« Gouverner c’est prévoir », dit la célèbre maxime. Or, à Bouira les différents responsables qui se sont succédé à sa tête, n’ont manifestement pas prévu que la période de sécheresse due aux bouleversements climatiques que connaît la planète, allait être si longue et par conséquent, n’ont pas anticipé cette crise en prenant au moment opportun, les mesures adéquates.
Résultat : Une wilaya qui a soif ! Très soif même. Les trois barrages que compte la wilaya sont quasiment à sec, les différents forages entrepris par les autorités se sont taris en quelques semaines à peine. L’eau se fait rare, extrêmement rare et la population s’en remet au ciel.
Un barrage « rempli » à hauteur de…0.7%
En effet et même si le chef lieu de la wilaya reste relativement épargné par cette crise, en revanche on ne peut pas dire autant de la région ouest de la wilaya, notamment les daïras de Lakhdaria et Kadiria.
Ainsi, au niveau de ces dernières, la situation est très délicate, voire intenable. Et pour cause, ces deux daïras lesquelles comptent neuf communes et pas moins de de 100 000 habitants, soit près du cinquième de la population globale, étaient alimentées par le barrage de Koudiet Acerdoune, le seconde plus grande retenue d’eau du pays.
Ce barrage est actuellement « rempli » à hauteur de … 500 000 mètres cubes, soit un taux de remplissage évalué à 0.7%! Autant dire qu’il est pratiquement à sec, quand on sait qua sa capacité totale est de l’ordre de 640 millions de mètres cubes.
Un rationnement drastique imposé
Conséquence directe de cet assèchement, les pouvoirs publics, ont été contraint d’instaurer un rationnement des plus drastiques.
En effet, l’eau arrive dans les robinets une fois tous les 25 jours ! Les citoyens n’en peuvent plus et sont à bout de nerfs. Une colère d’autant plus exacerbée quand on sait que les opérations de « citernage » mise en place par les autorités locales, s’effectuent en dent de scie.
Ainsi pour avoir sa ration quotidienne d’eau potable, il faudrait jouer des coudes et s’arroger les faveurs du propriétaire de la citerne pour être servi en premier. En somme, c’est un véritable calvaire qu’endurent les citoyens.
Les citoyens des communes du Sud de la wilaya ne sont pas en reste, puisqu’ils sont également rationnés à hauteur d’un jour sur 15, comme c’est le cas dans les daïras de Sour El-Ghozlane et Bordj Okrhris, où les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer, tant ils sont durement touchés par cette crise. La région Est de la wilaya, reste relativement à l’abri pour le moment, car alimentée par le barrage de Tilesdit lequel est rempli à hauteur de 40 millions de mètres cubes, soit 23%.
40 millions de mètres cubes pour 400 000 habitants !
Cependant, cette région, comme le chef lieu de la wilaya, sont pour ainsi en sursis. Pourquoi ? Car les autorités locales, ont récemment décidé de raccorder les quatorze communes du Sud de la wilaya à ce barrage, ce qui va irrémédiablement accélérer son tarissement. Une simple opération arithmétique suffit pour démontrer l’ampleur de la tâche.
En effet, la région Est de la wilaya compte 15 communes, auxquelles on y ajoute les 14 autres qui vont être raccordées au barrage de Tilesdit, en plus des trois communes de la daïra de Bouira qui s’abreuvent de cette retenue d’eau, cela nous donne 40 millions de mètres cubes à se partager entre 32 communes, pour une population de près de 400 000 habitants !
À moins d’un rationnement très strict, semblable à celui imposé aux daïras de l’ouest, il est impossible que cette quantité d’eau suffise pour tenir l’hiver, si la sécheresse persiste durant les prochaines semaines.
Les nappes phréatiques à la rescousse
Face à cette situation des plus préoccupantes, le chef de l’exécutif local tout en se montrant lucide sur sa gravité et les « négligences » antérieurs, s’est voulu rassurant.
En effet et lors de sa prise de parole lors des travaux de la dernière session de l’Assemblée populaire de wilaya ( APW), le wali de Bouira, M. Abdelkrim Laâmouri, a annoncé une série de mesures visant à atténuer quelques peu la souffrance de la population.
Parmi elles, il a évoqué des forages à effectuer au niveau nappes phréatiques répertoriées au niveau de la commune de Dirah à proximité du forage pétrolier d’Oued Guetrini, ainsi qu’à Ain Bessam. « J’ai été content et soulagé d’apprendre l’existence de ces nappes », a-t-il déclaré.
Aussi, il a suggéré le « renforcement » des captages à partir de la source d’Ainser Averkan ( source noire) située dans la commune montagneuse de Saharidj ( extrême est de Bouira). D’autant plus, a-t-il en outre souligné, qu’actuellement l’eau en provenance de cette source se déverse dans la nature.
« À Ainser Averkan, l’eau se perd dans la nature. Des milliers de mètres cubes sont gaspillés, alors qu’on peut aisément les capter et en faire profiter les citoyens. Nous sommes en train de nous y atteler », dira M. Laâmouri.
« La situation est délicate mais pas désespérée »
Ce dernier, a également fait savoir qu’une commission dépêchée par le ministre des Ressources en eau, est à pied d’œuvre afin de trouver des solutions alternatives pour la région ouest de la wilaya, notamment la daïra de Lakhdaria.
Toutefois, toutes ces initiatives et mesures d’urgence, a indiqué le premier magistrat de la wilaya, n’auraient aucun sens ni le moindre intérêt, si elles ne sont pas suivies d’un « travail coordonné et synchronisé » avec les différents services concernés.
« Nous avons proposé ces mesures et d’autres au niveau du ministère et nous espérons qu’elles seront prises en considération. La situation est certes délicate, mais elle n’est pas désespérée », soutiendra le wali de Bouira.
Ramdane Bourahla