La santé mentale, longtemps reléguée aux marges des débats publics, s’impose aujourd’hui comme l’un des plus grands défis de notre époque.
Ainsi, derrière des sourires de façade ou des existences en apparence bien réglées, des millions de vies vacillent en silence.
Des chiffres alarmants
En effet et selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur cinq connaîtra un trouble psychique au cours de sa vie. Anxiété, dépression, stress post-traumatique ou bipolarité ne sont plus des réalités lointaines : elles touchent nos proches, nos collègues, parfois nous-mêmes.
La pandémie de Covid-19 a agi comme un révélateur brutal : en l’espace de quelques mois, les cas de dépression et d’anxiété ont bondi de 25 % dans le monde. Derrière ces chiffres, il y a des existences fragilisées, des familles bouleversées, des parcours interrompus. Chaque année, près de 800 000 personnes se suicident, soit une toutes les quarante secondes.
La stigmatisation ou le « regard qui tue »
Pourquoi, malgré l’ampleur du phénomène, la santé mentale reste-t-elle encore un tabou ? La réponse tient souvent en un mot : stigmatisation. Dans de nombreuses cultures, avouer une souffrance psychologique revient à s’exposer à l’incompréhension, voire au rejet.
Ce silence imposé a pourtant un prix terrible : les personnes atteintes de troubles mentaux non pris en charge voient leur espérance de vie réduite de dix à vingt ans. « La plus grande découverte de ma génération est que l’être humain peut changer sa vie en changeant sa façon de penser. » — William James Urgence sanitaire signalée
En outre, il ne s’agit plus d’un problème individuel, mais bien d’une urgence de santé publique. Ainsi, la dépression est aujourd’hui la première cause d’incapacité dans le monde. À cela s’ajoute la montée inquiétante des troubles anxieux, notamment chez les jeunes adultes, qui voient leurs repères vaciller face à l’incertitude économique, sociale et climatique. À travers ces réalités, c’est l’ensemble du tissu social qui se fragilise.
Un fragile équilibre à ( r ) établir
La santé mentale ne se limite pas à l’absence de maladie : elle réside aussi dans la capacité à trouver un équilibre intérieur. Déjà Aristote parlait d’« eudaimonia », ce bonheur profond né de l’harmonie intérieure. La psychologie positive insiste, elle, sur l’importance de la résilience, de la gratitude et du sens que chacun donne à sa vie. Carl Gustav Jung le résumait ainsi : « Je ne suis pas ce qui m’est arrivé, je suis ce que je choisis de devenir. »
Entre prévention et action
Par ailleurs, la prévention joue un rôle essentiel. Maintenir une bonne hygiène de vie — sommeil, alimentation, activité physique —, entretenir des liens sociaux solides, exprimer ses émotions par la parole, l’art ou l’écriture, pratiquer des activités relaxantes comme la méditation ou la marche en nature : autant de gestes simples mais fondamentaux. Consulter un professionnel dès les premiers signes de détresse reste une étape clé. Demander de l’aide n’est pas une faiblesse : c’est un acte de courage.
Briser le silence, pour sauver des vies !
Enfin, la santé mentale est le socle de nos vies individuelles et collectives. Prendre soin de soi, c’est un acte de courage et de dignité. Mais au-delà de l’intime, elle ne doit plus être perçue comme un luxe ou une affaire privée : c’est un droit fondamental et une responsabilité collective. Briser le silence, c’est sauver des vies, mais aussi permettre à chacun de vivre pleinement la sienne. Parler de santé mentale, c’est finalement parler de ce qui nous rend profondément humains.