifier son économie, tout en capitalisant sur son ensoleillement exceptionnel et son vaste territoire. Par-delà la technique et les chiffres, c’est une vision géopolitique nouvelle qui se dessine : celle d’une Méditerranée connectée, solidaire et tournée vers un avenir énergétique propre et durable.