Le marché des véhicules en Algérie vient d’être secoué par une décision gouvernementale aussi brutale qu’inattendue.
Dans un revirement spectaculaire, les autorités algériennes ont annoncé la suspension des importations de véhicules de moins de trois ans, et ce, quelques mois seulement après avoir donné leur feu vert à cette pratique. Ce brusque changement de cap a eu l’effet d’un séisme sur le secteur, semant le trouble parmi les acteurs du marché.
Acquéreurs en quête de véhicules récents et revendeurs ayant misé sur cette nouvelle opportunité se retrouvent subitement plongés dans un abîme d’incertitude et d’incompréhension.
La douche froide !
En effet, le ministère de l’Intérieur des collectivités locales et de l’aménagement du territoire a émis dernièrement une instruction adréssé aux walis de la République, ordonnant le gel des opérations d’immatriculation des véhicules de moins de trois ans. Cette mesure est entrée en vigueur le mercredi 2 octobre 2024. Ce gel intervient donc après le décret exécutif n° 23-74, signé le 20 février 2023 par l’ancien Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, permettait pourtant aux résidents algériens d’importer un véhicule d’occasion une fois tous les trois ans pour sa mise en circulation dans le pays.
Cependant, l’instruction du ministère ne suspend pas l’importation de ces véhicules, mais impose un « gel temporaire » des immatriculations, applicable « jusqu’à nouvel ordre ».
Le ministère a également demandé aux walis de remplir un tableau Excel contenant des informations sur les véhicules immatriculés avant le 2 octobre 2024. Ce tableau doit inclure des détails sur la marque, le type du véhicule, l’immatriculation actuelle et celle du pays d’origine, ainsi que le nom du propriétaire et de l’importateur. Ce recensement pourrait permettre une meilleure régulation du processus à l’avenir.
Les raisons du gel
L’une des raisons principales de cette suspension est l’explosion des importations de véhicules de moins de trois ans depuis la réouverture de ce marché, qui a conduit à l’apparition de réseaux spécialisés profitant de cette activité juteuse. Cette situation a provoqué une hausse marquée des devises étrangères, notamment de l’euro, qui dépasse actuellement les 250 dinars sur le marché parallèle.
En outre, l’objectif initial de renouveler le parc automobile national n’a pas été atteint, car les réseaux d’importateurs ont profité de la situation pour augmenter leurs marges, imposant des prix exorbitants aux acheteurs. En conséquence, la mesure a échoué à produire des résultats tangibles sur le terrain.
D’autre part, tout laisse croire que ce gel est motivé par des motifs sécuritaires. Cette thèse est confortée par le fait que le Ministère a demandé aux walis d’établir un tableau comportant plusieurs renseignements sur les véhicules. Cela pourrait donc être une mesure pour faire face aux réseaux de crimes organisé qui opèrent dans le domaine du vol de véhicules à l’étranger. Ainsi, les autorités pourront facilement identifiés les voitures volées et rapatrier en Algérie ainsi que les personnes derrière cela.
Par ailleurs, certains observateurs estiment que cette décision pourrait être une étape de transition vers un recensement complet des véhicules importés avant la reprise éventuelle des immatriculations.
Les usagers dans l’expectative…
Le gel des immatriculations risque d’avoir des répercussions notables sur le marché automobile algérien. De nombreux consommateurs, qui avaient déjà importé des véhicules de moins de trois ans ou prévoyaient de le faire, se retrouvent dans une situation d’incertitude. Les transactions en cours pourraient être retardées, et les perspectives pour les importateurs et concessionnaires deviennent plus floues.
De plus, ce gel intervient à un moment où le marché automobile algérien est déjà sous pression, notamment en raison de la rareté des véhicules neufs et de la hausse des prix des voitures d’occasion. Les restrictions actuelles pourraient accentuer ces tensions, à moins que des mesures alternatives ne soient mises en place rapidement.
Dans tous les cas, cette décision constitue un coup dur pour les citoyens souhaitant acquérir un véhicule récent, ainsi que pour les réseaux d’importateurs. Il faudra désormais attendre de nouvelles informations pour mieux comprendre l’évolution de cette situation.