Au fil des années et des crises entre les deux pays, la France n’a plus le monopole du blé en Algérie. Loin s’en faut ! Elle a été largement dépassée par d’autres pays, à l’instar de la Russie, laquelle s’est hissée pratiquement à la première place des exportateurs de blé vers l’Algérie.
Moins 80% en un an!
En effet et selon le la revue spécialisée du Trésor public français « Lettres économiques d’Algérie », datée du 10 mars dernier, les importations de l’Algérie en céréales originaires de l’hexagone, ont chuté durant l’exercice écoulé de plus de 80%, se stabilisant à 166 millions de dollars, alors que deux ans plus tôt, elles étaient de l’ordre de 834 millions de dollars.
Ainsi et d’après la même source, cette chute des exportations de blé français vers l’Algérie, a également entraîné un fort recul des des exportations de produits agricoles et autres intrants chimiques nécessaires aux cultures céréalères. Secteur traditionnellement important des ventes françaises en Algérie, les exportations de produits agricoles (276 millions d’euros en 2023), désormais cinquième poste à l’exportation, enregistrent une évolution négative (-73,1%) par rapport à 2022 », est-il mentionné.
Désormais et c’est un fait, la France peine à exporter ses céréales vers notre pays et les chiffres du Trésor public français en sont la preuve. Ainsi et d’après la même source, l’Algérie n’est plus la « chasse gardée » de la France en matière d’exportation de céréales, notamment le blé tendre, et ce, grâce à la diversification de ses sources d’approvisionnement, mais aussi, du fait que le blé français, plus cher que celui d’autres fournisseurs, notamment la Russie.
La Russie fait « son blé » en Algérie
Cette dernière, en revanche, a tiré son épingle du jeu, en multipliant par quatre ses exportations vers notre pays. Ainsi et d’après le même rapport, il est fait état que la Russie, a expédié plus de 1.5 millions de tonnes de blé en 6 mois, soit entre juillet 2023 et janvier 2024. Ce chiffre a doublé, car si on devait se référer à l’exercice 2022, c’était la quantité annuelle expédiée par la Russie à l’Algérie.
Pour rappel, en février dernier, le chef du département d’analyse du marché agricole de Rusagrotrans, le principal transitaire agricole russe, avait indiqué qu’au cours des six premiers mois de la campagne de commercialisation 2023/2024, la Russie s’est hissée au rang de premier fournisseur de blé pour l’Algérie, dépassant même les pays de l’Union européenne (UE), dont la France.
Cette progression s’explique par le fait que les relations entre les deux pays ont connu un bond significatif ces deux dernières années, mais aussi et surtout, du fait que le prix du blé russe, reste très compétitif en matière de tarifs.
À titre indicatif, le prix du blé russe se situe autour de 230-235 dollars/tonne, alors que le blé français est proposé à 250-255 dollars/tonne. Une différence de 20 dollars qui a un impact significatif sur les décisions d’achat.
R.B