Par Amar Ouramdane
Il est vrai que le ministère de l’éducation nationale n’a rien laissé au hasard pour garantir une place pédagogique pour les onze millions d’élèves des trois paliers de l’enseignement général ( primaire, moyen et secondaire).
Une année marquée aussi par le département d’Abdelkrim Belaabed, ministre de l’éducation nationale) en numérisant toutes les opérations administratives telles les inscriptions au préscolaire ( qui a débuté hier dimanche 29 septembre et s’etalera jusqu’au 7 octobre, recrutement d’enseignants vacataires, demande de transfert d’une école à une autre). Rentrée scolaire réussie avec moins de couacs que les années précédentes. Ceci dit, qu’en est-il des cours de soutien dispensés dans des endroits inadéquats pour non seulement les apprentissages mais aussi dans des conditions désagréables qui menacent la santé des enfants et des adolescents ?
Un business lucratif!
Il est vrai que depuis déjà du temps du ministre Benbouzid qui a régné dix dix-sept ans à la tête de cet important ministère qu’on parlait de l’organisation de cette pratique pédagogique dictée aux familles par des enseignants toujours en poste. En vain. A peine la joie du 22 septembre, premier jour de classe, passée où les parents ont été laminés par les frais qui leur ont coûté énormément de dépenses, les voilà confrontés à une autre exigence qu’ils doivent supporter : inscrire leurs enfants chez des particuliers moyennant des milliers de dinars par an. Aujourd’hui, donner des cours dans trois matières essentielles revient à plus de 30 000 dinars aux parents. Les réseaux sociaux regorgent d’offres aux parents pour leur confier leurs enfants.
Des « profs » multifonctions!
Le comble est que dans certains messages, une personne avance donner des cours dans trois matières différentes. « Pourquoi alors spécialiser un enseignant dans une seule matière « , s’interroge un internaute dans un commentaire. « Le ministre de l’éducation nationale doit sévir pour mettre de l’ordre dans cette pratique comme c’est le cas de celui de la santé qui a réussi à freiner cette pratique qui contraint son personnel à ne plus assurer des prestations en même temps dans le secteur public que dans le privé. Ou bien l’enseignant se maintient dans l’école publique ou bien il choisit une autre voie», estime un parent d’élève.
Un autre, abondera dans le même sens «Les deux fonctions en même temps ne travaillent pas l’éducation nationale. C’est très important parce que certains enseignants ne se donnent pas à fond devant leurs élèves en classe et retiennent quelques astuces qu’ils donneront seulement dans les garages », estime un parent d’élève à Tizi- Ouzou qui jure n’avoir jamais déboursé un sou pour inscrire ses enfants à ce genre de cours. Pourtant , confie-t-il, ils ont tous réussi dans leurs études.
Une arnaque généralisée
Si par le passé, ces cours étaient destinés aux élèves des classes d’examen, de nos jours, cette pratique touche même les élèves du primaire. Pourtant, le bachelier classé en tête lors des résultats du Bac 2024 a déclaré qu’il n’avait jamais reçu de cours de soutien. C’est un exemple de réussite, juge un parent d’élève. «Nous avons constaté que certains élèves ne suivent pas convenablement nos cours. Ils pensent que les cours de soutien dispensés dans les garages leur garantissent la réussite. Ils se trompent. Il faudrait que l’État suive de près cette pratique qui menace l’école publique pour laquelle des milliards de dinars sont consacrés « , répond un jeune enseignant de mathématiques à Tizi-Gheniff où ces cours ont pris une grande allure en accusant au passage ces aînés qui recourent à cette pratique qui échappe à tout contrôle et génère des millions de centimes à verser dans l’informel.
Un encadrement qui fait défaut!
Un ex professeur de langue française en retraite est catégorique et propose : » Peut être pour freiner ce phénomène peu connu chez nous jusqu’aux années 2000, le ministre de l’éducation peut recruter des enseignants en retraite chevronnés dans toutes les matières et donner des cours et des orientations notamment aux élèves des classes d’examen moyennant une petite prime dans des lycées et des collèges les samedis, les vendredis, les mardis après-midi et durant les vacances scolaires en etudes surveillées d’une part, et faire signer aux enseignants en même temps que leur P.V d’installation un engagement de ne pas donner des cours de soutien et se consacrer entièrement à leur mission dans leurs établissements respectifs. Faute de quoi, des sanctions seront tombées, d’autre part. Basta! Mettre fin à ce phénomène est une urgence sur laquelle doit se pencher la tutelle ».
A.O