Par Chiraz Kherri
Un homme ayant subi une greffe partielle du visage et de l’œil à la suite d’un grave accident ne retrouve pas la vision dans son œil greffé, toutefois, l’organe lui-même est encore en vie.
Ainsi, en juin 2021, Aaron James, un vétéran militaire de 46 ans originaire de l’Arkansas, a été victime d’un terrible accident alors qu’il travaillait en tant que technicien en électricité. Les graves brûlures électriques ont détruit une grande partie du côté gauche de son visage, y compris son œil gauche, ainsi que son bras gauche.
Deux ans plus tard, James avait reçu la toute première greffe partielle du visage et d’un œil entier, une opération de 21 heures au cours de laquelle les chirurgiens de NYU Langone Health à New York ont utilisé des techniques de microchirurgie, des dispositifs chirurgicaux sur mesure et des thérapies à base de cellules souches dans un nerf optique humain, dans le but de favoriser la régénération nerveuse.
«Aucun rejet» à déplorer
En effet et plus d’un an après l’opération, il montre des signes encourageants de rétablissement sans aucun signe de rejet de tissus, en effet, l’équipe médicale a publié un rapport ce 9 septembre dans le journal JAMA.
Bien que James n’ait pas recouvré la vue dans son œil greffé, celui-ci a conservé sa forme et son flux sanguin, et des signes d’activité électrique dans la rétine en réponse à la lumière ont été détectés cela diffère des résultats observés avec les modèles animaux précédents de greffes d’œil entier, où l’œil rétrécissait souvent de manière significative. Selon les chercheurs, ces résultats représentent un progrès vers la réussite des greffes d’œil tout en illustrant la difficulté à régénérer le nerf optique après une blessure majeure.
Une «merveilleuse surprise…»
De son coté Jeffrey Goldberg, professeur et directeur du département d’ophtalmologie à l’Institut Byers Eye de l’Université de Stanford, a déclaré : « C’est une merveilleuse surprise de voir que la chirurgie a si bien fonctionné et que le patient est satisfait, tant sur le plan esthétique que fonctionnel. L’œil est resté en vie et contribue au succès global de la greffe du visage. »
L’absence de restauration de la vision n’était pas inattendue, explique Goldberg, car les études précliniques sur les animaux ont montré qu’il est difficile de régénérer un nerf optique. Cependant, la technique utilisée par l’équipe chirurgicale consistant à injecter des cellules souches provenant de la moelle osseuse de James autour du nerf optique n’a pas encore été validée sur des animaux et pourrait comporter un risque de formation tumorale. Toutefois, aucun signe de cette complication n’a été observé jusqu’à présent.
Une «survie» synonyme d’espoir
La première greffe d’œil entier réussie est un grand pas vers la restauration de la vision, selon Goldberg, et pose les bases des futures recherches sur les greffes de l’œil.
L’équipe médicale du NYU Langone Health reste optimiste quant aux avancées futures. Bien que l’œil greffé de James ne soit pas encore fonctionnel, sa survie prolongée dans le corps humain marque un jalon scientifique historique.
Aaron James, lors d’une rencontre avec son équipe médicale en août à New York, a partagé son optimisme quant à son rétablissement et a exprimé sa fierté d’avoir contribué à une avancée qui pourrait, à terme, bénéficier à des millions de personnes y compris les 7 millions d’Américains affectés par une perte de vision.
C.K