Dans un contexte de redéfinition profonde de la politique énergétique européenne, l’Algérie s’impose comme un acteur clé dans la stratégie de diversification des approvisionnements de l’Union européenne.
Ainsi, c’est dans ce cadre que le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab, a reçu ce mardi à Alger l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, Diego Mellado, pour une réunion de haut niveau centrée sur le renforcement du partenariat énergétique bilatéral.
Melado balise le terrain
Cette audience s’inscrit dans le prolongement direct de la décision historique adoptée hier par les ministres de l’Énergie de l’UE, qui ont approuvé un cadre contraignant visant à éliminer progressivement les importations de gaz naturel russe. Selon ce nouvel accord, toute signature de contrat d’importation de gaz russe sera interdite à partir du 1er janvier 2026.
Les contrats à court terme conclus avant le 17 juin 2025 pourront être prolongés jusqu’au 17 juin 2026, tandis que les contrats de long terme resteront valables jusqu’au 1er janvier 2028. Les États membres devront désormais soumettre des plans nationaux de diversification de leurs approvisionnements.
Ce virage marque la fin du simple discours de réduction de la dépendance à la Russie, au profit d’une régulation contraignante, inscrite dans le plan REPowerEU.
Dans ce contexte, Diego Mellado semble baliser le terrain pour une coopération énergétique renforcée entre l’Union européenne et l’Algérie. En anticipant la sortie progressive du gaz russe, l’ambassadeur européen a clairement signifié l’intérêt stratégique que représente l’Algérie, tant pour ses ressources gazières que pour son potentiel en matière d’énergies décarbonées.
Un dialogue stratégique en marche
Ainsi, au cœur des discussions entre Arkab et Mellado : l’avenir de la coopération algéro-européenne dans les domaines du gaz, des énergies renouvelables et des ressources minières. L’Algérie, déjà fournisseur important de gaz pour plusieurs pays européens, notamment via le gazoduc Transmed qui relie le pays à l’Italie, pourrait renforcer davantage son rôle dans le mix énergétique européen.
Le ministre a rappelé la volonté de l’Algérie de consolider son partenariat avec l’Europe, en invitant les entreprises européennes à investir dans les secteurs des hydrocarbures et des mines. Il a également mis en avant les réformes législatives et réglementaires entreprises pour offrir un environnement plus transparent, flexible et attractif aux investisseurs étrangers.
Hydrogène et minerais stratégiques au menu
La rencontre a aussi permis de faire le point sur des projets d’avenir, notamment le développement de l’hydrogène vert et bleu dans le cadre du projet du Corridor Sud H₂, un axe énergétique reliant l’Algérie à l’Europe via l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche. Ce corridor vise à exporter, à terme, de l’hydrogène propre produit en Algérie, dans l’optique de soutenir la transition énergétique du continent européen.
Sur le volet minier, les discussions ont porté sur les opportunités d’investissement dans l’exploration et la transformation des minerais critiques, à commencer par les terres rares et les métaux stratégiques indispensables à la fabrication des technologies vertes. Le nouveau code minier algérien, plus incitatif, ambitionne d’attirer des partenaires européens pour développer une industrie locale capable de répondre aux exigences du marché mondial.
Une relation énergétique en mutation
De son côté, l’ambassadeur Diego Mellado a salué le niveau du dialogue stratégique entre l’Algérie et l’Union européenne, qualifiant l’Algérie de « partenaire fiable et incontournable » dans le domaine énergétique. Il a réaffirmé l’intérêt croissant des entreprises européennes pour le marché algérien, en particulier dans les segments de l’hydrogène, de la décarbonation et de l’exploitation responsable des ressources minières.
Dans un contexte de rupture énergétique avec la Russie, l’Algérie pourrait ainsi jouer un rôle pivot dans la sécurité énergétique de l’Europe, non seulement en tant que fournisseur de gaz, mais aussi comme partenaire dans le développement des énergies du futur.