Le GPL (Gaz de propane liquéfié), connaît une solide stabilité depuis plusieurs années déjà. Son prix, « écœure » ceux qui roulent aux carburants traditionnels. Et pour cause, il est toujours à 9 DA/L et selon les spécialistes, il n’en bougera pas de sitôt.
Ainsi et selon le responsable de Naftal, Mohamed Yazid Lamara, consommation de ce carburant a dépassé toutes les provisions, puisque selon lui, son entreprise a tablé sur une commercialisation d’un million de tonnes à l’horizon 2023, or rien que pour l’année écoulée, Naftal a commercialisé plusieurs d’un 1.4 millions de tonnes. D’ailleurs et d’après les statistiques du ministère de la transition énergétique publiées en décembre dernier, plus de 650 000 véhicules roulent au GPL en Algérie et ce nombre devrait atteindre les 1.1 millions d’ici la fin de l’année en cours. Ces déclarations, sont en parfaite adéquation avec la réalité du terrain. Et pour cause, on assiste à une véritable ruée des automobilistes pour ce carburant « low cost » et « eco-friendly ».
Trois à six mois d’attente pour un rendez-vous
Ces derniers mois, on assiste en effet, à un véritable engouement qui s’est créé autour de ce carburant bon marché et les « convertis » au GPL ou sous son appellation commerciale Sirghaz, se comptent par centaines chaque mois. C’est du moins ce qui a été constaté à Bouira, où les automobilistes font la queue au niveau de l’agence Naftal, ou bien auprès des équipementiers privés agréés, pour prendre rendez-vous. Ce jeudi, l’agence Nafatl de Bouira, était prise d’assaut par des dizaines d’automobilistes désireux de prendre rendez-vous, dans le but de s’équiper en kit GPL. « Je viens de décrocher un rendez-vous pour le 8 juin », confiera un automobiliste croisé aux abords de ladite agence. Un autre, moins chanceux, s’est vu fixé un rendez-vous pour le début juillet. « À croire que toute l’Algérie veut se mettre au gaz ! », a-t-il pesté, avant de nuancer ses propos. « Cependant, c’est compréhensible avec ces augmentations du prix de l’essence, passer à la pompe, c’est devenu un supplice », souligner a-t-il. Du côté de Naftal, on s’est refusé de communiquer sur le sujet de manière officielle en l’absence du directeur d’agence. Néanmoins, certains employés ont accepté de nous renseigner davantage. « Le prix du kit GPL est fixé à 55 000 et rendez-vous, sont compris généralement entre 3 à 6 mois », indiquera un technicien. Et poursuivre « Ces dernières semaines, on tourne à plein régime et on équipe en moyenne 2 véhicules par jours. C’est un rythme intense ! ». Du côté des équipementiers privés dûment agréés par les autorités concernées, la même affluence est observée, avec pratiquement les mêmes délais et un prix relativement plus élevé.
Les importateurs de kits GPL pris de court
Ainsi, au niveau d’un concessionnaire agréé basé dans la commune d’El-Esnam, le kit GPL est cédé pour la coquette de sommes 62 000 DA. « C’est un investissement qui sera très vite rentabilisé compte tenu des kilomètres que j’avale au quotidien », témoigne un automobiliste qui est venu prendre rendez-vous. Un autre, qui se définit comme étant un « pionnier » du GPL, car il s’est équipé en 2010 et qui était là pour effectuer une simple révision, ce carburant est pour lui « une bouffée d’oxygène ». « Avant, j’avais un budget spécial carburant. Désormais, je ne m’en soucie même plus », dira-t-il. Et d’ajouter « Un plein à 400 DA ça fait rêver hein ? Eh bien, figurez que je débourse 400 DA pour un plein qui me tient 600 km ». Alléchant ! Pour sa part, le technicien agréé affichait la mine des mauvais jours. Un mauvais chiffre d’affaires ? Des recettes en baisses ? Que nenni ! Il est submergé par les commandes et fait face à une rupture de stock de kits GPL. « Mon carnet de commandes explose et mon fournisseur m’a fait défaut. Quelle poisse ! », peste-il. Et d’expliquer « Les importateurs ont été pris de court par cet engouement, ce qui nous donne forcément une pénurie de kit (…) ils sont importés essentiellement d’Italie ». Ce problème, faut-il le préciser, a été soulevé chez la plupart des équipementiers. Pourtant l’ex-DG de Naftal, Hocine Rizou, avait annoncé en janvier 2017 qu’une usine de fabrication de kits GPL sera implantée à Mascara et lettre un terme à l’importation de ces kits. Au niveau de la ville de wilaya de Boumerdès (60 kilomètres à l’est de la capitale), Slimane Maâsoun, un autre concessionnaire agréé, a semble-t-il pris les devants en s’assurant un stock relativement suffisant, mais qui reste selon lui, en deçà de la forte demande exprimée. « Il y’a une véritable pénurie des kits, surtout séquentiel. Nous sommes soumis à une forte pression », a-t-il admis. Pour lui, l’augmentation des automobilistes roulant au GPL, serait de l’ordre des 30%. Un pourcentage qui appelé d’après notre interlocuteur à évoluer. « Nous assistons à un véritable boom de ce marché. Pour vous donner un ordre d’idée, nous équipions d’une à deux voitures par jours, et actuellement nous sommes à 4, voire 6 par jour », a-t-il soutenu. Dans son atelier, les techniciens s’affairaient à placer les kits des clients « échaudés » par les prix des carburants classiques.
« Une sécurité optimale », assurent les installateurs
Enfin, dernier point et non des moindres, celui relatif à la sécurité des véhicules roulant au GPL. Car dans la conscience collective des citoyens, qui dit gaz, dit risques de combustion ou même d’explosion. Or ces idées reçues, ont été balayés d’un revers de la main par l’ensemble nos interlocuteurs. Ainsi, ces derniers affirment que les constructeurs automobiles et équipementiers possèdent, aujourd’hui un solide savoir-faire en matière de véhicules GPL. « Leur sécurité est optimale », certifie M. Belaïd. Et de préciser « Actuellement, le matériel GPL suit la règlementation européenne. Cette dernière édicte les conditions d’implantation, de fabrication et de qualité des kits. Tous nos kits sont soumis au contrôle de l’ingénieur des mines et des contrôles techniques sont réglementés ». En outre et selon les services de Naftal, les nouveaux modèles de kits, sont équipés de soupapes de sécurité. Ce procédé a été adapté pour empêcher tout risque d’explosion. Ainsi, les véhicules GPL peuvent naturellement accéder aux parkings souterrains et tunnels. De plus et selon M. Maâsoun, les réservoirs de GPL, sont fabriqués en acier, lequel est 20 fois plus résistant au percement que celui du carburant traditionnel. En tout état de cause, ces augmentations des carburants ont indéniablement fait du GPL une « valeur refuge », en attendant la conversation énergétique promise par les pouvoirs publics, lesquels se sont engagés à introduire et généraliser la voiture électrique d’ici l’horizon 2026.
R.B