L’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet vient de livrer le véritable instigateur de la crise entre Alger et Paris : Emmanuel Macron
Dans une déclaration sans précédent, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a reconnu que la décision prise par le président Emmanuel Macron, durant l’été 2024, de s’aligner sur la position marocaine concernant le dossier du Sahara occidental, a été le principal déclencheur de la crise « grave et profonde » qui secoue les relations franco-algériennes depuis plus d’un an.
Ainsi, Il s’agit là du premier aveu officiel émanant d’un responsable français en poste quant à la responsabilité directe de l’Élysée dans la détérioration des liens bilatéraux.
Un « ange passe » sur le plateau de France Info
En effet, invité sur le plateau de France Info vendredi 14 novembre 2025, le diplomate français s’est retrouvé dans une situation délicate lorsqu’une journaliste l’a interrogé frontalement sur la possibilité d’un recul de Paris concernant son soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental, proposé par Rabat en 2007. Une question d’autant plus sensible que ce soutien français a été, de l’avis général, l’élément qui a « détruit » les relations entre Alger et Paris.
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Visiblement déstabilisé, Stéphane Romatet — qui avait quitté l’Algérie contre son gré en avril après l’expulsion par Alger de 12 diplomates travaillant à ses côtés — a fini par reconnaître explicitement que l’initiative de Macron en 2024 avait servi d’étincelle à la crise.
Une reconnaissance claire et directe
« L’évolution de la position française, telle que décidée par le président de la République durant l’été 2024, a effectivement été le véritable déclencheur de la crise actuelle, entraînant une situation dangereuse et une rupture profonde avec l’Algérie », a admis Romatet, avant de souligner la nécessité d’« un chemin pour rétablir le dialogue » avec Alger.
Pour tenter de justifier la posture française, l’ambassadeur a évoqué la responsabilité de Paris, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, dans la mise en œuvre de la résolution 2797 des Nations unies relative au Sahara occidental. Il a également rappelé que d’autres enjeux géopolitiques attendent une relance du dialogue avec Alger, notamment « l’application de la décision onusienne, l’avenir du Sahel et la question migratoire ».
Un aveu qui balaye un an et demi de dénégations
C’est la première fois qu’un haut responsable français en exercice reconnaît de façon aussi directe que la crise trouve son origine dans une décision personnelle d’Emmanuel Macron concernant le dossier sahraoui. Pendant près de 18 mois, nombre de responsables politiques et de médias français avaient préféré pointer des sujets annexes — immigration, cas de l’écrivain Boualem Sansal, ou encore tensions consulaires — pour éviter d’aborder l’erreur stratégique de l’Élysée.
Des avertissements ignorés par Macron
Par ailleurs, et selon des sources proches du dossier, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait pourtant mis en garde Emmanuel Macron, lors de leur rencontre en marge du G20 à Bari le 13 juin 2024, contre toute prise de position en faveur du Maroc dans ce dossier sensible. Malgré cet avertissement clair, le chef de l’État français a officialisé son soutien au plan d’autonomie marocain le 30 juillet 2024, soit un mois et demi plus tard.
Cette décision a immédiatement provoqué une réaction ferme d’Alger, qui a rappelé son ambassadeur pour consultations — un poste resté vacant jusqu’à aujourd’hui. De son côté, Romatet est resté en poste malgré la rupture grandissante, avant que Paris ne décide finalement de le rappeler en avril 2025, lorsqu’il est devenu évident qu’il n’était plus le bienvenu à Alger.
Une crise devenue « boule de neige »
La crise, partie d’un choix politique mal calculé, s’est transformée au fil des mois en véritable « boule de neige ». Les réserves diplomatiques, sécuritaires et migratoires ont alimenté les tensions, rendant aujourd’hui le retour à la normale particulièrement ardu. Les propos de Romatet sonnent comme un constat tardif : la France ne pourra espérer une reprise du dialogue sans réviser son approche du dossier sahraoui.
