Par Chiraz Kherri
Des chercheurs ont acquis de nouvelles connaissances sur le génome de la syphilis afin de contribuer à la conception d’un vaccin.
Parmi les plus anciennes infections sexuellement transmissibles (IST) connues, la syphilis qui autrefois été considérée en déclin, réapparaît aujourd’hui à un rythme alarmant.
Une maladie moyenâgeuse
La syphilis est une infection sexuellement transmissible causée par la bactérie Treponema pallidum sous-espèce pallidum (TPA). Apparus en Europe il y a environ 500 ans, les cas de syphilis ont diminué lorsque des traitements efficaces à base de pénicilline injectable sont devenus disponibles dans les années 1950. Néanmoins, la syphilis a récemment fait un retour inquiétant.
En janvier 2024 les US Centers for Disease Control (GA, États-Unis), ont indiqué que les cas de syphilis avaient atteint leur niveau le plus élevé depuis plus d’une décennie, avec plus de 207 255 cas signalés aux États-Unis en 2022, un chiffre presque deux fois plus élevé qu’en 2018, atteignant le nombre le plus élevé depuis les années 1950.
Une pathologie « fantôme »
Ainsi, les cas de cette IST n’ont jamais été aussi nombreux depuis plus de 70 ans, ce qui a conduit les responsables de la santé publique à chercher de nouveaux moyens d’enrayer la propagation.
Aujourd’hui, une collaboration internationale a utilisé le séquençage du génome entier pour étudier la diversité génomique de la bactérie de la syphilis et trouver des protéines universelles qui pourraient être utilisées comme cibles vaccinales.
Les symptômes passant souvent inaperçus, la maladie peut évoluer sans traitement pendant des années, ce qui facilite sa propagation. La mise au point d’un vaccin contre la syphilis serait un moyen efficace d’enrayer la propagation ; en revanche, peu d’études ont été menées pour évaluer l’APT dans le cadre de la mise au point d’un vaccin contre la syphilis.
Un séquençage et des espoirs
Pour ce faire, des chercheurs de l’université de Caroline du Nord à Chapel Hill (NC, États-Unis) ont procédé au séquençage du génome entier par TPA sur des échantillons de personnes atteintes de syphilis provenant de quatre pays : Colombie, Chine, Malawi et États-Unis.
Les chercheurs ont analysé les données obtenues, les ont comparées aux données publiquement disponibles et ont cartographié les mutations sur des modèles 3D des protéines de la bactérie. Ils ont constaté que, bien que les bactéries de la syphilis diffèrent d’un continent à l’autre, il existe suffisamment de similitudes pour trouver les cibles d’un vaccin mondial efficace.
L’équipe poursuit à présent ses efforts pour mettre au point un vaccin contre la syphilis. « Cette étude met en évidence le pouvoir de la collaboration », a déclaré Juan Salazar (University of Connecticut School of Medicine, CT, USA), co-auteur principal de l’étude. « Notre travail ici ne consiste pas seulement à répondre à un problème de santé local ; il s’agit de contribuer à une solution globale pour une maladie qui continue d’affecter des millions de personnes dans le monde entier ».
C.K