Après le Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) où elle a donné son premier spectacle en Algérie, jeudi 31 octobre, « Le Fil rouge », de la comédienne italo-algérienne, d’Elisa Biagi, a été présenté cet après midi, à 15h30, au public du théâtre régional Kateb Yacine de Tizi-Ouzou.
Petite-fille de Nna Nouara et de l’officier de l’ALN, Abdelhafidh Yaha, alias « Si Lhafid », la comédienne revient sur la guerre de Libération nationale, en hommage notamment aux femmes qui ont fait face à l’oppression coloniale. Mis en scène par Anaïs Caroff, et sur un fond musical de Laurie Anne Polo, Elisa nous invite à revisiter l’histoire de sa famille durant la guerre de Libération nationale, au village Takhlidjth At Atsou, à Iferhounène.
Un récit sans « filtre »
En effet, le personnage principal, nous amène dans un voyage dans le passé entre « Amour, rage et courage ». Dans ce monologue, Elisa, jeune fille de 22 ans, Algéro-itélienne, vivant depuis peu dans la « confusion parisienne », et Nouara, une jeune femme de 24 ans, algérienne, livre l’histoire de la famille Yeha, durant la révolution.
« Chez les Yeha, on a épousé la lutte comme on épouse une religion », a-t-elle déclaré sur scène. « Ce récit est le fil rouge qui lie deux femmes, deux générations qui semblent si loin et pourtant qui ont encore infiniment à apprendre l’une de l’autre», explique Elisa Biagi qui raconte aussi le parcours de son grand père, officié de l’armée de libération nationale. Elle remet en lumière, le parcours d’un homme de « terrain » et un héritage « personnel », une mémoire commune qu’elle étale sur scène.
Ôde à la femme algérienne
C’est aussi le combat de cette jeune fille de 24 ans, porteuse d’une mémoire pour la jeune génération, le combat des algériens durant la guerre de libération, et plus particulièrement celle de son grand père, Si Lhafidh. « Je voulais rendre hommage à cet homme qui avait toujours lutté pour son pays et qui portait un amour immense à sa famille», dit-elle.
Monologue de la la comédienne italo-algérienne, d’Elisa Biagi. Source la page Facebook de Rosa Drik
Pour cette jeune comédienne, en relisant les mémoires de Si Lhafidh « je me suis rendue compte de l’hommage qu’il rendait constamment aux femmes actrices de la révolution. Cette femme qui a été comme beaucoup d’autres une protagoniste incontournable ».Originaire de Rome Elise Biagi a commencé le théâtre à 11 ans. Elle a fait successivement partie de la compagne théâtrale Kairos et la compagnie Stabile Tasso.
Si Lhafid: La Révolution dans le sang!
Né le 26 janvier 1933 dans le village Ait-Assou, Commune d’Iferhounene dans la daïra de Ain El Hammam (Tizi-Ouzou), « Si L’hafid », est issu d’une famille de révolutionnaires. Il s’est éteint le 25 janvier 2016 à l’âge de 83 ans.
Son père était un novembriste dans la wilaya III historique est décédé en chahid alors que sa mère, Ouadda Djedjiga, était considérée comme l’une des figures féminines du militantisme anticolonial dans la région. Ses deux frères, Amrane et Larbi, sont également tombés en chahids. Après son engagement au sein du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), il rejoint les rangs de l’ALN dés l’âge de 21 ans.Il s’est distingué ensuite par la direction de la mythique « Compagnie du Djurdjura » et a également assumé les responsabilités de chef de zone à la wilaya III.
Abdelhafidh Yaha, alias « Si Lhafid »
Il fût l’un des membres fondateurs du FFS. En septembre 1963, le défunt a été l’un des négociateurs de l’arrêt des combats en Kabylie en œuvrant au dénouement de la crise en 1965. « Si El-hafidh », qui était connu pour avoir été l’un des plus fidèles lieutenants de feu Hocine Ait-Ahmed, a exprimé, des « divergences » de visions sur la rencontre ayant réuni ce dernier au premier Président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella à Londres en 1985. Il a fini par devenir le chef de file d’une dissidence l’ayant conduit à quitter le parti pour créer le Front des forces démocratiques (FFD), au début de la décennie 1990.