C’est une tendance qui tend malheureusement à s’enraciner au fil des années depuis l’introduction de l’allocation chômage instaurée par le chef de l’Etat: Les jeunes désertent de plus en plus les bancs de la Formation professionnelle.
Les mauvaises langues et certains « cœurs et cerveaux malades », iront « bille en tête » imputer ce désamour à cette fameuse allocation, suggérant à travers une argumentation simpliste que l’Etat encouragerait l’assistanat. Évidemment, l’explication est ailleurs, bien plus profonde et complexe, mais là n’est pas le sujet.
Des taux d’inscription au plus bas
Ainsi, aussi bien à Alger, Oran, Annaba,Tizi-Ouzou, Blida, Boumerdès, Bouira ou le cas échéant à Ghardaïa, la Formation professionnelle est boudée par les jeunes. En effet et malgré toutes les campagnes d’informations et de sensibilisations pour attirer les jeunes vers la formation et l’enseignement professionnelle, les chiffres d’inscriptions sont décevant et c’est le moins que l’on puisse dire au vu des chiffres d’inscriptions arrêtés au 25 février 2024 , communiqués à la presse par les services de la direction de la formation et de l’enseignement professionnels de la wilaya de Ghardaïa.
Ainsi, sur un total de 6730 postes pédagogiques proposés, seuls 2327 jeunes, dont 1266 filles se sont inscrits, soit un infime taux de remplissage de 35%, soit en formation diplômante, sur les 2826 postes proposés , seuls 1593 apprenants , dont 701 filles, se sont inscrits , soit un taux de 56% , et en formation qualifiante , c’est encore plus infime car sur les 3904 postes proposés , seuls 734 , dont 565 filles, ont trouvés preneurs , pour un insignifiant taux de 19%.
Tous les moyens mis à disposition
Ces chiffres, ne traduisent en rien les efforts consentis par l’Etat pour inciter les jeunes, notamment ceux exclus du système scolaire d’embrasser une formation et d’acquérir un métier qui les mettrait à l’abri du besoin pour l’avenir. Il reste à déplorer le manque d’attrait de la jeunesse à se former.
Même en l’absence de statistiques fiables, le croisement des chiffres des années précédentes, notamment les deux dernières sessions, du moins en ce qui concerne la wilaya de Ghardaïa, démontre le très peu engouement que suscite la formation professionnelle aux yeux de notre jeunesse.
Ce qui est très loin par rapport aux moyens matériels, infrastructurels et humains déployés par les pouvoirs publics pour attirer ceux qui sont, notamment, en échec scolaire d’apprendre un métier qui puisse leur garantir une insertion dans le monde du travail. D’ailleurs et comme en attestent les données de la Direction de la Formation en Enseignement professionnel (DFEP) locale, pour cette session de février 2024, tous les moyens humains et matériels, ont été mis à disposition des apprenants.
6730 places pédagogiques dédiées
En effet, ce dimanche 25 février, c’était à partir du centre de formation et d’enseignement professionnel Chahid Mahdjoub Mustapha Ben Boubakeur de la commune de Mansourah, à 90 kms au sud du chef-lieu de wilaya, soit aux confins des limites territoriales de la wilaya , qu’a été déclaré par le wali de Ghardaïa, Mr Abdellah Abi Nouar, l’ouverture de la première session de la formation professionnelle au titre de l’exercice 2024 .
Ainsi, pour cette session de février 2024, la direction de la formation et de l’enseignement professionnels de la wilaya de Ghardaïa, n’offre pas moins de 6730 postes pédagogiques répartis comme suit : 2826 postes pour les formations diplômantes et 3904 en formation qualifiante, soit 805 postes pédagogiques (diplômantes) dans la formation résidentielle, 971 postes pédagogiques (diplômantes) au titre de la formation par apprentissage, 440 postes pédagogiques (diplômantes) en formation passerelle, 390 postes pédagogiques (diplômantes) 845 postes pédagogiques ( qualifiantes) en cours du soir et 220 postes pédagogiques en formation diplômantes auprès d’établissements privés agrées ainsi que 134 postes pédagogiques en formation qualifiante, 800 postes sont réservés, en formations qualifiantes, aux femmes au foyer.
