Par Amar Ouramdane
À Tizi- Ouzou, les festivals et les fêtes se poursuivent à travers les villes et villages de la wilaya. Cette fois- ci, c’est l’association Tadukli et le comité du village Ath Hou El Hadj, dans la commune d’Ait Yahia Moussa, daira de Draâ El-Mizan, qui organise la deuxième édition du festival de la canne qu’on appelle en Tamazight » Taâkazth ».
Cet événement est organisé par l’association et le comité du village en collaboration avec la Direction de la culture de la wilaya, le festival des arts et culture de Tizi- Ouzou, de la l’APW de Tizi-Ouzou, la Direction de la jeunesse et des sports, la daira de Draâ El-Mizan, l’APC d’Ait Yahia Moussa et la maison de jeunes du chef-lieu communal.
En effet, le chef de daira en présence des autorités locales, des représentants des partenaires de cette manifestation et un membre de l’APW , de la famille révolutionnaire et des services de sécurité a donné, ce jeudi 12 septembre le coup d’envoi de cette édition devant une assistance nombreuse.
Les villageois mobilisés
De ce fait, les petites ruelles sinueuses d’Ath Hou El Hadj qui se prépare à participer au concours du village le plus propre de la wilaya initié par le regretté Rabah Aissat, ex P/APW de Tizi- Ouzou assassiné le 12 octobre 2006 par un groupe armé alors qu’il était attablé sur la terrasse d’un café maure à Ain Zaouia se sont transformées en un Souk .
Le programme s’étale sur trois jours du 12 au 14 septembre, expositions permanentes, ventes, conférences, etc. «Nous voilà à la deuxième édition du festival de la canne après la première qui fut une réussite. Nous tenons à remercier tous nos partenaires et nous invitons le P/APC à prendre la parole « , a déclaré dans son intervention le président de l’association Tadukli , M.Ali Seddiki dit Akli.
Le maire d’Ait Yahia Moussa a , à son tour, remercié tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la concrétisation de cette idée et à rassuré les organisateurs du soutien permanent de l’assemblée populaire communale. Il y a lieu de noter que la plupart des habitants de ce village tentent de sauver cet objet traditionnel car il leur permet de vivre.
Taâkazth, un patrimoine à sauvegarder
La canne est un accessoire indispensable pour les habitants des zones montagneuses. Elle est utilisée aussi bien par les jeunes que par les vieilles personnes. Elle sert d’appui à monter ou à descendre des chemins escarpés et des pentes raides. Elle est utilisée aussi comme moyen de défense . » La canne est mon compagnon de toujours. Elle est à multi-usages. Je suis venu de très loin pour en acheter une. Beaucoup de personnes m’ont conseillé la canne d’Ath Hou El Hadj. En 2005 déjà, j’ai lu un reportage intéressant à ce sujet. J’ai appris que cet objet a traversé la Méditerranée et même l’Atlantique. Je vous dis sincèrement que toutes les types de cannes présentés se valent », répond un visiteur accosté devant un stand spécialement dédié à la canne.
Une quarantaine d’exposants au rendez-vous
Ainsi, Taâkazth sera à l’honneur. Les rues sinueuses d’Ath Hou El Hadj sont si animées qu’on ce croirait dans un marché à Beni Izguen dans le M’Zab. En plus de la canne, plusieurs artisans sont invités à exposer et à vendre leurs produits. Il y a eu de la figue, de l’huile, la robe kabyle, le miel, la poterie, les produits cosmétiques traditionnels et des bijoux. C’est un véritable marché à ciel ouvert. Même les écrivains étaient de la partie . Ils sont venus dédicasser leurs ouvrages. On citera entre autres Hadj Mustapha, Idir Bellali et Ahcene Mariche. » Comme vous voyez, il y a environ une quarantaine de participants à cette deuxième édition. C’est un peu plus que l’année dernière. Ils sont venus de Tizi- Ouzou, de Bejaia, de Boumerdès. Nous attendons nos amis de Touggourt et bien d’autres. Ils sont en route pour Ath Hou El Hadj. Les expositions sont diversifiées mais nous accordons une place de choix à la canne. On veut sauvegarder cet objet de disparition. Pour cette année, cette édition se déroule dans un décor formidable d’autant plus que notre village se prépare pour le concours du village le plus propre de la wilaya « , a confié, M.Mohamed Mahour, membre du comité et organisateur.
Taâkazth, un business juteux!
Lors notre virée dans ces petites ruelles, nous nous sommes rapproché de M. Mohamed Seddiki, un fabricant de cannes connu dans ce village. «C’est en 1978 que j’ai réussi ma première canne. Cela fait maintenant 46 ans que je fabrique des cannes. C’est grâce à ce métier que j’ai élevé mes enfants et que j’ai pu leur construire leur maison. La plupart des habitations de notre village que vous voyez ont été construites grâce à l’argent de la canne. Notre canne a traversé les mers. La mienne est arrivée jusqu’au USA. La canne d’Ath Hou El Hadj est trop demandée. La plupart des émigrés la réclament. Pour eux, c’est une fierté d’exhiber la canne dans leurs pays d’accueil. En plus de la décoration, elle est solide. En plus de la canne, je trouve le plaisir de faire des cuillères et des louches en bois. Nous aimerions par ailleurs développer la vannerie dans notre village. Nous demandons toujours à ce que la canne soit introduite dans la nomenclature des arts et des métiers », a-t-il souhaité La canne se vend entre 500 dinars et 1500 dinars.
Un artisanat à moderniser…
Au fur et à mesure que nous avançons parmi les stands de belles cannes s’offrent à nos yeux. Cela étant, les professionnels de la canne espèrent que les pouvoirs publics leur accordent des aides financières pour pouvoir moderniser sa fabrication car ils utilisent toujours les moyens et les matériels rudimentaires et traditionnels.
À peine clôturée, les membres de Tadukli pensent non seulement à la troisième édition mais à l’organisation en mars prochain d’une exposition de la canne à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi- Ouzou.
A.O