Tebboune Macron

Crise entre l’Algérie et la France, le Président Tebboune tranche : «La balle est dans le camp de l’Élysée» 

Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a accordé un entretien « fleuve » au journal français l’Opinion. Dans cette interview, le chef de l’État, a abordé une multitude de sujets liés à l’actualité internationale, notamment la « crise » diplomatique avec la France, le Sahara occidental, le cas Sensal et le discours haineux contre l’Algérie véhiculé par l’extrême droite française

Ainsi, dans cette entrevue, le Président de la République, a fait des révélations sur la dégradation des relations diplomatiques entre Algérie et la France, les « dérives » et « attaques » de l’extrême droite française, tout en soulignant le fait que l’Algérie ne fait pas d’amalgame entre la « minorité » raciste et la « majorité du peuple Français ». « Je distingue la majorité des Français de la minorité de ses forces rétrogrades et je n’insulterai jamais votre pays », dira habilement le Président Tebboune.

 

Tebboune à Macron : : « Vous faites une grave erreur ! » 

En effet et concernant la crise politique aiguë entre les deux nations, le président de la République, révélera que son homologue français a été « prévenu » des conséquences d’un tel acte. « Nous avons parlé avec le Président Macron plus de 2 heures 30 en marge du sommet du G7 à Bari, le 13 juin dernier. Il venait de perdre les élections européennes et avait annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. Il pensait — de bonne foi — qu’il pouvait compter sur les voix des Français originaires du Maroc et de l’Algérie pour, à l’issue du scrutin législatif, former une alliance centriste lui permettant de poursuivre sa politique. Il m’a alors annoncé qu’il allait faire un geste pour reconnaître la « marocanité » du Sahara occidental, ce que nous savions déjà. Je l’ai alors prévenu : « Vous faites une grave erreur » ! Vous n’allez rien gagner et vous allez nous perdre. Et vous oubliez que vous êtes un membre permanent du Conseil de sécurité, donc protecteur de la légalité internationale, alors que le Sahara occidental est un dossier de décolonisation pour l’ONU qui n’a toujours pas été réglé », révélera le président Tebboune.  

Quand Sensal dinait avec… Retailleau et Driencourt

Autre point de tension entre l’Algérie et la France, l’« affaire Boualem Sensal», un écrivain Algérien, ayant proféré des propos qui portent atteinte à l’intégrité territoriale du pays et qui actuellement en détention provisoire en attente de son jugement. Ainsi et interrogé par le journal de l’Opinion, le président de la République, affirmera que le « cas Sensal », n’a pas « encore livré tous ses secrets ». « Boualem Sansal n’est pas un problème algérien. C’est un problème pour ceux qui l’ont créé. Jusqu’à présent, il n’a pas livré tous ses secrets« , a t-il déclaré, tout en soutenant qu’il s’agit d’« une affaire scabreuse visant à mobiliser contre l’Algérie ». 

Dans la foulée, le président Tebboune, révélera également que Boualem Sensal avait tenu des rencontres avec le sulfureux ministre de l’intérieur français, Bruno Retailleau et l’ex-ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt.« Boualem Sansal est allé dîner chez Xavier Driencourt, l’ancien ambassadeur de France à Alger, juste avant son départ à Alger. Ce dernier est lui-même proche de Bruno Retailleau qu’il devait revoir à son retour », a révélé le Président Tebboune.

Toujours au sujet du « cas » Sensal, le président de la République, rappellera une évidence, à savoir qu’il est avant-tout un « citoyen Algérien » et par ricochet, soumis à la justice de son pays. « Boualem Sansal est d’abord algérien depuis soixante-quatorze ans. Il a eu un poste de direction au ministère de l’Industrie. C’est un retraité algérien. Le Parlement européen a adopté une résolution pour sa libération. Mais les parlements panafricain, arabe et islamique se sont montrés solidaires avec l’Algérie », a-t-il déclaré. Et d’ajouter une précision de taille « Et enfin, Sansal n’est français que depuis cinq mois… ». 

Reprise du dialogue…  « Ce n’est pas à moi de les faire »

À la question du journaliste de l’Opinion, relative à un retour « à la normale » entre les deux pays, notamment avec la proposition du ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot de faire le voyage à Alger, pour « aplanir » la situation, le Président Tebboune ne s’y est pas opposé, mais en y apposant des « conditions ».

Ainsi, il dira en préambule de sa réponse « Encore faut-il que le président français, les intellectuels, les partisans de la relation puissent faire entendre leurs voix », a-t-il signifié. Relancé par le journaliste au sujet de cette éventuelle « reprise du dialogue », Abdelmadjid Tebboune précisera mieux sa pensée en affirmant « Ce n’est pas à moi de les faire. Pour moi, la République française, c’est d’abord son président. Il y a des intellectuels et des hommes politiques que nous respectons en France comme Jean-Pierre Chevènement, Jean-Pierre Raffarin, Ségolène Royal et Dominique de Villepin, qui a bonne presse dans tout le monde arabe, parce qu’il représente une certaine France qui avait son poids. Il faut aussi qu’ils puissent s’exprimer », a-t-il soutenu. 

Dans la même veine, le président de la République, enchaînera en signalant les attaques insidieuses des médias appartenant au milliardaire Vincent Bolloré, qui est réputé pour ses positions racistes et xénophobes. « Et ne pas laisser ceux qui se disent journalistes leur couper la parole et les humilier, particulièrement dans les médias de Vincent Bolloré dont la mission quotidienne est de détruire l’image de l’Algérie. Nous n’avons aucun problème avec les autres médias, qu’ils soient du secteur public ou privé ».

Par la suite, le chef de l’État, soulignera qu’actuellement « le dialogue politique est quasiment interrompu », assure-il. Et d’ajouter « Il y a des déclarations hostiles tous les jours de politiques français comme celles du député de Nice, Éric Ciotti, qui qualifie l’Algérie d’« État voyou » ou du petit jeune du Rassemblement national [Jordan Bardella] qui parle de « régime hostile et provocateur« . Et ces personnes aspirent un jour à diriger la France… Personnellement, je distingue la majorité des Français de la minorité de ses forces rétrogrades et je n’insulterai jamais votre pays(La France, NDLR) », précisera le président Tebboune. 

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