Comme le veut la tradition dans la vallée du M’zab, chaque année en cette période de fêtes et de vacances de fin d’année, les mariages collectifs foisonnent dans toutes les villes de la wilaya de Ghardaïa. Et tout naturellement, cette année ne déroge pas aux précédentes puisque lors de quatre mariages collectifs pas moins de 82 couples ont brisé les chaînes du célibat en un week-end.
Ainsi, c’est les quartiers de Châabet Ennichène, d’Aïn Lebeau et de Ben Smara qui ont organisés le 1er mariage collectif de cette année en aidant 8 jeunes de ces quartiers à sauter le pas , suivis le lendemain par 21 autres jeunes à Dhaïa Ben Dahoua, puis le vendredi à Hadj Messaoud , dans la commune de Ghardaïa , de 30 jeunes qui ont eux aussi abandonné le célibat et enfin 22 autres jeunes de la ville de Guerrara , à 130 km au nord-ouest de Ghardaïa, qui ont fait de même.
Entre rite et convivialité
Entièrement financés par des bienfaiteurs et organisés dans un climat festif par les associations caritatives et religieuses locales , c’est partout devant des centaines de convives, constitués de toutes les communautés de la wilaya de Ghardaïa et d’ailleurs, installés sur des centaines tapis et de nattes étalés à même le sol dans ces quartiers populeux et populaires, que ces quatre-vingt-deux jeunes hommes ont définitivement abandonné le célibat, convolant en justes noces en cette fraîche nuit automnale. Certaines cérémonies sont organisés, à la faveur des vacances scolaires d’hiver dans des cours d’écoles à l’image de Dhaïa Ben Dahoua et Châabet Ennichène, d’autres dans les anciens locaux des ex Galeries Algériennes à Hadj Messaoud (Ghardaïa) alors qu’à Guerrara, elle s’est déroulée dans une grande salle d’un institut religieux.
Parmi les convives, des centaines sont venus de lointaines régions dont El Bayadh, Adrar,Laghouat, Djelfa et Tlemcen pour assister à ces cérémonies au cours desquelles plusieurs apprenants du Saint Coran, dont un aveugle à Châabet Ennichène, qui l’a complètement mémorisé à l’ouïe , ont été honorés pour avoir conclu et appris intégralement le Coran.
Une noble initiative
Invariablement, la cérémonie de mariage collectif se déroule dans la pure tradition ancestrale de la région. Après le rituel dîner du mariage ‘‘couscous garni de viande de chamelon’‘, la tradition ancestrale de la région veut que les futurs mariés accompagnés de leurs vizirs (aide camps) et munis d’effets vestimentaires de circonstance, s’installent devant les invités sur une estrade aménagée pour la circonstance pour l’ultime cérémonie d’habillage du nouveau marié.
Sur la portée de ce genre de cérémonie, Aïssa Chitoura, le président de l’association « Zem Zem » organisateur de la cérémonie du quartier de Hadj Messaoud précise, « cet événement constitue une occasion pour promouvoir et enraciner les valeurs de solidarité et de cohésion sociale au sein de notre société ». D’ailleurs, ajoute-t-il « l’objectif escompté à travers ce type d’évènement est d’encourager et d’aider les jeunes en situation précaire à sauter le pas en fondant un foyer. »