Depuis quelques jours, Paris semble en proie à une véritable crise de nerfs autour du cas Boualem Sansal, écrivain franco-algérien fraîchement naturalisé français et condamné à cinq ans de prison ferme en Algérie.
Une condamnation qui a donné lieu à un déferlement politico-médiatique aux relents néocoloniaux, révélant, une fois de plus, le double langage et l’arrogance bien ancrée des autorités françaises.
Un citoyen « plus important » que 2296 autres ?
En effet, la réaction outrancière de la France interroge : pourquoi une telle agitation pour un homme qui n’a obtenu la nationalité française qu’il y a un an, alors que 2297 citoyens français croupissent dans les geôles étrangères sans susciter la moindre émotion à Paris ? Ce chiffre émane du ministère franacis de l’europe et des affaires étrangères.
D’ailleurs, meme le journaliste Christophe Gleizes, pourtant francais de souche, et qui a été condamné dernièrement en Algérie pour « apologie du terrorisme » et «possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national» ne bénéficie pas d’une telle attention de la part des autorités fancaises. Il en ressort que le traitement réservé à Sansal tranche cruellement avec le silence assourdissant autour des autres détenus français dans des pays issus des quatre continents. À croire que l’écrivain n’est qu’un prétexte dans un agenda plus vaste, un pion dans une stratégie de pression sur Alger.
Discours moralisateurs et menaces voilées
Au lieu d’un dialogue apaisé, c’est la posture condescendante qui domine. Sophie Préma, porte-parole du gouvernement français, n’a pas hésité à remettre en cause la crédibilité de la justice algérienne, évoquant des « accusations non fondées ». Pis encore, elle a osé agiter la menace d’un « plan de riposte progressif », soutenu par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Et ce, tout en appelant, dans un même souffle, le président Tebboune à accorder un « pardon humanitaire », au nom du fameux « passé commun » entre les deux pays.
L’ingérence comme mode opératoire
L’indignation française semble encore plus déplacée quand on rappelle que la France ignore royalement les 51 mandats d’arrêt lancés par la justice algérienne à l’encontre de personnes ayant porté atteinte à l’unité nationale et à l’économie du pays. Paris, pourtant liée à Alger par des accords judiciaires, n’a manifesté aucune volonté de coopérer.
Là encore, deux poids, deux mesures.
Depuis la confirmation de la peine infligée à Sansal, Paris a franchi toutes les lignes rouges, s’immisçant sans retenue dans les affaires internes de l’Algérie. Le ton paternaliste adopté à Paris rappelle les pires heures du colonialisme, comme l’a souligné à plusieurs reprises le président Tebboune, en réaffirmant la souveraineté absolue de la justice algérienne.
Des soutiens qui en disent long sur l’état de la France
Fort heureusement, tout le monde en France ne joue pas cette partition arrogante. Le parti « La France insoumise », conduit par Jean-Luc Mélenchon, ainsi que des figures comme la députée européenne Manon Aubry, dénoncent l’instrumentalisation politique de l’affaire Sansal. Pour eux, ce dossier est avant tout une manœuvre de l’exécutif français pour empoisonner les relations bilatérales, tout en mobilisant les institutions européennes contre l’Algérie. Aubry s’interroge d’ailleurs : « Pourquoi se concentrer uniquement sur Sansal et ignorer les autres Français détenus à l’étranger ? ».
À droite, c’est un festival de déclarations provocatrices. L’ancien candidat franco-algérien à la présidentielle, Rachid Nekkaz, a lui aussi pris la parole pour appeler le président Tebboune à ne pas céder à la pression française, dénonçant au passage le mépris du Premier ministre François Bayrou vis-à-vis des institutions algériennes. « Il parle comme un gouverneur colonial », a-t-il lancé dans une vidéo virale sur YouTube.
Même le philosophe Pascal Bruckner, membre du comité de soutien à Sansal, y est allé de sa diatribe : « L’Algérie mène une guerre contre la France, et notre gouvernement est trop faible pour réagir ». De son côté, Gilbert Collard a tourné en dérision Emmanuel Macron et Jean-Noël Barrot, les qualifiant de « mollusques internationaux », incapables de faire libérer Sansal, mais rêvant de négocier entre Israël et l’Iran.
Une hystérie orchestrée qui ne trompe personne
Derrière ce brouhaha médiatique, se cache une tentative claire de pression sur Alger, maquillée en défense des droits de l’homme. Mais l’Algérie ne se laissera pas intimider. Comme l’a dit Manon Aubry : « Si la France veut vraiment obtenir la libération de Sansal, elle doit renoncer à l’escalade et choisir le chemin du dialogue ».
Pour l’instant, l’Algérie tient bon. Elle défend la souveraineté de ses institutions, l’indépendance de sa justice, et surtout, elle refuse de céder au chantage, qu’il vienne de Paris ou de Strasbourg. Cette affaire révèle bien plus qu’un différend autour d’un écrivain : elle expose le malaise profond de la France face à une Algérie qui ne se laisse plus dicter sa conduite.