Dans une démarche inédite visant à lutter contre la propagation alarmante des pratiques de charlatanisme sorcellerie et autres « magie noire », l’Algérie adopte une série de mesures répressives à travers la loi n° 24-06 du 28 avril 2024.
Ainsi, cette loi, qui modifie et complète l’ordonnance 66-154 du 8 juin 1966 portant Code pénal, introduit un nouveau cadre juridique spécifiquement dédié aux actes de sorcellerie et de charlatanisme.
Des peines alourdies
En effet, dans une réponse à une question du parlementaire Djeddou Rabah, le ministre de la justice, garde des sceaux, Lotfi Boudjemaa explique que selon l’article 303 bis 42 et les dispositions qui suivent du code pénal, toute personne s’adonnant à des pratiques de sorcellerie encourt une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison assortie d’une amende maximale de 300.000 dinars.
Cette peine est aggravée lorsque ces pratiques entraînent un préjudice physique ou moral, pouvant alors aller jusqu’à sept ans de réclusion et une amende de 700.000 dinars. Dans les cas où la sorcellerie est utilisée pour porter atteinte à la vie privée, à l’honneur ou à la dignité d’une personne, ou lorsqu’elle s’accompagne d’escroquerie, les peines deviennent encore plus lourdes. Elles peuvent atteindre jusqu’à dix ans de prison et un million de dinars d’amende.
Des mesures complémentaires pour stopper le phénomène
Outre les peines d’emprisonnement et les amendes, la loi prévoit des mesures strictes à l’encontre des auteurs et des complices de ces actes.
Ainsi, toute somme d’argent ou tout matériel utilisé pour la perpétration de ces crimes sera systématiquement confisqué. De plus, les sites internet promouvant la sorcellerie pourront être bloqués et les lieux où ces pratiques sont exercées pourront être fermés.
Un phénomène en hausse, une réaction ferme
Cette modification du Code pénal survient dans un contexte marqué par une recrudescence inquiétante des activités de charlatans et des actes de sorcellerie. Preuve en est, plusieurs affaires ont révélé comment des individus vulnérables ont été dépouillés de leurs biens ou soumis à des manipulations psychologiques lourdes.
Dans certains cas extrêmes, ces pratiques ont eu des conséquences dramatiques, allant de sévices physiques à une emprise mentale destructrice, plongeant certaines victimes dans une profonde détresse.
Tolérance zéro!
Ainsi, l’adoption de cette loi illustre la détermination des autorités à intensifier la lutte contre ce phénomène, largement désapprouvé par la population mais qui continue néanmoins de tenter certains adeptes. En érigeant en infraction toute forme de sorcellerie, y compris sa promotion sur les réseaux sociaux ou par d’autres canaux de communication, l’Algérie affiche une position intransigeante.
La tolérance à l’égard de ces pratiques se réduit considérablement, et ceux qui s’y livrent s’exposent désormais à des sanctions exemplaires. Le but est non seulement de punir les responsables, mais aussi de dissuader toute propagation de ces pratiques dans la société. En criminalisant plus sévèrement ces actes, l’Algérie espère protéger ses citoyens des abus liés à la sorcellerie et au charlatanisme.