L’agression sioniste du 13 juin 2025, sur les installations nucléaires iraniennes, laquelle s’est muée en guerre manifeste entre l’Iran et Israël, provoque des turbulences sur les marchés pétroliers mondiaux.
D’ailleurs et selon certains analystes, notamment ceux des banques JP Morgan et Morgan Stanley, cités respectivement par l’AFP et Reuters, on évoque déja les prémices d’un quatrième « choc pétrolier », après ceux de 1973, 1979 et 2008.
Ainsi, en Allemagne comme au Royaume-Uni, en passant par la France et l’Espagne, les prix des carburants flambent, attisés par les craintes de pénuries et la dépendance accrue aux importations. Ces craintes, sont d’autant plus accentuées par les menaces de l’Iran de fermer l’accès au détroit d’Ormuz, l’un des plus importants corridors énergétiques de la planète.
Une demande allemande en forte hausse
En effet, dès le déclenchement du conflit, la demande de diesel rouge — un carburant utilisé notamment pour le chauffage et certains usages agricoles — a bondi en Allemagne. Les consommateurs redoutent une envolée des prix mondiaux du pétrole et de ses dérivés.
À ce propos, les données du marché montrent que les contrats à terme sur le diesel rouge ont atteint 60 dollars la tonne, tandis que ceux sur le pétrole brut ont progressé de plus de 10 % par rapport à la veille du conflit.
En parallèle, les importations en provenance des États-Unis et des Pays-Bas ont atteint 67 000 barils par jour entre le 1er et le 13 juin, bien que ce volume reste inférieur de 44 % aux niveaux d’avril.
Une offre perturbée malgré des importations accrues
En outre, la forte demande contraste avec une offre fragilisée. L’Allemagne avait déjà vu ses capacités d’importation affectées depuis la fermeture temporaire de la raffinerie de Wesseling, exploitée par Shell, en avril 2025, mois où les importations de diesel rouge avaient atteint leur plus haut niveau en 16 mois.
En complément, les flux en provenance des pays situés à l’est du canal de Suez se sont raréfiés en mai, notamment en raison de la fermeture de la fenêtre d’arbitrage, limitant davantage l’approvisionnement. Conséquence directe, les prix à la consommation ont fortement augmenté : 3,30 € pour 100 litres de fioul domestique, 3,20 € pour 100 litres de diesel et 2,49 € pour 100 litres d’essence.
Impact mondial : des marchés sous tension
De façon plus large, le conflit a bouleversé les équilibres mondiaux. Le 13 juin, les prix des contrats à terme sur le diesel à très faible teneur en soufre aux États-Unis ont enregistré leur plus forte hausse depuis février, avec une envolée de près de 8 %, du jamais vu depuis avril 2022.
Selon les analystes, les carburants raffinés, comme le diesel et le kérosène, sont particulièrement exposés aux perturbations d’approvisionnement. Les bruts moyens-lourds et acides du Moyen-Orient, prisés pour leur rendement dans les raffineries, sont directement concernés. Rappelons que la région représente une part essentielle des flux mondiaux : en mai 2025, les exportations de diesel, diesel rouge et kérosène y ont atteint 1,76 million de barils par jour.
L’effet domino sur la production énergétique
Par conséquent, cette guerre pourrait intensifier la demande en diesel pour la production d’électricité, notamment dans des pays comme l’Égypte, confrontés à une baisse de production de gaz naturel et à l’arrêt des importations israéliennes de GNL. Cela entraînerait une pression supplémentaire sur les stocks de carburants.
Le Royaume-Uni fortement impacté
Enfin, la Grande-Bretagne n’échappe pas aux répercussions. Les prix des carburants devraient augmenter dans les deux mois à venir, en lien direct avec la hausse des prix du brut et la volatilité du trafic pétrolier. Actuellement, les prix de l’essence restent stables à 1.32 livres sterling le litre, et ceux du diesel à 1.38 livres. Toutefois, les prix de gros ont déjà dépassé ceux d’avril et mai, et pourraient continuer leur ascension si la situation au Moyen-Orient venait à se détériorer davantage.
En conclusion, la guerre entre l’Iran et Israël, est une sorte de catalyseur sur des marchés déjà tendus. Si la situation géopolitique ne se stabilise pas rapidement, les conséquences sur l’approvisionnement énergétique européen pourraient être durables, voire structurelles.
