Deux semaines après le lancement de l’initiative politique pour la sauvegarde du Mali, l’imam Mahmoud Dicko, réfugié en Algérie, prend enfin la parole pour lever le voile sur son projet rassembleur des maliens, la Coalition des Forces pour la République, pour contraindre le pouvoir, détenu par les putschistes depuis 2020, à revenir à l’ordre constitutionnel dans un cadre pacifique à travers le dialogue.
Ainsi, l’ancien président du Haut conseil islamique malien a indiqué dans une déclaration vidéo postée ce lundi 22 décembre 2025, sur le réseau X avoir été sollicité par des maliens soucieux de l’avenir de leur pays.
Un devoir de responsabilité
En effet, il a agréé le projet présenté par des compatriotes partant du constat que la situation de leur pays est devenue intenable. « Une initiative qui part d’un constat douloureux : la situation actuelle du Mali ne peut plus durer. Le sang coule depuis trop longtemps. Les populations souffrent. Des villages entiers sont vidés de leurs habitants. Des familles sont séparées. La paix a déserté trop de foyers », a-t-il affirmé. Il a précisé à ce propos : « Ces Maliens sont venus me voir. Ils ne sont pas venus avec des armes, ni avec la violence, ni avec la haine. Ils sont venus avec une intention claire : mettre fin aux souffrances, faire taire les armes et rouvrir le chemin du dialogue entre les fils et les filles de ce pays ».
En acceptant de piloter l’initiative, Mahmoud Dicko a estimé qu’il s’agit d’un « devoir de responsabilité ». « Je considère qu’il est de mon devoir moral et citoyen d’y répondre favorablement », a-t-il souligné.
Un cadre rassembleur pour tous les Maliens
« Oui, j’ai accepté d’accompagner cette initiative. Oui, je m’y engage clairement. Oui, je le fais pour que le sang cesse de couler, pour que les Maliens se parlent de nouveau, pour que notre pays retrouve la paix et la quiétude », a-t-il soutenu en ajoutant, à l’adresse des autorités particulièrement, qu’« il ne s’agit ni d’un appel à la violence, ni d’un projet de confrontation, ni d’une entreprise de déstabilisation. Il s’agit d’un appel à l’entente, au dialogue et à la responsabilité collective ».
Une posture qui lui a valu d’être dans la liste des suspects d’un plan de déstabilisation du pays pour la simple raison qu’il a exprimé ses critiques de la politique et des méthodes de gestion des autorités de transition qui ont mené le Mali au bord du chaos.
« En quittant mon pays, je n’ai commis aucun crime. Je n’ai volé aucun bien public. Je ne suis affilié à aucune organisation armée ni à aucun groupe cherchant à nuire au Mali. Les autorités savent parfaitement dans quelles circonstances je me trouve aujourd’hui hors de mon pays. Pourtant, ma situation a été instrumentalisée, provoquant tensions, ruptures diplomatiques et répressions injustifiées », a-t-il déploré, regrettant que ses partisans et sympathisants sont réprimés et emprisonnés. « Des citoyens ont été arrêtés, emprisonnés, parfois pendant des mois, simplement pour avoir évoqué mon nom ou supposé mon retour », a-t-il indiqué en clamant que « Cela ne peut pas continuer. Un citoyen qui n’a commis aucun crime ne peut être privé indéfiniment de son droit fondamental à retourner dans son pays ».
Dialogue vs guerre éternelle
Une injustice qui le frappe autant que des milliers de maliens punis pour le motif d’être en désaccord avec les pratiques de la junte au pouvoir ou d’être évoqué par la population comme porteur d’une alternative à ce même pouvoir qui a réussi à fragiliser le pays entrainé dans une guerre infinie par la politique du tout sécuritaire et poussé des village sentiers vers l’exode. « Je le dis avec calme et fermeté : si j’avais commis une faute, qu’on me juge. Mais m’empêcher de rentrer sans accusation ni procès est une injustice qui ne peut être acceptée », a-t-il lancé, fort de son innocence, sur un ton de défi. Et d’opposer alors face à son alternative assise sur le dialogue, la guerre éternelle, la destruction sans fin et l’exil permanent, qui représentent la politique adoptée par les autorités de Bamako.
Un cadre rassembleur pour tous les Maliens
Par ailleurs, Dicko s’offre à travers sa sortie publique une occasion de s’adresser aux maliens, population, militants politiques et acteurs de la société civile, par « un appel solennel ». « Levez-vous pour la paix. Rassemblez-vous pour sauver notre pays. Rejoignez cette dynamique qui vise uniquement àfaire cesser les violences et àreconstruire l’uniténationale », a-t-il appelé à rejoindre son initiative qui, a-t-il précisé, n’est pas une coalition religieuse, n’est pas ethnique, n’est pas partisane. « Elle rassemble des Maliens de toutes origines, de toutes confessions, unis par une seule préoccupation : le devenir du Mali », a-t-il souligné.
Un engagement moral
Enfin, l’imam a enfin déclaré qu’il n’a aucune ambition politique ou de pouvoir. « Mon engagement est moral, républicain et patriotique. J’ai accepté d’assumer cette responsabilité parce que l’heure est grave et que le silence serait une faute », conclut-il avec cette expression de son haut sens du patriotisme. Il oppose ainsi son initiative de « Coalition des Forces pour la République » qui se veut un mouvement pour sauver le pays des dérives de ses dirigeants autoproclamés qui ont mené le pays à la dérive pour nourrir leurs ambitions personnelles.
La composante de la Coalition des forces pour la République (CFR) demeure cependant inconnue, maintenue dans l’anonymat parce que nombre de ses membres sont encore au Mali et pourraient subir des représailles de la part de du général Goita qui gère le pays comme une caserne militaire.
La CFR vient ainsi suppléer l’absence des partis politiques dissous par les putschistes en se plaçant comme un pôle de résistance, en exil pour l’instant, aux militaires qui se sont accaparés du pouvoir et qui ne daignent pas le rendre aux civils comme ils l’ont promis au lendemain du putsch.

