La crise entre la France et l’Algérie affecte profondément les échanges économiques entre les deux pays et bien évidemment, l’économie française en subit les conséquences de plein fouet!
Ainsi, cette situation délicate, dont les implications dépassent le cadre strictement diplomatique, vient d’etre mise en lumière par le journal « L’Opinion ». En s’appuyant sur une connaissance fine des enjeux bilatéraux, le quotidien français propose un décryptage détaillé des pertes subies par la partie francaise.
En effet, le quotidien français, reconnu pour son expertise dans le décryptage des relations entre Alger et Paris, a publié hier une analyse intitulée « Comment l’Algérie a fermé la porte aux produits alimentaires français ». Ce travail journalistique met en lumière les lourdes conséquences économiques de la crise diplomatique actuelle entre les deux pays. Il en ressort que la détérioration des relations bilatérales a eu un impact direct et significatif sur les échanges commerciaux, notamment dans le secteur agroalimentaire, où la France perd progressivement sa position dominante sur le marché algérien.
Agroalimentaire: Le déclin
Le média souligne que jusqu’au début des années 2000, la France figurait parmi les principaux fournisseurs de produits agroalimentaires pour l’Algérie, couvrant environ 14 % de ses besoins. Les exportations comprenaient des céréales, des produits laitiers, du bétail, de la volaille ainsi que du sucre et divers produits transformés comme les confiseries et les légumes en conserve.
Cependant, cette suprématie s’est progressivement effritée. En 2022, la valeur des exportations agricoles françaises vers l’Algérie atteignait 1,3 milliard d’euros, d’après Thierry Pouch, économiste en chef des Chambres d’agriculture françaises, cité par le média. Un an plus tard, en 2023, ce chiffre a chuté de moitié pour tomber à 628 millions d’euros. La tendance baissière devrait se poursuivre en 2024, avec une nouvelle diminution attendue.
Le blé français indésirable
Autrefois incontournable sur le marché algérien, le blé français connaît une chute vertigineuse. En 2018, la France assurait 80 à 90 % des importations algériennes de blé, soit 5,4 millions de tonnes. En 2021, ce volume a diminué à 2,1 millions de tonnes, avant de tomber à seulement 608.000 tonnes en 2023.
Cette baisse s’est accélérée fin 2024, puisque le marché est désormais dominé par les céréales russes et ukrainiennes. Au-delà des différends politiques, cette évolution est également dictée par des considérations économiques : le blé français est jugé plus coûteux et de qualité inférieure par rapport à ses concurrents russes et ukrainiens. Par ailleurs, sous l’impulsion du président algérien Abdelmadjid Tebboune, le pays a mis en place des méga-projets agricoles visant à atteindre l’autosuffisance alimentaire, réduisant ainsi sa dépendance aux importations.
Des filières mises à mal
Par ailleurs, la réorientation stratégique de l’Algérie ne se limite pas aux céréales. Depuis l’été 2024, le pays a cessé d’importer de la viande bovine française, tandis que le secteur laitier subit également de plein fouet cette rupture. Entre janvier et novembre 2024, les exportations françaises de produits laitiers vers l’Algérie ont enregistré selon la meme source, une baisse de 25 % par rapport à l’année précédente.
Les produits transformés sont également impactés. De nombreuses denrées qui trouvaient autrefois un marché naturel en Algérie peinent désormais à franchir les frontières, conséquence d’une politique algérienne visant à diversifier ses partenaires commerciaux et à encourager la production locale.
L’ampleur de cette crise laisse entrevoir un avenir où la dépendance algérienne aux exportations françaises pourrait disparaître totalement. Alger semble avoir pris un tournant décisif en réduisant au strict minimum ses liens économiques avec la France, préférant établir des relations commerciales avec de nouveaux partenaires plus compétitifs et politiquement neutres.