L’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton a chargé une nouvelle fois le Maroc qu’il accuse de bloquer le référendum pour l’autodétermination du Sahara occidental.
Ainsi, une une semaine après un premier entretien accordé à la presse espagnole, John Bolton « récidive » dans un entretien au journal espagnol, El Independiente, où il a apporté son soutien à la solution préconisée par le Conseil de sécurité de l’ONU.
L’ « erreur de Trump » dénoncée
En effet, le référendum accepté par les parties et qui a découlé de l’accord de cessez le feu de 1991 et des accords de Houston, en 1997, assortis d’un engagement pour l’organisation du référendum. Mais le Maroc, l’a bloqué, a déploré le responsable américain.
Il a également déploré la position de l’administration Trump qui est contraire à la position de principe des États-Unis, considérant qu’elle n’a pas à apporter son soutien à la souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis alors que la question est entre les mains de l’ONU et que la solution préconisée repose sur l’organisation d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui. Il a d’ailleurs considéré cette décision du président Trump comme « une erreur » et a estimé cependant que celle-ci pourrait être corrigée.
L’indu «cadeau de Trump» au Maroc
Il a également rejeté l’argument de l’administration américaine qui justifie sa nouvelle position vis-à-vis de la question sahraouie par l’adhésion du Maroc aux accords d’Abraham et sa normalisation avec Israel. Il a indiqué à ce propos que le Maroc était disposé depuis longtemps à normaliser ses relations avec l’état hébreu et qu’il aurait pu le faire bien avant l’Egypte ou la Jordanie. « Je pense que les Marocains auraient accepté la reconnaissance des accords d’Abraham avec Israël, car c’était de toute façon dans leur intérêt. Ils avaient été très près de reconnaître Israël auparavant. Ils auraient pu être, avant même l’Égypte et la Jordanie, le premier pays arabe à le faire », dit-il.
Le Maroc a profité de l’opportunité offerte par le président Trump pour lui arracher la concession de reconnaitre sa souveraineté sur les territoires qu’il occupe depuis 1975. « Ils leur ont accordé une concession qu’ils n’auraient pas dû recevoir », a cependant estimé John Bolton. Et s’il croit certainement impossible à réaliser l’idée du président Trump de transformer Ghaza en Riviera de la Méditerranée, cela est possible au Sahara occidental qui dispose d’une façade sur l’Atlantique.
La « Trump Corporation» révélée
La perspective d’un accord avec les sahraouis pourrait sans doute faire changer d’avis le président Donald Trump qui y verrait une opportunité pour lui pour investir notamment dans l’hôtellerie. « Il pourrait imaginer des complexes hôteliers et des casinos. Si son attention pouvait être attirée sur l’idée que sa Trump Corporation obtienne une concession dans la région et y implante ses complexes hôteliers, cela le pousserait peut-être à soutenir un référendum ; s’il y voit une raison de changer d’avis », a-t-il indiqué.
Bolton « démolit» la propagande marocaine
Il a encore une fois détruit les tentatives marocaines de diabolisation du front Polisario et ses manœuvres pour l’inscrire comme groupe terroriste pour ses prétendus liens avec l’Iran et le Hezbollah libanais. « Il existe des organisations non gouvernementales américaines qui travaillent dans les camps de réfugiés, dans l’éducation, et certaines d’entre elles sont des groupes religieux, mais elles mènent des actions laïques, dans les domaines de la santé et de l’éducation. Elles verraient immédiatement s’il y a une quelconque influence iranienne, du Hezbollah ou de toute autre nature dans les camps », a-t-il souligné. « Il n’y a tout simplement aucun fondement à cela. C’est de la pure propagande », a-t-il tranché.
Le mythe du «grand Maroc» mis à nu!
A la question de savoir quelle est la position de son pays dans la crise entre l’Algérie et le Maroc se disputent l’hégémonie dans la région, M Bolton a répondu qu’ « une façon de limiter ce conflit potentiel est de résoudre la question du Sahara occidental ». « Si le conflit du Sahara occidental et la question du contrôle du potentiel minier, halieutique et touristique pouvaient être résolus, cela pourrait contribuer à minimiser, ou du moins à réduire, les différends entre le Maroc et l’Algérie », a-t-il précisé.
Et de révéler enfin les visées expansionnistes du Maroc sur ses voisins. « Je me souviens d’avoir été avec Baker en 1997 dans l’un des bureaux du roi. C’était un très grand bureau. Il avait une carte au mur avec des portes qui normalement pouvaient être fermées, mais elles étaient ouvertes. La carte montrait ce que, selon eux, le Maroc devrait être. Elle comprenait non seulement le Maroc, mais aussi la moitié de l’Algérie, le Sahara occidental et une grande partie du nord de la Mauritanie. C’est fondamentalement de cela qu’il s’agit », a-t-il déclaré. Faut-il encore chercher des preuves sur la nature colonialiste du Maroc !

