Des souris femelles âgées traitées avec de la spermidine, molécule présente dans le sperme, rend les ovocytes en meilleure santé, doublant leurs capacités reproductives. Une piste prometteuse dans la lutte contre l’infertilité. Selon l’OMS, une personne sur six est confrontée a ce problème qui ne cesse de s’aggraver.
Plusieurs facteurs y interviennent, notamment l’âge : les couples de nos jours attendent de plus en plus de temps avant d’avoir des enfants, ce qui entraine un vieillissement et l’inéfficacité de leurs gamètes (spermatozoïdes et ovocytes), sans négliger les mutations qui entrave la maturité des ovocytes.
La « spermidine » retenez bien ce nom!
L’enjeu est d’améliorer la qualité et la quantité des ovocytes, qui diminuent avec l’âge, compliquant et la procréation naturelle et la médicalement assistée.
Des chercheurs de l’Université d’agriculture de Nanjing (Chine) ont voulu mettre à l’épreuve l’hypothèse selon laquelle une molecule “spermidine” qui se trouve à la fois dans l’organisme humain (liquide siminale) et dans nombre d’animaux et de végétaux (les légumes et les légumineuses) serait un facteur-clé de la fécondité : grace a son pouvoir de redonner un coup de jeune aux ovocytes âgés, l’étude était publiée le 16 octobre 2023 dans la revue Nature Aging.
Les consequences de l’age
Dans un premier temps l’etude s’est penchée sur les conséquences de l’âge sur les ovaires. À un âge avancé, les souris commencent à avoir des problèmes de fertilité, avec une réduction importante du nombre de follicules (structures qui contiennent l’ovocyte avant sa maturation en ovule), et des portées de plus en plus réduites.
Une des molécules qui diminuz le plus chez ses souris âgées était la spermidine, elle semble protéger contre les dégâts liés au vieillissement chez nombreuses espèces.
En effet, les souris âgées traitées avec cette molécule (par injection ou voie orale) avaient une quantité plus importante de follicules, ce qui avait comme conséquence une plus grande probabilité de donner des embryons viables, doublant le nombre de souriceaux à chaque portée (passant de 3 à 6 souriceaux chez ces souris âgées).
Une seconde « jeunesse » pour les mitochondries
Pour comprendre comment la spermidine améliorait la fertilité de ces souris, les chercheurs ont en suite étudié l’effet de ce traitement sur des ovocytes cultivés en laboratoire.
L’expression génétique de ces ovocytes âgés est normalement très différente de celle des ovocytes jeunes. Cependant, grâce à la spermidine, cette différence s’effaçait en partie, particulièrement pour des gènes liés à la mitochondrie.
Cette organelle cellulaire est chargée de la production de la majorité de l’énergie utilisée par la cellule, mais lorsqu’elle fonctionne mal, elle devient une source majeure de stress oxydatif.
Les ovocytes âgés présentaient notamment une incapacité à recycler leurs mitochondries, cest le processus de mitophagie par lequel la cellule détruit ces organelles lorsqu’elles sont défectueuses afin de les remplacer.
Le blocage de ce processus dans les ovocytes âgés entrainait le dysfonctionnement des mitochondries, ce qui a comme conséquence une baisse de la production d’énergie, une hausse du stress oxydatif dans la cellule et une mortalité cellulaire accrue.
Des résultats probants
Le traitement par le spermidine in Vitro rétablissait la capacité des ovocytes de recycler leurs mitochondries, améliorant leur qualité et rénovant ainsi l’état de ces cellules. Ce rôle protecteur pourrait être présent chez tous les mammifères, car des ovocytes porcins traités avec la molécule montraient aussi un rajeunissement.
« On connaissait les propriétés anti-âge de la spermidine, mais on a été quand même surpris par ses effets remarquables sur les ovocytes”, révèle dans un communiqué Bo Xiong, spécialiste de biologie reproductive à l’Université d’agriculture de Nanjing et auteur de l’étude.
Ces résultats très encourageants montrent que la spermidine pourrait être un outil précieux pour lutter contre l’infertilité, mais il reste maintenant à confirmer son rôle protecteur chez l’humain.
Chiraz Kherri