Trois autres types de formation qualifiante sont aussi mis à la disposition des candidats, à savoir la formation en milieu rural qui est dotée de 80 postes pédagogiques, la formation des catégories particulières pour lesquelles pas moins de 185 postes pédagogiques sont mis à disposition ainsi que 1860 pour la formation des bénéficiaires d’allocations chômage.
Huit nouvelles spécialités et quatre conventions au menu
D’autre part, huit (8) nouvelles spécialités ont été introduites pour cette session : il s’agit de B.T. en urbanisme au CFPA de Seb Seb, C.A.P en transformation de dattes au CFPA de Guerrara 2, C.Q.P. en mise en place d’une pépinière arboricole au CFPA de Gueguouma, à Metlili, C.Q.P. en phoeniculture (culture de palmiers dattiers) au CFPA de Bounoura, C.Q.P. en conduite de ruches au CFPA de Bounoura , B.T.S. en informatique /option : Administration Cloud Computing et Virtualisation à l’école privée agréée « El Djawda Soft » de Ghardaïa , B.T.S. en informatique /option :Développeur d’applications multi plateformes à l’école privée agréée « El Djawda Soft »de Ghardaïa et enfin B.T.S. en tourisme / option : agence de voyage au CFPA de Bounoura.
Par ailleurs, quatre conventions ont été signées, dont deux entre, d’une part l’INSFP Noumérat et Al Benzaït (dans le domaine de l’agriculture) et la résidence Habib pour ce qui est du tourisme, la 3ème convention a été signée entre le centre de formation professionnelle et d’apprentissage de Mansourah et l’APC de Mansourah et la dernière entre le centre de formation professionnelle et d’apprentissage de Souareg à Metlili et le centre de santé de proximité de Metlili.
Des paradigmes et objectifs à redéfinir
Comme indiqué plus haut, les pouvoirs publics ont pour ainsi dire, mis le paquet pour encourager les jeunes à se former en eh dehors du cursus traditionnel. Donc, le « dysfonctionnement » lié au désintérêt des jeunes à la formation professionnelle ne peut être matériels, humains et encore moins financiers.
De ce fait, le « couac », le grain de sable qui fait dérailler la machine est à chercher ailleurs et plus particulièrement au niveau de la stratégie et de l’approche adoptée, afin de « séduire » et non pas « pousser » cette jeunesse à se doter d’un métier.
En effet, la nouvelle donne économique de la fin du tout hydrocarbure exige la mise en place de nouvelles spécialités de formation qui soient adaptées aux besoins économiques du pays à l’échelle nationale, et de la région à l’échelle locale.
Dans cette conjoncture économique, les métiers inhérents à l’agriculture doivent être priorisés, compte tenu du fait que le travail de la terre constitue une alternative pérenne pour l’avenir du pays.
En tout état de cause, le rôle du secteur de la formation ne doit plus être limité, ni cantonné à la formation et l’octroi de diplômes mais d’englober également le perfectionnement de l’encadrement des entreprises économiques et la diversification des offres de formation, de manière à accompagner la dynamique économique actuelle et à répondre, en temps réel, aux attentes des opérateurs.
Un triptyque déterminant !
En somme, en un mot comme en cent : Développer une stratégie de réponse aux questions de l’heure en termes de formation et d’adaptation aux attentes du marché de l’emploi. Sortir de la dépendance du tout hydrocarbure implique, impérativement et fondamentalement, une préparation à la relève par une formation adéquate et de qualité de la ressource humaine aux métiers de substitutions.
Nous avons cité, au niveau des régions sahariennes, bien entendu, l’agriculture, le tourisme et l’industrie. C’est ce triptyque, et lui seul, qui peut et doit impérativement orienter et placer le pays sur les rails d’un développement vert, durable et sécurisant pour la nation. C’est le défi à relever. Il en va de l’avenir des générations montantes.
L.K