Par K.B
Face aux enjeux de sécurité alimentaire, l’Algérie a entrepris une transformation profonde de sa politique d’importation de blé.
Cette nouvelle approche stratégique, destinée à réduire la dépendance aux importations, s’est révélée efficace comme en témoigne la diminution notable des exportations de blé européen vers le pays.
Ainsi, l’Algérie poursuit sa stratégie visant à assurer et « sécuriser » ses stocks de céréales, notamment de blé. Ainsi, après ses achats des mois de juillet et aout dernier, ainsi que la moisson que d’aucuns qualifient d’exceptionnelle, le pays continue de faire le plein de blé auprès des marchés internationaux, mais… pas tous !
Le blé européen change de cap
En effet, selon l’agence « Reuters », des commerçants ont récemment signalé que les exportations de blé de l’Union européenne (UE) se dirigeaient de plus en plus vers l’Afrique de l’Ouest. Cela fait suite à la perte significative des marchés traditionnels d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, désormais dominés par la Russie. En effet, les exportations de blé tendre de l’UE ont connu une baisse de 30 % par rapport à l’année précédente, en raison de la concurrence accrue de la Russie et des conditions climatiques défavorables en France, le principal exportateur européen.
Actuellement, l’Algérie, autrefois le premier importateur de blé européen, a chuté à la cinquième place, tandis que le Nigeria a pris la tête des pays importateurs de blé européen. L’agence française « France Agri Mer » a révisé ses prévisions pour 2024-2025, anticipant une baisse de 62 % des exportations de blé tendre vers l’Algérie par rapport à l’année précédente.
Le blé russe fait recette !
En effet, l’Algérie achetait entre 2 et 6 millions de tonnes de blé français par an dans les années 2010. Toutefois, elle a progressivement réduit ses importations, atteignant 1,8 million de tonnes durant les campagnes 2021/2022 et 2022/2023, puis 1,6 million de tonnes pour la campagne 2023/2024.
En juillet de la campagne en cours, les douanes françaises ont enregistré une importation de seulement 31 500 tonnes de blé. L’Algérie n’est plus la « chasse gardée » de la France en matière d’exportation de céréales, notamment le blé tendre, et ce, grâce à la diversification de ses sources d’approvisionnement, mais aussi, du fait que le blé français, plus cher que celui d’autres fournisseurs, notamment la Russie. De plus et selon président de l’Union russe des exportateurs de céréales, Eduard Zernin, qui s’est exprimé auprès de l’agence Reuters, l’Algérie envisage d’importer jusqu’à 2,8 millions de tonnes de blé tendre russe d’ici juin 2025.
Fin des importations à l’horizon 2025
Face à cette situation, la France et l’Allemagne ont ajusté leurs stratégies commerciales, en augmentant notamment leurs exportations de blé vers le Maroc, pour compenser la perte du marché algérien. Dans le même temps, l’Algérie a pris plusieurs mesures afin de réduire sa facture d’importation de blé, avec l’objectif de parvenir à l’autosuffisance dans ce domaine. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a récemment indiqué que 2025 devrait marquer la dernière année d’importation de blé dur pour l’Algérie. Il a encouragé les investisseurs à exploiter pleinement les terres dont ils disposent pour atteindre cet objectif d’autosuffisance alimentaire.