Yazid Arab, réalisateur: «Le cinéma algérien a besoin de nouveaux paradigmes»

Par Kocila Tighilt

Rencontré en marge des activités du festival national du film amazigh (FCNFA), où il anime un atelier d’écriture de scénario et réalisation, le réalisateur Arab Yazid est revenu sur l’état de « santé » du cinéma en Algérie.

Ainsi, ce réalisateur, a une vision «lucide» du 7e art en Algérie, loin de tout «assistanat» des pouvoirs publics, estimant que « l’Etat ne peut pas subventionner l’industrie cinématographique » expliquant que « lorsqu’on commence, il y a de petites aides de l’Etat, mais après, c’est à l’industrie cinématographique de donner de l’argent à l’Etat ».  

«Le cinéma doit se prendre en charge»

En effet et dans cette optique, Yazid Arab affirme qu’il faut « créer un marché du cinéma à commencer  par avoir des cinéphiles, puis, avec les  entrées  dans les salles, vendre des productions aux télévisions, puis avoir des plateformes comme netflix …. » .« Pourquoi ne pas avoir par exemple une plateforme de cinéma amazigh. Nous avons une large audience en Kabylie,  qui aura accès à cette plateforme et si, chacun paie 50 DA, à vous de faire le calcul !», a expliqué Yazid Arab pour qui  le cinéma doit, désormais, se prendre en charge.  

Halte au carcan administratif!

Notre interlocuteur, tient irrémédiablement un discours aux antipodes de celui des partisans des «l’interventionisme» systématique de l’Etat, quitte à y être «otage». « Le cinéma a plus besoin d’une  liberté d’entreprendre.  Le risque administratif dépasse le risque financier !», a noté notre interlocuteur évoquant notamment les problèmes bureaucratiques. Toutefois, il a estimé que la situation commence à s’améliorer, citant pour exemple, a-t-il souligné, « la ministre de la culture a déclaré que les autorisations de tournage seront désormais délivrées par les communes. C’est une avancée importante ». Yazid Arab a, également, appelé à élargir le champ des projections de films pour aller dans les villages, les universités…, afin de former un public via aussi des ciné-clubs mais aussi former, des programmateurs, des animateurs, des critiques avant d’arriver à la production et à la réalisation. 

Cap sur les plateformes numériques

Ce réalisateur, propose des «solutions» pour faire sortir le cinéma algérien en général et le cinéma amazigh en particulier de sa longue léthargie. « Les solutions existent. Il faut  une nouvelle vision surtout avec l’avènement des réseaux sociaux.
Le cinéma algérien a besoin de nouveaux paradigmes. Actuellement, plus de 70 % du marché mondial du cinéma est sur  les plateformes. Et pourquoi pas, une plateforme du cinéma amazigh et du cinéma Algérien ! A ce stade, les films vont s’autofinancer(…) C’est comme ça  qu’on peut développer le cinéma amazigh et le cinéma Algérien, en général ».« Les festivals sont aussi importants car ils vont développer l’industrie cinématographique », a-t-il conclu.

Au rythme des projections!

Par ailleurs, la salle de Cinéma Djurdjura, du chef-lieu de wilaya de Tizi-Ouzou a abrité, ce lundi 28 octobre 2024, la deuxième journée de projections, du festival national culturel du film amazigh.

Pour cette nouvelle journée, dédiée au cinéma, six productions cinématographiques étaient en compétition à savoir « Atmaten », les frères, de Thiziri Sahraoui. Un film d’animation de 31 min, qui évoque Hmitouche et Didouche, deux frères orphelins de mère. Un autre film d’animation, Mazigh, de Anis Chelal et Samir Chelal, 19 min, a été également projeté.  « Mazigh », est un jeune algérien orphelin, très jeune. Diplômé, il est à la recherche d’un emploi. Il voit toutes les portes se fermer. Ainsi, il a décidé de changer d’horizon et de quitter l’Algérie ». « Le Chemin vert », d’Oussama Rai, un documentaire de 35 minutes, présenté en fin de matinée, raconte, quant à lui,  la mission d’une association, qui vient porter aide à des habitants du Sud Algérien.

Dans l’après-midi, les cinéphiles étaient conviés pour deux films. Il s’agit de « Souvenirs Sanglants » de Mourad Bouamrane. Un court métrage de 37 min qui retrace  les événements tragiques de la révolution algérienne dans un village, et qui revient sur l’engagement d’hommes et de femmes dans la guerre de libération nationale. « Lexda3 Ger Watlaten », un long métrage de 120 min a été projeté en dernier. Le film raconte l’histoire d’un homme, Dda Ramdhan, qui a travaillé comme maçon, durant toute sa  ville.   Avant de mourir, il a confié toutes ses économies à son fils aîné.   

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Follow by Email
WhatsApp
FbMessenger