Avec une population dépassant les 2,5 millions d’habitants et une vaste étendue territoriale, la wilaya d’Oran nécessite divers moyens de transports avancés pour répondre aux besoins de ses citoyens et de ses visiteurs. Parmi ces moyens de transport, le métro programmé dans une étude datant de 2012, reste un projet en suspens qui fait toujours jaser.
Oran, en particulier sa vieille ville, avec son infrastructure fragile, et le réseau de tunnels souterrains soulèvent des inquiétudes quant à la pertinence et à la faisabilité d’un tel projet. Cependant, compte tenu de la croissance démographique et de l’augmentation du trafic routier, l’implémentation d’un système de métro devient de plus en plus cruciale pour soulager la pression sur les routes et réduire la congestion urbaine.
Les défenseurs du patrimoine quant à eux, expriment leur préoccupation quant à l’impact que pourrait avoir le projet sur les bâtiments anciens et les monuments souterrains, qui sont des témoins précieux de l’histoire de la ville. De ce fait, Ils appellent à une approche « soutenue » et « réfléchie » dans la planification et la mise en œuvre de ces projets en prenant en compte le volet géologique de la ville d’Oran et les différents réseaux souterrains, afin de préserver l’authenticité et le caractère unique de la vieille ville d’Oran.
La déviation du tracé proposée
En effet, M. Ourabah Massinissa, chercheur et spécialiste dans le patrimoine à Oran, tout en saluant l’initiative de ce projet, n’hésite pas à exprimer ses « craintes », quant aux possibles répercussions négatives sur la vieille ville d’Oran. Il a souligné l’importance de préserver le riche patrimoine historique de cette région, qui regorge de monuments souvent méconnus à ce jour.
« La wilaya d’Oran, marquée par l’influence de différentes civilisations à travers les temps, abrite un système défensif souterrain et de nombreux tunnels et monuments historiques qui témoignent de son riche passé, notamment sous les Ottomans, les Français, les Espagnols entre autres. La préservation de ces vestiges archéologiques est donc essentielle pour comprendre l’histoire et la culture de la région », dira d’emblée M. Ourabah.
Ce dernier, insiste également « sur la nécessité de mener des fouilles archéologiques approfondies pour localiser et protéger ces monuments méconnus avant d’envisager les travaux du métro ». Il propose que « le tracé du métro contourne la vieille ville, afin de préserver son intégrité historique et architecturale ». Cette réflexion montre l’importance accordée à la préservation du patrimoine historique tout en répondant aux besoins de mobilité de la population.
Profondes divergences
Dans le même cadre et lors d’une conférence sur « la préservation des tunnels historiques d’Oran », organisée il y a quelques jours au Musée National Ahmed Zabana à l’occasion du mois du patrimoine, les participants, en particulier des chercheurs, passionnés du patrimoine et membres de la société civile, ont abordé le projet du métro. Les avis étaient diamétralement opposés et ce n’est qu’un doux euphémisme.
En effet, certains expriment leurs inquiétudes quant aux répercussions potentielles du projet de métro sur le réseau de tunnels souterrains situés le long du trajet, comportant des risques pour les sites historiques, en particulier dans la vieille ville, qui sont liés au système défensif et aux tours de guet depuis l’époque espagnole. Il a été demandé de revoir le tracé du métro et d’éviter les zones sensibles du patrimoine.
D’autres, en revanche, estiment que le projet peut servir à créer des musées souterrains, à l’instar de ce qui a été réalisé sur la Place des Martyrs à Alger après la fin des fouilles. Cependant, le tracé du métro à Oran ne traverse pas la vieille ville de Sidi El Houari, qui abrite le plus grand nombre de tunnels. Cette discussion, a mis en lumière les défis complexes auxquels sont confrontées les autorités locales lors de la mise en œuvre de projets d’infrastructures majeures dans des zones historiques sensibles.
Sur le papier pourtant…
Notons que l’étude prévoit un tracé de près de 19 kilomètres, comprenant une vingtaine de stations, reliant le stade Habib Bouakeul, en passant par le siège de la wilaya, boulevard Millénium jusqu’à la cité universitaire de Belgaïd. Une fois livré, le métro d’Oran, lequel représente un investissement de 138 milliards de dinars (selon les estimations de l’étude réalisée en 2012), pourrait accueillir pas moins de 32 000 voyageurs par jour.
Quatre tracés ont été proposés. Tous, avaient les mêmes points d’arrivée et de départ, partant du stade Habib Bouakeul à l’ouest de la ville jusqu’au nouveau pôle universitaire de Belgaid à l’est de la ville d’Oran. Tous ces tracés comportent un nombre de points et de sites très fréquentés à l’instar de la place du 1er Novembre.
Selon l’étude élaborée par une société espagnole spécialisée, le projet prévoit des dessertes pour d’importantes agglomérations urbaines et une synchronisation avec plusieurs modes de transports urbains et tramway selon un modèle harmonieux et complémentaire. Entre pour et contre le métro d’Oran, ce projet reste au centre des débats alors que sa réalisation est actuellement en suspens.
Le juste équilibre
Dans l’absolu, il est crucial de trouver un équilibre entre le développement urbain moderne et la préservation du patrimoine culturel pour assurer un avenir durable pour la ville. Un métro moderne offrirait une solution efficace aux problèmes de circulation tout en réduisant la pollution atmosphérique et en améliorant la qualité de vie des habitants.
De plus, il encouragerait l’utilisation des transports en commun, contribuant ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à promouvoir un mode de vie plus durable. Il est donc essentiel que les autorités locales étudient sérieusement la viabilité du projet de métro à Oran et prennent des mesures concrètes pour sa mise en œuvre. Une planification minutieuse, une consultation publique et une gestion efficace des ressources seront nécessaires pour surmonter les défis.
Extension du réseau de tramway : On évoque 2025…
Selon des sources de la wilaya, pour le moment ce projet est gelé, alors que l’attention se porte actuellement sur l’extension du réseau du tramway.
La wilaya d’Oran a demandé l’extension du réseau de tramway vers le pôle urbain de Belgaïd, qui abrite un pôle universitaire et a connu une augmentation significative de la densité de population ces dernières années, en plus d’abriter un complexe sportif important, le stade olympique Hadefi Miloud.
Malgré son importance et les manifestations de soutien, ce projet d’infrastructure nécessite un financement important et n’a pas encore reçu l’approbation nécessaire de la part des autorités. Il devrait être soumis à nouveau l’année prochaine pour être inclus dans le budget de l’année 2025, selon nos sources.
M.H

