Après une journée d’extrême tension entre Vladimir Poutine et le fondateur du groupe de sécurité privé Wagner, Evguéni Prigojine, ce dernier a dû renoncer à ses velléités de rébellion contre Moscou.
En effet, et dans un post Télégram, Prigojine a indiqué « Maintenant, le moment est venu où le sang peut être versé. Par conséquent, comprenant toute la responsabilité du fait que le sang russe sera versé sur l’un des côtés, nous faisons demi-tout et nos colonnes retournent aux camps de terrain comme prévu », a-t-il annoncé. Ainsi, plus tôt dans la journée, le chef du commando Wagner, n’a eu de cesse de proférer des menaces contre la maître du Kremlin, affirmant même que lui et ses troupes allaient « chasser le commandement militaire » du pouvoir. Pourquoi un tel revirement ? Eh bien, Prigojine qui comptait sur un éventuel soutien des occidentaux, s’est très vite heurté à la réalité: Les États-Unis et leurs alliés européens ne peuvent prendre le risque de s’immiscer dans les « affaires internes » russes.
L’avertissement de Lavrov
D’ailleurs, les médias occidentaux, lesquelles faisaient feu de tous bois sur l’avancée des troupes de la milice Wagner, poussant le « scoop » médiatique jusqu’à comptabiliser les mètres parcourus par hommes de Evguéni Prigojine, ont marqué un temps d’arrêt vers les coups de 16h, heure algérienne. La cause : un communiqué sans ambages du ministre des affaires étrangères russe, Sergeï Lavrov, lequel est réputé pour peser chaque mot à la virgule près. « Nous mettons en garde les pays occidentaux contre toute [tentative] de profiter de la situation intérieure en Russie pour atteindre leurs objectifs russophobes. De telles tentatives seraient futiles », a-t-il averti. Et de préciser que « Tous les objectifs de l’opération militaire spéciale [en Ukraine] seront atteints ». Un message ne souffrant d’aucune ambiguïté.
USA et l’UE : leçon de « real politique »
Quelques minutes plus tard, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, avait tweeté que les événements de la journée étaient « un problème interne à la Russie », tout en indiquant suivre la situation « attentivement », en langage moins diplomatique : L’UE ne soutient pas la milice Wagner. Le chancelier autrichien, Karl Nehammer, a réagi à cette crise et le moins que l’on puisse dire, qu’il n’a laissé aucun doute sur la position de son pays « Les opérations de la Fédération de Russie sont toujours de la plus haute importance, car (elle) possède un grand potentiel d’armes biologiques, chimiques et nucléaires. En cela, la cohésion et l’unité de l’UE sont de la plus haute importance ». Qu’est-il de la position de la France et surtout des États-Unis? Eh bien selon un communiqué de la Maison Blanche, publiée ce samedi soir, les deux chefs d’Etats « ont parlé de la situation en Russie. Ils ont affirmé leur soutien inébranlable à l’Ukraine ». Nul mention de la Force Wagner et son chef.
Poutine jure de « neutraliser » les traîtres
Tôt dans la matinée de ce samedi et après l’annonce de la rébellion des hommes de Evguéni Prigojine, Vladimir Poutine s’est adressé à l’antenne de la télévision nationale russe et ne laissait aucun doute sur ses intentions. « Nous nous battons pour la vie et la sécurité de notre peuple», a martelé le président russe dans son allocution télévisée à la nation. «Nous avons besoin que toutes les forces soient unies». Et d’asséner que le coup de force du chef de Wagner est «un coup de poignard dans le dos de nos troupes et de la Russie». «Les forces armées russes ont reçu l’ordre nécessaire de neutraliser ceux qui ont organisé la rébellion armée.» Avant de dénoncer une «trahison» de celui qui a été jusqu’à ce samedi, un de ses fidèles alliés. Il est vrai, que le revirement de ce commando fidèle allié d’hier est des plus étrangers. Aurait il reçu l’assurance d’un soutien moral ou en nature?L’avenir nous le dira.
R.B