Longtemps absente des assiettes populaires, la sardine signe un retour remarqué sur les marchés algériens.
Jadis vendue à des prix exorbitants dépassant les 1 600 dinars le kilo, ce poisson autrefois emblématique de la cuisine populaire est désormais accessible à une large frange de la population. À Boumerdès, on la trouve entre 150 et 300 DA, tandis qu’à Béjaïa, les prix oscillent entre 200 et 350 DA. Même à Alger, les consommateurs peuvent l’acheter entre 300 et 400 DA. Une véritable bouffée d’air pour les ménages.
Un revirement dicté par la mer
À l’origine de cette chute spectaculaire des prix : une série de conditions naturelles et conjoncturelles favorables. Dans la région de Mostaganem, réputée pour ses ports de pêche actifs, la sardine de belle qualité se négociait encore 600 DA le kilo avant-hier. Aujourd’hui, l’offre s’est démultipliée.
Selon Qalal Miloud, directeur par intérim de la pêche à Mostaganem, la combinaison d’une météo clémente, de sorties en mer régulières et d’une production exceptionnelle a transformé la donne. À Sidi Lakhdar et Salamandre, les pêcheurs ont enregistré jusqu’à 26 tonnes débarquées en seulement 24 heures.
Quand les dauphins deviennent alliés involontaires
Autre élément déterminant : la présence accrue de dauphins au large des côtes, notamment à l’ouest. Ces prédateurs naturels, en regroupant les sardines en bancs denses, ont involontairement facilité le travail des pêcheurs. Un phénomène naturel rare, mais salutaire, qui s’ajoute à une mer calme et des températures stables : des conditions idéales pour la pêche.
Une dynamique qui profite au consommateur… et à l’économie
Le retour en force de la sardine ne se limite pas à une simple baisse de prix. Il allège la pression sur d’autres produits alimentaires, notamment la viande, contribuant à un rééquilibrage des prix sur le marché. Les vendeurs ambulants se multiplient dans les rues, les marchés de quartier se garnissent à nouveau de cagettes de sardines brillantes, et les consommateurs redécouvrent un aliment longtemps relégué au rang de luxe.
Pour les autorités, cette dynamique est aussi un signal encourageant. Elle démontre le potentiel stratégique du secteur halieutique dans la quête d’autosuffisance alimentaire. Si cette tendance se maintient, elle pourrait redonner confiance à la fois aux pêcheurs, aux consommateurs et aux décideurs économiques.
Un trésor nutritionnel remis à l’honneur
Au-delà de son accessibilité, la sardine reste une mine de bienfaits pour la santé. Le Dr Djamel Abassa, nutritionniste, rappelle qu’il s’agit d’un poisson gras riche en oméga‑3, calcium et phosphore. « Deux portions par semaine suffisent à couvrir une bonne partie des besoins en acides gras essentiels, tout en jouant un rôle préventif contre certaines maladies chroniques comme le diabète de type 2 », souligne-t-il.
La sardine, bien plus qu’un poisson
Redonner à la sardine sa place sur la table algérienne, c’est aussi renouer avec une part d’identité culinaire, mais surtout favoriser une alimentation plus équilibrée et accessible. Si les conditions marines restent favorables et que la filière parvient à stabiliser la production, ce petit poisson bleu pourrait bien redevenir un pilier de l’alimentation nationale… et un allié inattendu contre l’inflation.